jeudi 18 avril 2024

BLACK WIDOW & HAWKEYE #2 (Stephanie Phillips / Paolo Villanelli)


Après lui avoir dit être l'assassin du ministre des affaires étrangères russe, Hawkeye tente de convaincre Black Widow de le laisser affronter seul les tueurs lancés à ses trousses. C'est alors que l'un d'entre eux lui tire dessus une fléchette empoisonnée...


Bon, pas la peine de tourner autour du pot : c'est pas bon, mais pas bon du tout. Mais c'est aussi assez symptomatique de ce que publie Marvel actuellement quand il s'agit d'exploiter des personnages dont l'éditeur ne sait à l'évidence pas quoi faire.


Black Widow et Hawkeye sont actuellement des héros sans série : ils ne font pas partie de l'équipe des Avengers écrite par Jed MacKat. Torunn Gronbekk a été la dernière à écrire les aventures de Black Widow en intégrant le symbiote - une idée assez saugrenue mais dont l'objectif est clair : mixer un élément d'un héros populaire (Venom) à une héroïne négligée. Quant à Hawkeye, la dernière fois que quelqu'un en a fait quelque chose d'intéressant, c'était Kelly Thompson dans la série où Kate Bishop était la vedette.


Comme Clint Barton et Natasha Romanoff sont liés depuis leurs origines quand ils affrontèrent Iron Man, les réunir à l'occasion d'une mini-série est l'occasion pour Marvel de jouer la carte que l'éditeur préfère en ce moment, celle de la nostalgie. Les lecteurs de comics sont devenus une niche de fans adultes, privilégiant leur affection pour la continuité, alors autant les brosser dans le sens du poil. 


N'importe quelle intrigue, même la plus insipide, fera l'affaire, doivent penser les editors sans scrupules, et si ça ne se vend pas bien, ce n'est pas ruineux puisque ça ne dure que quatre épisodes (dans ce cas). Pour rédiger le script, on recrute un auteur dans le vent et cela sert de test pour savoir si on peut lui confier ensuite un projet plus consistant.

Stephanie Phillips sert donc ni plus ni moins de cobaye : elle a montré son savoir-faire avec la mini Rogue & Gambit, elle va passer un cap en s'occupant du relaunch de Spider-Gwen et d'un mensuel consacré à Jean Grey/Phoenix. Mais en vérité, tout ça est assez triste pour celle qui brille sur sa propre série indé, Grim, et qui, ici, fait le job que ne font plus d'autres scénaristes établis.

Malgré son professionnalisme et son talent, on sent bien que Phillips n'est ni inspirée ni investie dans cette mini-série. Cet épisode en apporte la preuve flagrante avec un minimum de scènes qui se lisent si rapidement qu'on arrive à la fin en se disant : "déjà ! Hé ben.." C'est si pauvre, si maigre qu'on a l'impression d'avoir lu une preview. Et ce n'est pas la révélation du méchant à l'oeuvre pour éliminer Black Widow et Hawkeye qui va réveiller notre intérêt (personnellement, je ne sais même pas de qui il s'agit et c'est bien le problème quand on ne produit plus que des comics pour des amateurs éclairés : les autres, qui n'ont pas une culture aussi profonde, passent complètement à côté de certains éléments).

Paolo Villanelli illustre ça avec beaucoup d'énergie mais justement cela fait l'effet de quelqu'un qui se bouge beaucoup pour brasser de l'air. Tout ça n'a aucune vocation à rester dans les mémoires, n'a aucune ambition autre qu'occuper le terrain, passer le temps. Le dessinateur semble lui aussi passer un test pour savoir s'il est Marvel-compatible - et s'il ne l'est pas, il devra repartir de zéro en décrochant un contrat dans une autre écurie. 

Je me rappelle quand C.B. Cebulski a été nommé editor-in-chief, son passé de chasseur de têtes faisait croire en de beaux lendemains car on pouvait croire qu'il allait mettre en avant les créatifs. Or, ça a été tout le contraire : sous sa direction, on a vu fleurir des tonnes de mini-séries sans intérêt, avec des équipes artistiques interchangeables, la promotion de "stormbreakers" particulièrement inégaux en talent, des retours fréquents à des titres nostalgiques mais trompeurs pour flatter les vieux fans, une absence globale de direction claire.

Tout cela est pour ainsi dire résumé avec des trucs mal foutus, ni faits ni à faire, comme Black Widow & Hawkeye. Marvel semble franchement s'en ficher puisque les lecteurs, même déçus, restent fidèles (par masochisme ?). Mais c'est déplorable pour les auteurs qui eux méritent bien mieux, à l'image de Stephanie Phillips, qui perd son temps ici, ou Paolo Villanelli, qui n'ira pas loin avec ça.

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