mardi 2 avril 2024

BIRDS OF PREY, VOLUME 1 : MEGADEATH (Kelly Thompson / Leonardo Romero & Arist Deyn)


Black Canary décide de reformer l'équipe des Birds of Prey car Mia Mizoguchi alias Meridian, qui peut voyager dans le temps, l'a prévenue que sa demi-soeur, Cynthia "Sin" Lance, qu'elle a jadis arrachée des griffes de Lady Shiva et de la Ligue des Assassins est en danger.
 

Black Canary enrôle donc Batgirl (Cassandra Cain), Big Barda, Zealot et Harley Quinn. Mais elle tient volontairement à l'écart, et sans le lui dire, Barbara Gordon/Oracle, pourtant co-fondatrice de l'équipe. Cette bande exclusivement féminine doit se rendre sur Themyscera, l'île des amazones où se trouve Sin.


Après avoir soutiré à John Constantine un sac contenant des ustensiles magiques, le groupe se met en quête d'un moyen de transport discret pour gagner Themyscera. Harley Quinn fait jouer ses relations pour cela. Afin de retarder Wonder Woman qui interviendra dès qu'elle saura qu'elles sont sur son île, Black Canary demande à son mari Olivier Queen/Green Arrow de la retarder le plus possible.
 

Mais une fois cela ne va pas pouvoir éviter aux Birds of Prey d'affronter une menace bien pire que ce qu'elles imaginaient...


Tandis que Gail Simone, qui a autrefois fait de Birds of Prey un succès critique et commercial, va devenir la première femme à écrire dans quelques mois la série Uncanny X-Men chez Marvel, Kelly Thompson a quitté "la maison des idées" pour passer chez la "Distinguée Concurrence" et y imaginer les nouvelles aventures des Oiseaux de Proie.


Thompson arrive chez DC après de beaux passages sur des séries comme Hawkeye (starring Kate Bishop) et surtout Captain Marvel qu'elle a piloté pendant 50 numéros d'affilée alors qu'il fallait au départ rentabiliser en comics le succès du film avec Brie Larson dans le rôle de Carol Danvers. Pourtant, la scénariste semblait frustrée de ne jamais avoir pu animer un team-book depuis qu'elle avait participé à l'éphémère titre A-Force.


Cette opportunité lui est donc offerte sur un plateau depuis l'an dernier. Adoubée par Gail Simone qui est son modèle, elle doit quand même convaincre un lectorat majoritairement masculin et vieillissant de l'attractivité d'une série entièrement peuplée d'héroïnes. Mais elle ne semble pas effrayée par cette mission comme en atteste les six premiers épisodes qui seront disponibles en trade paperpack en Juin prochain en vo et déjà accessibles en vf chez Urban Comics (dans l'album Dawn of Green Arrow & Black Canary, réunissant les séries consacrées à l'archet vert et aux Birds of Prey).

Ce qui frappe d'emblée, mais qui est aussi la qualité première depuis longtemps de Thompson, c'est à quel point elle maîtrise son casting, avec quel brio elle réussit à donner à chacune de ses Birds of Prey une voix propre et à créer des interactions dynamiques entre elles. Son choix s'est portée sur des héroïnes à la notoriété très diverse puisqu'on retrouve Cassandra Cain dans son costume de Batgirl, Big Barda la femme de Mister Miracle, Zealot des WildC.A.T.S. et Harley Quinn (même si sa présence se limitera à ce premier arc, le personnage étant récupéré pour une énième série Suicide Squad ensuite).

L'intrigue tient de la Mission : Impossible et justifie l'existence même d'un groupe 100% féminin puisque l'action se déplace rapidement à Themyscera, l'île des amazones. Donc on trouve aussi Wonder Woman dans cette histoire mais sans que sa présence écrase celle des autres filles. Black Canary doit sauver sa demi-soeur Cynthia, qu'elle avait autrefois arrachée à l'emprise de Lady Shiva et de la Ligue des Assassins, d'une menace qui prend son temps pour se révéler mais qui s'avère éminemment spectaculaire. Le scénario se découpe de manière classique mais rythmé avec le recrutement des BoP, la recherche d'un moyen de transport discret pour aller sur Themyscera, l'affrontement inévitable avec Wonder Woman puis le face-à-face avec le danger encouru par Sin.

Kelly Thompson se débrouille magistralement pour que le lecteur soit dans l'incapacité de prédire l'issue de cet arc. Les forces en présence sont déséquilibrées, le mystère est bien entretenu, les obstacles nombreux - y compris au sein de l'équipe, très dysfonctionnelle (Zealot exprime des doutes et des scrupules sérieux dès le départ - elle aussi ne restera pas dans la série au-delà de ces six épisodes). Mais en même temps, il y a de l'humour, de la complicité et Thompson donne au lecteur des moments savoureux, notamment avec le tandem Batgirl-Big Barda. Même la folie, parfois horripilante de Harley Quinn, reste contenue.

On ne s'ennuie donc pas. Mais en plus on est souvent subjugué car Kelly Thompson renoue avec son partenaire de Hawkeye en la personne du dessinateur Leonardo Romero (qui s'était fait - trop - rare depuis). Avec un style qui emprunte à la ligne claire et un découpage qui fait preuve d'une constante inventivité sans sacrifier à la lisibilité, l'artiste italien fait des merveilles.

D'abord, il donne à chacune de ces héroïnes une physionomie qui lui est propre. Barda est colossale mais reste féminine. Batgirl est plus petite et chétive mais cache bien son jeu. Zealot, dans son habit qui ressemble à celui d'un samouraï, a une vraie majesté. Harley Quinn est présentée comme l'électron libre naturellement mais sans se limiter à ça. Et Black Canary a une autorité naturelle sans être dessinée comme une simple belle blonde. Même Wonder Woman affiche une autorité raccord avec la série actuelle de Tom King et Daniel Sampere, où sa puissance est incontestable.

Quant à la créature qu'elles vont affronter, son design est très bien conçu, à la fois étrange, d'une belle envergure et en même temps dégageant une sorte d'étrange douceur. Les décors sont fournis et pour ne rien gâcher la colorisation de Jordie Bellaire ajoute une patine très originale au titre, en imitant la pelette des comics mal imprimés d'autrefois (un parti-pris audacieux, qui peut donc dérouter).

A la toute fin de cette première aventure, on a quand même droit à une explication en bonne et due forme sur la raison pour laquelle Black Canary a écarté Oracle. Et c'est une perche tendue directement pour la suite, qui verra arriver de nouvelles recrues, de nouvelles péripéties... Birds of Prey est entre d'excellentes mains et je ne saurai que trop vous en conseiller la lecture.

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