1909, territoire de l'Arizona. Le capitaine Sam Burgade, retraité des Arizona Rangers, vit seule avec sa fille unique, Susan, et espère profiter paisiblement de la vie. Mais il apprend par le shérif que Zach provo, son vieil ennemi, s'est échappé de prison de Yuma avec d'autres criminels. Les fugitifs travaillaient sur la voie ferrée et sont montés à bord d'un train pour prendre le large.
Lorsque Susan demande à son père pourquoi il s'inquiète tellement au sujet de Provo, Burgade lui explique que lors de son arrestation, une fusillade a éclaté pour le faire sortir de sa cachette et une balle perdue a tué la femme indienne de ce bandit, lui-même métis. Il sait donc que Provo va vouloir se venger non seulement parce qu'il l'a arrêté et fait jeter en prison, mais aussi parce qu'il le tient pour responsable de la mort de la femme qu'il aimait.
Burgade tend un piège à Provo en faisant passer le mot qu'un important convoi d'argent va passer dans la région. Mais le bandit ne tombe pas dans le panneau - mieux même : c'est lui qui va prendre Burgade à son propre jeu en profitant qu'il surveille le convoi pour kidnapper Susan et l'emmener dans la réserve indienne où il peut compter sur la complicité du chef de la tribu locale. Et pour conserver ses acolytes auprès de lui pour affronter Burgade, Provo leur promet 4000 $ provenant d'un butin qu'il a caché dans la réserve...
La première question qu'il faut se poser après avoir vu The Last Hard Men (en vo), c'est : qui a vraiment réalisé ce film ? Le générique l'attribue au vétéran Andrew V. McLaglen, mais Charlton Heston en a revendiqué la paternité, supervisant même le montage final. C'est l'acteur qui avait acheté les droits du roman Gun Down de Brian Garfield dont le script de Guerdon Trueblood est adapté.
Heston était déjà passé derrière la caméra en 1971 pour Antoine et Cléopâtre, et il y retournera en 1982 pour La Fièvre de l'Or, donc il est tout à fait possible qu'il ait réalisé La Loi de la Haine (en vf). Mais alors qu'a fait McLaglen sur ce long métrage ? L'hypothèse la plus probable est qu'il ait servi d'assistant à Heston pour rassurer la 20th Century Fox qui produisait.
McLaglen était connu avant tout pour être un exécutant sans grande personnalité et son genre de prédilection étant le western, il était l'homme de la situation. Ce qui est en revanche flagrant, c'est que le film fait énormément penser au cinéma de Sam Peckinpah, allant même lors d'une scène à reproduire un ralenti typique du cinéaste qui dirigeai Heston dans Major Dundee.
Malgré son statut de superstar, Heston était un acteur vieillissant en 1976 : il avait 54 ans et ses plus grands films étaient derrière lui. La Fox misait sur lui sans pour autant céder à tous ses caprices : par exemple, il ne souhaitait pas jouer dans le film puis il s'y résigna. De même il voulait initialement donner la réplique à Sean Connery mais on lui imposa James Coburn.
Or Coburn était dans une situation similaire à celle de Heston : alors âge de 48 ans, sa carrière déclinait et on ne peut pas dire qu'il est très crédible en métis à moitié indien. En outre, ses relations avec Heston furent compliquées : ce dernier doutait qu'il soit crédible dans le rôle de Provo et surtout il estimait que Coburn posait trop de questions pour ajuster sa composition.
Cependant, après avoir vu le montage du film et assisté à des projections-tests, Heston se ravisa et loua la qualité de l'interprétation de son partenaire. Par contre il ne mentionna jamais la contribution de McLaglen, jugeant le film satisfaisant, mais pestant sans doute que le studio n'ait pas voulu le créditer comme seul réalisateur.
La Loi de la Haine est un film qui témoigne bien de la fin du western américain. Le western spaghetti en 1976 vivait également ses derniers feux mais avait totalement cannibalisé le western classique avec ses personnages plus moralement douteux, sa justice expéditive, sa violence omniprésente. Mis en scène par un meilleur cinéaste, qui sait si The Last Hard Men n'aurait pas acquis le statut de film culte ?
L'affrontement entre Burgade et Provo se joue essentiellement à distance. Le piège tendu par l'ex-capitaine des Rangers de l'Arizona (qui en 1909 n'était pas encore le 48ème Etat américain - il le deviendra 3 ans plus tard) ne fonctionne pas et permet à son adversaire d'enlever sa fille pour l'attirer dans une réserve indienne où il a l'avantage du terrain.
Flanqué de Brickman, son futur gendre, Burgade assiste, impuissant, à la vengeance cruelle, sadique, de Provo, qui le considère comme le responsable de la mort de sa femme quand il l'a arrêté. Ainsi, on assiste, là encore, à un moment tout droit sorti du cinéma de Peckinpah quand Provo, sachant que Burgade l'observe, donne la fille de celui-ci en pâture à ses complices et que deux d'entre eux la viole.
Une scène malaisante au possible mais néanmoins filmé sans complaisance. La manière dont Burgade et Brickman s'y prennent ensuite pour déloger la bande de Provo a aussi quelque chose de dantesque avec l'incendie dans la prairie, et l'ex-capitaine qui fusille comme à la parade tous les alliés de son ennemi. A ce stade de l'histoire de toute façon, toute humanité a disparu.
Burgade veut faire payer le viol de sa fille, Provo la mort de sa femme, c'est une lutte à mort entre deux hommes qui se haïssent absolument. Le dénouement est, à cet égard, un peu ridicule car il eût été plus logique que les deux hommes s'entretuent alors qu'on nous fait croire que l'un des deux a survécu après avoir reçu plusieurs balles dans le corps - assez pour tuer n'importe qui.
Charlton Heston est saisissant dans la peau de Burgade, ce ranger vieillissant mais aussi possédé que l'homme qu'il traque - légitimement puisque sa fille est en danger. Celle-ci est jouée par Barbara Hershey qui ne s'en laisse pas conter et réussit à exister entre les deux acteurs du film. L'autre étant James Coburn, qui, il l'admettra, campe un type impossible à aimer, une ordure totale et immonde.
Le dernier rebondissement de cette production concerne sa bande originale dont le générique dit qu'elle est composée par Jerry Goldsmith. Or ce qu'on entend là, ce sont des compositions de Goldsmith mais provenant d'autres films. Le score original de Leonard Rosenmann fut tout simplement rejeté par la Fox qui procédé ensuite à ce rafistolage grossier.
Plein de petites histoires donc pour ce petit western, étonnamment méchant.







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