vendredi 28 novembre 2025

DETECTIVE COMICS #1103 (Tom Taylor / Mikel Janin)


Il ne reste que 22 heures à Batman avant d'être obligé de se mettre en quarantaine. Pour progresser dans ses investigations contre le Lion et son moyen d'ôter la peur, il s'en remet à Lois Lane. Grâce à elle, il approche le docteur Lee qui travaille à S.T.A.R. Labs et évoque un chercheur, le docteur Toomey, dont les travaux bénéficient à l'organisation Intergang...


Le mois dernier, je m'en suis rendu compte après coup, j'ai été plutôt dur avec le run de Tom Taylor sur Detective Comics en pointant du doigt la faiblesse des méchants qu'il créait. Il est vrai que le Lion, qui fait office d'adversaire à Batman dans ce nouvel arc, n'a rien de très neuf avec son virus qui supprime la peur et peut donc pousser quiconque le contracte à commettre l'irréparable...


Je disais qu'avec un méchant plus classique de Batman comme l'Epouvantail, cette intrigue aurait aussi bien fonctionné. En même temps, on ne peut reprocher à un scénariste de ne pas céder à la facilité et d'enrichir la rogue gallery d'un héros comme Batman, quand bien même un vilain inédit a peu de chance de faire son trou si d'autres auteurs ne l'utilisent pas.


C'est ce qui était déjà arrivé à James Tynion IV quand il écrivait Batman, et aujourd'hui qui peut dire où sont Molly Miracle, Peacemaker 01. Idem pour Abyss, imaginé lui par Joshua Williamson, durant son bref passage sur le même titre. Autant de noms qui ont sombré dans les oubliettes parce que, objectivement, ils ne font pas le poids face au Joker, au Pingouin, à Bane, etc.


Pourtant il se produit dans Detective Comics 1103 quelque chose d'assez ironique par rapport aux commentaires que j'écrivais il y a un mois puisque Batman, avec l'aide de Lois Lane, tente de remonter la piste qui le mènerait jusqu'au Lion pour que Batgirl lui apprenne finalement que ce dernier vient d'enlever Jonathan Crane, c'est-à-dire l'Epouvantail !

C'est plutôt malin de la part de Taylor de (me) couper ainsi l'herbe sous le pied en utilisant son personnage en train de dominer celui qui, des ennemis de Batman, pouvait le plus facilement le remplacer. Cela donne au Lion une sorte d'impact plus saisissant que prévu puisqu'il n'a pas peur d'un vilain qui la provoque chez tous.

Avant d'en arriver là, l'épisode est construit comme un team-up très réussi entre Batman et Lois Lane. Taylor sait toujours trouver l'aspect le plus accrocheur à un personnage, c'est ce qui en fait un auteur si doué pour la caractérisation, et ce qu'il fait avec Lois Lane en est un exemple frappant quand elle doit amadouer le docteur Lee de S.T.A.R. Labs.

Avant d'entrer dans les locaux de ce laboratoire, Batman envisage de neutraliser le gardien à la réception puis de gagner l'étage où se trouve le docteur Lee. Lois le convainc d'essayer sa méthode et en voix off, Batman détaille comment la journaliste sait si bien s'y prendre pour convaincre les gens de lui ouvrir des portes.

Une fois arrivée dans le bureau du docteur Lee, Lois s'apprête à la questionner lorsque Batman, fidèle à sa légende, surgit dans le dos des deux femmes, sans qu'aucune d'elles ne s'en soit aperçue. Lois perd ses nerfs et tance Batman en lui expliquant que, pour que Lee parle, elle a besoin de temps et surtout pas d'un type déguisé en chauve-souris. Batman n'a pas le temps, mais Lois a raison de lui et obtient les infos dont il a besoin.

Cette séquence résume tout le brio dont est capable Taylor. Ce n'est peut-être pas le scénariste qui invente les intrigues les plus sophistiquées, mais quand il s'agit d'animer des personnages, c'est un des tous meilleurs dans la partie. Il a compris comment animer Lois, la faire interagir avec Batman, et le résultat produit des étincelles.

Ajoutez à cela que Mikel Janin, au dessin, à l'encrage et aux couleurs, et dans une très grande forme. L'artiste espagnol est réellement un grand, un peu mésestimé à mon goût, surtout à l'heure où tout le monde n'en a que pour Dan Mora. Sa narration est précise, dynamique, il sait tout dessiner et bien avec ça, avec un sens du cadre, de la composition qui prouve son expérience.

Là aussi, rien que pour la manière dont il représente Lois, visiblement bien inspiré par la manière dont Rachel Brosnahan l'a incarnée cette année dans le Superman de James Gunn, mais sans chercher la ressemblance avec l'actrice, c'est un régal pour les yeux.

Quel plaisir de lecture tout de même ! Et tant pis si le Lion, à la fin de cette aventure, rejoint la liste des méchants de passage....

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