vendredi 26 avril 2024

ULTIMATE SPIDER-MAN #4 (Jonathan Hickman / David Messina)


Harry Osborn a invité à dîner Peter Parker et Mary Jane (Ben Parker et J.J. Jameson gardent les enfants). Il leur présente son épouse, Gwen Stacy. Les deux couples échangent sur leurs métiers et Gwen, en privé avec MJ, exprime son envie d'investir dans le nouveau média d'info de Ben Parker et JJ Jameson. De leur côté, Norman et Peter discutent de leur double vie et de leur mission...


Commençons par parler du grand absent de ce numéro : Marco Checchetto (qui signe quand même la couverture) est remplacé par David Messina et évidemment la différence est notable. Si on prend en compte que le premier épisode de Ultimate Spider-Man avait une pagination plus importante, on peut être indulgent et pardonner à Checchetto. En même temps, Checchetto a rarement enchaîné plus de cinq épisodes sur une série régulière.


Par ailleurs, je vais me répéter mais ce n'est jamais superflu : à tous ceux qui sont tentés de traiter les dessinateurs de comics de feignasses dès qu'ils sont supplées par un fill-in artist, je rappellerai que produire vingt pages par mois reste un exploit. Il existe bien des exceptions pour qui cette cadence n'est pas un problème mais il faut aussi prendre en compte les exigences d'un lectorat que les éditeurs ont habitués à un niveau graphique plus détaillé et aussi les impondérables (baisse de forme, d'inspiration, maladie) auxquels sont soumis les dessinateurs.


Bref : non, ce n'est pas agréable quand le dessinateur régulier est absent, mais un dessinateur n'est pas une machine, donc restons sinon indulgents du moins modérés. D'autant que David Messina ne fait pas un mauvais travail et je dois dire que s'il devait devenir l'artiste de substitution de la série, ça ne me déplairait pas.
 

L'épisode qu'a écrit Jonathan Hickman pourrait d'ailleurs être une sorte de test : cette fois, pas de scène d'action, pas de costumes de super-héros à l'horizon, mais deux couples à la table d'un restaurant et discutant de tout et de rien. C'est un exercice plus délicat qu'il n'y paraît pour un artiste car il faut le mettre en images en restant tout de même divertissant.

Hickman fait intervenir ce qui ressemble à une pause après la révélation choc du précédent numéro concernant Peter Parker et Norman Osborn (je ne spoile pas). Le scénariste introduit sa version de Gwen Stacy en en faisant l'épouse de Harry et en la dotant d'une forte personnalité. D'ailleurs, il fait de même avec Mary Jane.

Les deux femmes ont la langue bien pendue et ne sont pas des potiches à côté de leurs conjoints respectifs. On apprend que MJ s'occupe des relations publiques, notamment pour le nouveau média d'informations en ligne que vont lancer Ben Parker et J. Jonah Jameson : elle a même trouvé le nom, "The Paper", ironique puisqu'il ne sera pas publié sous forme physique, mais rappelant que la presse papier a été le support n°1 pour observer le monde et le raconter (avant que, comme dans le cas du "Daily Bugle", elle tombe entre les mains de grands patrons qui s'en servent pour relayer leurs propres opinions - la critique peut s'apprécier aussi chez nous).

Harry et Gwen expriment leur souhait que "The Paper" s'intéresse au justicier masqué qui a fait son apparition récemment (Spider-Man donc, même si la série ne l'a jamais mentionné sous ce nom jusqu'à présent). Le monde, le peuple a besoin de héros. Plus tard, alors que Peter et Harry sont seuls, la célèbre formule "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités" sera dite par un personnage inattendu. Et renverra Peter justement un peu dans les cordes puisque Hickman l'a davantage écrit comme un personnage passif, subissant sa nouvelle vie, que comme quelqu'un qui prend l'initiative...

Le scénariste parvient avec un mélange de subtilité et de pesanteur à introduire ce genre d'éléments mais en jouant sur celui qui les exprime, ce qui désarçonne le lecteur. Il répète ce procédé dans une scène où MJ et Gwen sont dans les toilettes en train de se remaquiller et où Gwen souhaite investir une partie des moyens financiers colossaux de Harry pour soutenir le journal de Ben Parker et JJ Jameson, sans qu'on sache s'il s'agit d'un moyen de le diriger à la façon d'un cheval de Troie contre le "Daily Bugle" de Wilson Fisk (ennemi déclaré de Harry).

Les planches de Messina sont strictement cadrés par le script au moyen de "gaufriers". Mais Le dessinateur doit s'employer pour intégrer des plans qui soulignent les expressions de chacun des quatre convives, parfois directement, parfois indirectement via leurs reflets dans les verres - une manière de jouer sur la dualité, sur ce qu'on voit d'eux et ce que l'on pense d'eux. C'est encore une fois subtil et même si Messina se montre parfois un peu trop démonstratif dans le jeu d'acteurs de Harry, Gwen, MJ et Peter, l'essentiel reste de bonne tenue.

Allergiques aux "talking heads", s'abstenir donc. Mais pour ceux que cette série ravit, nul doute que cet épisode fournit de nouvelles pistes qui seront explorés prochainement.

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