mardi 16 avril 2024

WEDDING NIGHTMARE (Matt Betinelli-Olpin & Tyler Gillett, 2019)


Alex Le Domas va épouser Grace dans la luxueuse propriété familiale où il n'a pas mis les pieds depuis un certain temps. Les Le Domas réservent un accueil glacial à la future mariée, issue d'un milieu beaucoup plus modeste. Elle fait ainsi la connaissance de ses futurs beaux parents, Tony et Becky ; de sa belle-soeur et de son époux, Emilie et Fitch ; de son beau-frère et sa femme, Daniel et Charity ; et de la tante Helene.


Après la cérémonie, les jeunes mariés sont appelés dans la grande salle remplie d'armes et de trophées de chasses des aïeuls. Tony raconte à Grace comme les Le Domas ont fait fortune dans le commerce des jeux de société en s'associant avec le mystérieux Le Bail. Contre son aide financière, celui-ci a exigé que ses partenaires respectent une tradition : chaque nouveau venu dans leur famille devra tirer au sort un jeu et s'y soumettre durant la nuit.
  

Malgré la mine préoccupée d'Alex, Grace se plie, amusée, à cette tradition et tire la carte "cache-cache". Tandis que les Le Domas comptent jusqu'à cent, elle cherche une bonne planque, mais ignorent que sa belle-famille est en train de décrocher les armes des murs car ce que la jeune femme ne sait pas, c'est qu'ils veulent la tuer avant l'aube afin que son sacrifice assure la fortune mal acquise des ses hôtes.


Alex va pourtant essayer d'aider son épouse mais la nuit va être longue et sanglante pour cette dernière...


D'abord, avant toute chose, saluons la formidable inventivité des traducteurs qui ont ont préféré retitrer Ready or Not en... Wedding Nightmare, pensant sans doute que cela serait plus explicite et compréhensible. Non, mais sérieux ! Autant ne pas traduire plutôt que de remplacer le titre d'un film par un autre en anglais et sans imagination.


Bon, que ça ne vous empêche pas de découvrir cette sympathique série B horrifique. Tous les ingrédients sont prêts pour passer un bon moment, même si, je dois le reconnaître, ça n'a pas pris autant que je l'aurai souhaité. J'en attendais un peu plus et si c'est parfois jubilatoire, c'est aussi un peu mou du genou.


Billy Wilder, l'illustre réalisateur et scénariste (qui débuta en écrivant des scripts pour son maître, Ernst Lubitsch), disait que, contrairement à ce que beaucoup de ses confrères modernes pensaient, un bon film ne se joue pas au montage mais dès l'écriture. Si le script était clair et contenait l'essentiel, le tournage ressemblait à des vacances et le montage à une formalité. C'est, peu ou prou, ce que dit aussi Christopher Nolan aujourd'hui : il n'entame jamais la production d'un long métrage avant de disposer d'un scénario blindé.

Et ça ne s'arrête pas là : l'autre enseignement de Wilder concernait le rythme du film. Là encore, il vilipendait ceux qui, par les artifices du montage, créaient le rythme du film. Non, pour qu'un film fonctionne à ce niveau-là, ça devait passer par les acteurs, leur façon de jouer le texte : c'est eux, suivant les indications du réalisateur, imprimaient le tempo, la cadence aux scènes. Inutile d'avoir recours à un montage haché pour simuler le tempo : si l'histoire est bien interprétée, il n'y a pas besoin de couper intempestivement.

Or, c'est sur ces points vitaux que Wedding Nightmare échoue : les deux metteurs en scènes n'ont pas eu assez confiance dans le script de Guy Busick et Christopher Murphy. L'action met trop de temps à démarrer, il n'y avait pas besoin de s'attarder autant sur les présentations des personnages et leur sentiment envers Grace (la suite s'en charge suffisamment). En démarrant sur l'échange des anneaux des mariés puis le récit du père de famille sur le passé de sa fortune, c'était bien dix minutes de gagnées. 

Plus vite on rentre dans le vif du sujet, avec un argument comme celui de cette histoire, mieux c'est puisqu'il ne s'agit pas de convaincre le spectateur de sa crédibilité. On est dans un divertissement absurde et violent, pas besoin de faire des ronds de jambes. Autant précipiter le plus vite possible cette jeune et innocente mariée dans l'horreur qui l'attend.

L'autre erreur que les deux réalisateurs ont commises à mon avis, c'est de ne pas avoir joué le jeu à fond. Certes, il fallait montrer le déséquilibre entre cette famille de fous furieux et cette jeune femme, mais ça aurait été encore plus marrant de lui donner de quoi répondre aux attaques au lieu de lui filer un fusil et des cartouches à blanc. Tout simplement parce qu'on attend trop longtemps pour la voir se rebeller. Les jolies blondes qui fuient des tueurs barjos, on en a vues des paquets. Par contre, des jolies blondes qui rendent coup pour coup parce qu'elles sont blessées, en colère et épuisées...

Au fond, on sait bien que tout ça est très conventionnel (les membres de la famille Le Domas sont caractérisés à gros traits bien gras, mais ce n'est pas si grave, ils relèvent de la farce, et Grace est une victime récalcitrante classique). Mais ce qui est mieux, c'est quand des cinéastes tordent le cou à ces conventions et surprennent du cou le public, trop habitué, trop bien armé. Il manque cruellement de vice à ce récit (pourquoi le mari, falot, n'est-il pas écrit comme un complice dès le début ?).

En définitive, c'est du côté de certains personnages que c'est le plus savoureux comme Emilie (campée par Melanie Scrofano), la belle-soeur cocaïnomane qui bute par erreur et maladresse les servantes, ou la tante Helene (incarnée par Nicky Guadani), complètement cintrée et fanatique, que le film devient le plus drôle. Henry Czerny et Andie McDiwell, les parents du marié, sont trop fades. Adam Brody est lassant avec son air de chien battu.  Mark O'Brien est complètement transparent. Elyse Levesque et Kristian Brunn sont un peu mieux lotis mais sous-exploités.

Et puis il y a Samara Weaving, qui se taille une petite réputation de "scream queen" depuis The Babysitter. Elle est très jolie mais surtout il y a dans ses yeux bleus une sorte de folie qui ne demande qu'à se déchaîner, celle de la fille qu'il ne faut pas chercher trop longtemps avant qu'elle s'énerve vraiment. C'est grâce à elle que Wedding Nightmare ne sombre pas complètement. Elle n'a pas l'étrangeté inquiétante de Mia Goth, mais elle est excellente quand même.

Inabouti donc, frustrant surtout. Le film "peut mieux faire" par excellence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire