Big Enos Burdette est en compétition avec John Conn pour le poste de gouverneur du Texas, mais l'un ni l'autre ne reçoivent le soutien du gouverneur sortant. Toutefois Big Enos l'entend au téléphone exiger qu'une caisse entreposée à Miami soit livrée à la Convention du Parti Républicain à Dallas avant 9 jours. Big Enos aborde alors Tom Pouce pour qu'il refasse équipe avec le Bandit pour accomplir cette livraison.
Problème : le Bandit a sombré dans l'alcool et la dépression depuis que Grenouille l'a quittée. Big Enos est prêt à le payer 400 000 $ et Tom Pouce accepte en son nom. Puis il appelle Grenouille à la rescousse avec à la clé 50 000 $ pour elle. Autre problème : elle s'apprête à épouser une nouvelle fois le fils du shérif Buford T. Justice, mais le plante encore pour toucher ce pactole et mener la belle vie.
Après avoir fait cuver le Bandit et l'avoir remis en forme, Tom Pouce et Grenouille partent avec lui à Miami. Un nouvel obstacle se dresse devant eux : la caisse a été mise en quarantaine. La nuit venue, ils tentent de la voler mais découvrent à l'intérieur un éléphant (l'emblème du Parti Républicain). En lui ôtant une écharde du pied, Charlotte, ainsi surnommée par Tom Pouce en hommage à sa tante, se prend d'affection pour le Bandit. Mais alors qu'ils prennent la route, le shérif Buford recommence à les poursuivre pour rattraper Grenouille...
On reproche souvent au cinéma américain sa manie de donner des suites à ses grands succès. C'est oublier qu'on fait la même chose chez nous (voir la série des Gendarmes, des Bidasses, des Angélique, ou des Tuche). Au fond, ce qu'on n'apprécie pas, c'est quand les suites sont moins bonnes que le premier film, ce qui est fréquent. Et qui est le cas ici.
Smokey and the Bandit avait été un énorme succès inattendu trois ans plus tôt, un film fait avec un budget réduit et qui avait pris tout le monde au dépourvu. Cette fois, l'argent coule à flots et permet à Hal Needham de faire tout ce qu'il veut - il ne s'en prive pas. Mais l'esprit de débrouille, la légèreté du premier opus ont cédé la place à un divertissement qui s'enlise.
La seule valeur de Tu fais pas le poids, Shérif !, c'est, à la rigeur, son aspect presque documentaire sur son couple vedette. En 1977, Burt Reynolds et Sally Field étaient en couple à la ville et le devenait à l'écran, composant un des duos les plus drôles et attachants du moment. En 1980, ils se sont séparés et leurs carrières ont pris des chemins opposés.
Sally Field a reçu le Prix d'interprétation féminine à Cannes et l'Oscar de la meilleure actrice en 1979 pour Norma Rae et elle aspire à des rôles plus ambitieux que celui de reprendre celui de Grenouille. En revanche, Burt Reynolds est resté cet amuseur charmant dans des superproductions et souhaite poursuivre ainsi.
Smokey and the Bandit II sera d'ailleurs tourné alors que Cannonball est en pré-production et Hal Needham sera derrière la caméra à chaque fois pour diriger Reynolds. Ce dernier est au sommet de sa gloire pour encore quelque temps mais son image s'est ternie, sur les plateaux on lui reproche ses caprices de star. Il a pris la grosse tête.
Tu fais pas le poids, Shérif ! ne peut dissimuler certaines tensions en dehors du plateau de tournage : Sally Field et Burt Reynolds s'engueulent fréquemment et le budget menace d'exploser à cause de retards dues aux cascades de plus en plus spectaculaires et donc difficiles à monter. Par ailleurs, Jackie Gleason joue trois rôles et picole comme un trou et Dom DeLuise fait son numéro sans se soucier du script.
Le scénario écrit par Jerry Belson et Brock Yates tente de reproduire la recette magique du premier volet mais l'intrigue est tirée par les cheveux et les gags s'épuisent. Le personnage du shérif Buford est de plus en plus vulgaire, celui de Tom Pouce réduit à jouer les utilités. Le coeur n'y est plus - et d'ailleurs le troisième épisode se fera sans Needham ni Reynolds ni Field.
C'est dommage mais le projet se prend les pieds dans ses propres outrances, comme en témoigne le carambolage final dans le désert entre des dizaines de camions et de voitures de police, absolument interminable et grotesque. Les plans de coupe sur Reynolds sont mal montés, et le dénouement sombre dans le sentimentalisme le plus mièvre.
Il n'y a pas grand-chose à sauver de ce film, sinon qu'il avançait des pistes qui auraient gagné à être mieux développées (comme la rupture entre Grenouille et Bandit, le besoin délirant de reconnaissance de ce dernier). Tout ça passe à la trappe comme si ce qui se passait en coulisses minait la comédie et faisait tourner l'ensemble au vinaigre.
Burt Reynolds a encore du charme à revendre mais son personnage est devenu antipathique par moments. Sally Field paraît s'ennuyer et n'être là, comme Grenouille, que pour le cachet. Jerry Reed ronge son frein. Jackie Gleason en fait des caisses dans un mauvais goût assez immonde. Et Dom DeLuise est épuisant en gynéco italien.
Il ne fallait pas faire cette suite. En tout cas pas comme ça, pas dans ces conditions.







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