Le capitaine Nemo rassemble un équipage pour rejoindre Paris à bord du Nautilus avant que Robur le conquérant ne le fasse. A bord du vaisseau mythique de son grand-père, Lumen trouve le dernier enregistrement de Aeon Nemo, son père, qui s'adresse à elle en espérant que ce que ses tuteurs lui ont appris lui servira dans un futur proche. Une fois arrivé dans la capitale française, l'inspecteur Juve reçoit Nemo... Pour l'arrêter aussitôt !
Il semble assez évident que James Robinson ne s'en tiendra pas à ces quatre épisodes des Adventures of Lumen N., et tel que je vois les choses, je pense que le scénariste s'embarque pour un récit au long cours qui fera l'objet de plusieurs mini-séries en quatre chapitres, un peu à la manière de Minor Threats (de Patton Oswalt, Jordan Blum et Scott Hepburn), déjà publié par Dark Horse.
C'est la différence notable avec Welcome to the Maynard, son précédent ouvrage, qui paraissait être complet (même si, là encore, je ne serai pas contre une ou plusieurs suites). Robinson est en tout cas très en verve et l'univers de Jules Verne l'inspire manifestement. Il a donc inventé une petite-fille au capitaine Nemo, cette fois le Nautilus apparaît et Robur le conquérant est en route pour détruire Paris.
Il est délicat d'en dire davantage sans spoiler mais un personnage déjà abondamment mentionné depuis le début de la série joue un rôle plus qu'équivoque dans l'intrigue et a donc menti dans les grandes largeurs sur sa fin. Cela suffit à rendre l'histoire encore plus trouble et accrocheuse, au point de se demander soit ce qui le motive, soit si Robinson ne prépare pas un twist final qui servirait aussi de rampe de lancement à de nouveaux épisodes.
Mais The Adventures of Lumen N., c'est d'abord une lecture jubilatoire. Que vous soyez un lecteur passionné de Verne ou de Robinson, que vous goûtiez ou non aux additions du scénariste aux romans de l'écrivain, il y a une générosité dans la proposition narrative de Robinson à laquelle il est difficile de résister.
De ce point de vue, il est aussi enthousiasmant de lire cette production que ce que Alan Moore imaginait dans La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, même si l'ambition et le format ne sont pas du tout les mêmes. Disons que Robinson s'adresse à un public plus large et avide de lire un récit plus divertissant au premier degré, là où Moore jouait plus profondément avec toute la littérature d'aventures et ses héros.
Toutefois la culture de Robinson est au moins aussi riche que celle de Moore, mais elle est diffusée de manière plus ludique, comme quand il s'agit de découvrir l'ascendance des membres de l'équipage du Nautilus, chacun étant apparenté à un personnage littéraire ou cinématographique. Et ne craignez pas d'être perdu dans ces références : à la fin de l'épisode, dans sa postface désormais habituelle, l'auteur revient sur ces points.
Enfin, une grande partie du charme de cette série repose sur les dessins de Phil Hester, qui, s'il m'a souvent laissé indifférent par le passé, est, je trouve, parfait ici. Sa narration est très simple, avec un découpage qui privilégie les cases occupant toute la largeur de la planche, qu'il s'agisse de représenter des décors, des véhicules ou des personnages.
Au passage, donc, il relève le défi de donner sa version du Nautilus et rend par-là même un hommage à Kevin O'Neill et sa splendide interprétation dans La Ligue des Gentlemen Extraordinaires (peut-être la plus belle et la plus spectaculaire possible). L'encrage précis de Marc Deering et les couleurs merveilleuses de Bill Crabtree font le reste.
Oui, j'espère vraiment que James Robinson n'en restera pas là et qu'il prépare une suite à The Adventures of Lumen N. : cette jeune héroïne est attachante, ses aventures jubilatoires, et le tout est magnifiquement revisité par Phil Hester. Un de mes coups de coeur de 2025 et de cette rentrée. Un éditeur français sera-t-il assez avisé pour en sortir une traduction ?





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