dimanche 28 avril 2024

G.O.D.S. #7 (Jonathan Hickman / Valerio Schiti)


Mais que manigance Dimitri depuis qu'il est aux côtés de Wyn l'avatar du Pouvoir-en-Place ? Il dépose des mouchards partout où l'accompagne, mais à quelles fins ? La réponse à tout ça trouve son origine en 1963 au cosmodrome de Leninsk au Kazakhstan où les parents de Dimitri partent pour une mission spatiale secrète dont ils ne reviendront pas...


Alors que le huitième et dernier épisode de G.O.D.S. (du moins pour l'instant...) sortira finalement en Juin (sans doute avec une pagination augmentée), on a maintenant un certain recul sur la construction de cette série. Dans un premier temps, Jonathan Hickman a posé les bases de son intrigue, puis dans un second temps, il a consacré à chacun des protagonistes un numéro dédié.


Ainsi donc après Mia, Aiko et avant Wyn, cette fois c'est au tour de Dimitri, le garçon confié à Wyn par l'Ordre-naturel-des-choses, de nous être présenté plus en détail. On a compris que Hickman, avec G.O.D.S., s'était en quelque sorte amusé à livrer sa version des New Gods de Jack Kirby, avec un jeune scientifique remis à un avatar de la magie, et une jeune magicienne livrée aux représentants de la science (comme donc Orion, fils de Darkseid élevé par le Haut-Père de New Genesis, et Scott Free, fils du Haut-Père élevé par le maître d'Apokolips).


On a aussi appris que cet échange condamnait ces deux jeunes gens à ne plus pouvoir réintégrer leur "famille" : Mia ne sera jamais la partenaire de Wyn, Dimitri ne collaborera plus jamais avec Aiko. Mais si le recrutement de Mia s'est déroulé en direct, celui de Dimitri a eu lieu bien avant, sans qu'on y assiste et donc on a déduit qu'il était aux côtés de Wyn depuis un certain temps déjà.


D'une nature discrète et malicieuse, il forme une paire savoureuse avec Wyn sur le modèle de l'ancien et du "bleu". On devine une vraie complicité entre les deux hommes même si tout, en vérité, les oppose (l'âge, l'appartenance à un camp opposé à l'autre, l'attitude, etc.). Hickman s'en est servi pour produire des séquences souvent drôles, inhabituelles chez lui, mais qui ont donné beaucoup d'humanité à la série, lui évitant de perdre le lecteur dans du high concept.

Cet épisode centré sur Dimitri ressemble par bien des aspects, je trouve, à un hommage à Warren Ellis et Planetary, son chef d'oeuvre. La tenue blanche du garçon renvoie au costume blanc d'Elijah Snow, ses compétences en électronique rappellent celles du Batteur, et ses origines, telles que relatées ici, évoquent la science-fiction telle que Ellis et Hickman l'adorent, mélange d'Histoire détournée et de mythologie revisitée.

Je ne vais pas vous en dire trop pour ne pas vous gâcher la surprise, mais tout cela aboutit à un dénouement absolument poignant. Hickman à qui on a souvent reproché de ne pas caractériser suffisamment ses héros et de livrer des histoires trop distanciées, trop froides, parvient à émouvoir, de manière très simple et intense, avec le passé de Dimitri, animé par une quête tragique - encore plus que le sort de Mia quand elle a compris qu'elle était désormais bannie de sa communauté.

On accuse aussi souvent, je l'ai lu encore récemment en visitant un forum, Hickman de donner dans la (je cite, vous allez voir, c'est très classe) "branlette intellectuelle". Je ne sais pas trop ce que ça signifie, ou plutôt je crois trop bien le savoir, c'est-à-dire que les comics, même pour les fans qui s'autorisent à en parler comme des professeurs et donc à insulter les auteurs (tout en blâmant ceux qui le font - hé, c'est pas beau, ce culot), en fait, faut pas qu'ils soient trop intelligent parce que sinon donc, c'est de la "branlette intellectuelle", c'est prétentieux.

Bon, j'ai pas envie de m'énerver et de vous soûler avec ça, mais quand même, j'en ai franchement marre de lire des insanités pareilles : quand ce ne sont pas les dessinateurs qui passent pour des feignasses parce que, ô mon dieu, ils ne font pas vingt pages par mois, maintenant ce sont les scénaristes qui se font traiter comme des arrogants parce qu'ils ont l'ambition de raconter des histoires qui sollicitent plus d'un neurone. Pardon ? Encore une fois : tu n'aimes pas le travail de quelqu'un (auteur, artiste, même critique), tu arrêtes de le lire et tu te dispenses surtout d'être injurieux. Un peu de respect.

Un qui impose le respect (enfin j'espère), c'est Valerio Schiti qui, une fois encore, encore une fois, produit des planches somptueuses. Je sais, je me répète et je ne suis pas du tout objectif parce que j'adore son taf depuis des années maintenant, mais ce mec est inspirant. Il devrait inspirer tous ses pairs par son exigence, sa régularité, le soin apporté à sa tâche. Il inspire le critique parce que quand on lit un comic-book dessiné par Schiti, franchement, comme dit le poète, c'est que de l'amour.

Saisir comme il le fait l'émotion terrible d'un gamin comme Dimitri après nous avoir balancés des planches de ouf dans le sanctum santcorum de Dr. Strange, sur les toits de New York, dans une autre réalité, moi, je dis : chapeau l'artiste. Jouer aussi bien sur deux tableaux et lier tout ça en une narration graphique homogène, d'une qualité constante depuis sept mois, c'est vraiment prodigieux. J'ai trop hâte d'avoir le recueil entre les mains car il contiendra des bonus (characters designs, etc) : vivement début Août. J'ai déjà précommandé !

Donc, pas d'épisode en Mai, et le finish en Juin. Mais tout, plus que jamais, laisse à penser que ce ne sera pas la fin définitive et que ces huit épisodes ne formeront que la première partie d'une saga que Hickman veut mener à bien avec le même artiste, Schiti, et pour lequel il a obtenu de Marvel qu'il bénéficie d'un break.

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