lundi 29 avril 2024

THE SIX FINGERS #3 (Dan Watters / Sumit Kumar) - Avec The One Hand, 2 comics qui n'en font qu'un


L'agression d'Oddell Watts en prison fait la "une" des médias. Johannes Vales téléphone à l'hôpital où est admis le tueur en série et apprend que ses jours ne sont plus en danger. Il décide d'aller le voir mais il est suivi par Ada, la galériste, qui va être témoin d'une séquence horrible et troublante...
 

C'était déjà un peu le cas dans The One Hand #3 mais cette fois dans The Six Fingers #3, ça y est : les héros des deux séries dialoguent enfin... Mais pas tout à fait face à face ni dans la même pièce. Dan Watters ne se contente pas de prolonger ce qu'écrit Ram V, il poursuit le développement de son propre titre tout en restant cohérent avec ce qui l'unit au projet de son collègue.


Je me répète mais c'est tout de même fascinant à lire : c'est comme si vous vous regardiez dans un miroir et que votre reflet communiquait avec vous (bon, si ça vous arrive, pensez quand même à consulter car ça ressemble dangereusement à une histoire de Stephen King et ce n'est pas bon signe). Chacune des deux séries a sa propre identité, narrative et visuelle, et pourtant elle correspond avec celle de Ram V et Lawrence Campbell.


Là, Dan Watters pousse les curseurs à fond : Johannes Vales a appris ce qui est arrivé à Oddell Watts et veut aller lui parler à l'hôpital où il a été admis. Vales, on le voit, a complètement perdu les pédales : il ne pense plus du tout à sa thèse, il reste cloîtré chez lui à harceler la standardiste de l'hosto, il arrête de se nourrir, sort dans la rue torse nu. Flippant.


L'échange qu'il a avec Ada, la galériste qui a monté l'expo (depuis interdite) inspirée par le Tueur à une main, souligne encore davantage le glissement vers le folie pur de Vales, qui se fait menaçant, virulent, et ne cache même plus la difformité de sa main droite. Ce qui arrive ensuite n'est donc pas surprenant mais demeure bien éprouvant.

Si le style du dessin de Sumit Kumar n'a pas du tout le même aspect que celui de Lawrence Campbell sur The One Hand, on a quand même droit à une scène de démembrement et de charcutage absolument atroce et donc il faut quand même avoir le coeur bien accroché. Pourtant, le plus captivant reste ce qui suit.

Et là, même si c'est difficile, mieux vaut ne pas trop en dire sous peine de spoiler sévèrement. Malgré tout, on saisit parfaitement le sens des glyphes écrits par les tueurs et on mesure leur portée quasiment hallucinatoire, mais surtout fantastique. Une phrase prononcée par Oddell Watts titillera les lecteurs : "la main droite ignore ce que fait la main gauche", et on peut l'interpréter en autre comme une définition de la relation entre Johannes Vales et Ari Nassar, qui ne sont pas simplement un psychopathe contaminé par le Mal commis par de précédents serial killers et un flic hanté par ces affaires, mais bien deux faces de la même pièce.

Kumar et Watters investissent cette dimension surnaturelle dans une séquence où on suit Johannes dans des sortes de passages inter-dimensionnels, dont on ignore s'ils sont réels ou fantasmés, mais qui ajoute à l'envoûtement de l'histoire. Ce qui est sûr, c'est qu'entre les investigations troubles de Nassar autour des androïdes et ces portails bizarres qui s'ouvrent pour Vales, les deux séries empruntent des chemins inattendus, imprévisibles.

Tout cela aboutit à quelque chose de très étrange, captivant, déroutant. Et c'est en somme un exploit qu'à quatre épisodes de la fin (toutes séries confondues), on ne sache toujours pas vraiment comment ça peut se terminer (alors qu'au départ cela ressemblait à une traque policière classique). The Six Fingers tout comme The One Hand est décidément addictif - et j'ose espérer qu'en vo et en vf les deux séries seront réunies dans un seul et même volume tant elles sont indissociables.

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