Sam Whiskey est un séduisant aventurier vantard du Far West. Il a rendez-vous avec Laura Breckenridge, une riche veuve de l'Oklahoma, qui veut lui confier une mission improbable pour laquelle elle est disposée à le payer 20 000 $. Il s'agit de récupérer dans un bateau qui a coulé dans la rivière Platte au Colorado 250 000 $ en lingots d'or. Ce magot avait été volé par son mari, Philip Breckenridge, à la Monnaie de Denver lors d'une visite quand il était membre du Congrès et remplacé par des contrefaçons en plomb plaqué or.
Lorsque le contrôleur du gouvernement passera pour son inspection dans une semaine à la Monnaie de Denver, et que reprendra la frappe des pièces, le vol sera découvert et Laura risque d'être poursuivie comme complice. Après avoir couché avec Laura, Sam accepte cette mission et recrute deux complices : d'abord Jedediah Hooker, un forgeron, et O.W. Bandy, un ancien camarade de l'armée devenu inventeur, et leur offre à chacun une part de l'argent qu'il a déjà reçu.
Les trois hommes localisent le bateau mais ignorent qu'ils sont observés par Flat Henry Hobson, un ancien partenaire de Philip Breckenreidge, et sa bande. L'or se trouve à quinze pieds sous la surface de la rivière et Bandy a confectionné un casque de plongée avec un seau et un soufflet pour permettre à Sam d'y accèder. Mais tandis qu'il est sous l'eau, Hobson et ses hommes capturent Bandy et Hooker, puis plongent à leur tour et récupèrent les lingots. Sam, lui, s'est caché dans la cheminée à moitié immergé du bateau, attendant son heure pour sauver son ami et le pactole...
L'émergence du western spaghetti à partir de 1963 a obligé les producteurs US à trouver, dans un premier temps, de nouveaux moyens d'exploiter ce genre si spécifiquement américain. L'un de ces astuces a consisté à mélanger le western à d'autres registres, notamment des intrigues policières ou ce qu'on appelle là-bas des caper movies (ou heist movies), c'est-à-dire des films de braquages.
Sam Whiskey (en vo) est un exemple de ce type de mix. Ici, les héros ne sont pas des cowboys, des représentants de la loi ni même des outlaws, mais plutôt d'aimables voyous, pleins de charme et de ressources, des aventuriers qui acceptent des engagements ponctuels en échange d'une bonne rétribution.
Le scénario de William W. Norton nous présente d'abord Sam Whiskey comme un vantard affable qui prétend être un bon bagarreur (c'est faux) jamais à court d'idées (c'est vrai). Il a rendez-vous avec Laura Breckenridge, la veuve d'un membre du Congrès, qui veut le payer pour accomplir une mission aussi délicate qu'improbable : rendre de l'argent volé à une banque d'Etat !
Mais elle ne veut pas que la banque en question s'en rende compte car l'établissement ignore qu'il a été dépouillé par le défunt mari de Laura et qu'à la place du butin se trouve des contrefaçons. Le temps est compté pour la jolie jeune femme car bientôt on va à nouveau frapper de la monnaie et alors on se rendra compte que l'or a été remplacé. Evidemment, elle sera désignée comme complice du vol.
Whiskey refuse d'abord, trouvant le job trop extravagant, mais Laura se donne à lui pour le convaincre. Mais même ainsi, il continue d'hésiter. Elle lui offre plus d'argent qu'elle ne l'avait prévu et enfin il cède. Lorsqu'ils se quittent, elle lui glisse avoir beaucoup aimé la manière dont ils ont transigé et il acquiesce malicieusement. 
Arnold Laven n'est pas un grand réalisateur : il a surtout oeuvré comme producteur pour la télévision et un peu pour le cinéma. Très peu d'informations sont disponibles sur sa carrière et Sam Whiskey le dur (en vf) n'a pas marqué les esprits ni le box office à sa sortie. C'est une sympathique série B comme on en trouve dans les bacs de DVD à bas prix au milieu d'autres nanars.
Pourtant le film n'est pas dénué de qualités. Son scénario est bien ficelé et ménage des séquences efficaces et originales dans le cadre d'un western mélangé à un braquage à l'envers. Le repêchage des lingots dans l'épave, l'usurpation de l'identité du contrôleur de la Monnaie, la remise en place des lingots après de multiples péripéties pour les faire rentrer dans la banque, tout ça est très divertissant.
On peut se demander pourquoi en avoir fait un western, si ce n'est pour, justement, expérimenter un cocktail inattendu. Mais situé un peu plus tard, l'histoire aurait été tout aussi captivante et singulière. Par ailleurs, le choix des seconds rôles trouve sa justification à diverses étapes de l'aventure : les inventions de Bandy sont effectivement bien utiles (tout comme sa force physique) et le talent de forgeron de Hooker est crucial dans la dernière partie.
Quand à Whiskey, c'est un héros plein de gouaille, immédiatement sympathique. Certes, il joue au chef plus souvent qu'à son tour, mais son imagination est sans limites, même quand, apparemment, les obstacles sont insurmontables. On s'amuse beaucoup en sa compagnie et ses complices, d'abord plus que réticents à l'idée de l'aider, sont conquis par son énergie tout comme Laura l'est par son charme.
En 1969 aussi, pour la petite histoire, la censure évolue au cinéma, mais il reste des choses qu'on ne permet pas de montrer. Ainsi, une scène où Laura apparait nue a dû être coupée au montage sous peine de classer le film pour un public averti. Des curieux cherchent depuis cette scène manquante, paraît-il... Chacun s'occupe comme il veut.
Mais le film vaut essentiellement, en dehors de son intrigue, pour son casting. Burt Reynolds a 33 ans quand il tourne Sam Whiskey et déjà il affiche ce bagout et cette présence décontractée qui feront de lui une immense vedette dans la décennie suivante. Il ne porte pas encore sa célèbre moustache, n'est pas encore devenu l'archétype du macho man, mais fait de ce héros un de ces aventuriers irrésistibles comme sa filmographie en comptera beaucoup.
Face à lui on a Angie Dickinson qui paraît s'être beaucoup amusée dans ce rôle de veuve à la cuisse légère. La rumeur veut qu'elle se soit très bien entendu avec Reynolds, au point que les deux auraient eu une aventure pendant le tournage. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une vraie alchimie à l'écran entre eux, et que cela participe énormément au plaisir qu'on a de regarder le film.
Dans les rôles de Hooker et Bandy, on trouve Ossie Davis, un acteur à la filmographie longue d'un demi-siècle et qui a été dirigé par les plus grands tout en étant aussi dramaturge et metteur en scène, et l'imposant Clint Walker, qui fut célèbre grâce à la série TV Cheyenne et qui tourna dans Les 12 Salopards. Leur interprétation, très sobre, contraste avec celle, exubérante, de Reynolds.
Sam Whiskey le dur n'est pas un grand western, mais c'est une curiosité sympathique et très distrayante. Il lui manquait juste un réalisateur plus doué pour décoller et s'envoler.







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