Le deuxième round du tournoi pour atteindre le Coeur d'Apokolips et défier Darkseid en combat singulier pour le titre de King Omega consiste à s'emparer d'artefacts très puissants - le scarabée de Blue Beetle, la ceinture d'Atom, une Boîte-Mère, le masque de Psycho-Pirate, le venin de Bane, le lasso de vérité... Mais les héros doivent désormais compter avec les super-vilains qui se sont invités dans le tournoi...
La raison d'aimer DC K.O. est la même qui revient à être frustré par son concept : pour le côté positif, on retiendra que c'est un event très coup (4 numéros) avec un argument simple (désigner qui affrontera Darkseid pour le titre de Roi Oméga) ; et pour le côté négatif, c'est que 4 numéros, c'est bien peu pour le nombre de personnages impliqués dans ce tournoi et donc pour qu'on apprécie leurs joutes.
Toutefois, je fais partie de ceux qui voient ici le verre à moitié plein. Scott Snyder file à toute allure, et on finit l'épisode lessivé par ce déferlement ininterrompu d'action, l'ambiance électrique, la démesure absolue du contexte et du cadre. C'est en réalité très marrant parce qu'on voit que le scénariste a les coudées franches, que DC l'a laissé faire comme bon lui semble.
Et c'est en fait assez grisant de lire un event où on ne sent pas qu'un editor relit le script dans le dos de l'auteur et impose des corrections pour coller à un agenda plus vaste. Il n'y a pas forcément besoin d'avoir beaucoup de prérequis pour apprécier DC K.O. (sinon d'avoir lu DC All-In Special #1). Le plaisir est dans l'immédiateté du projet, qui donnera envie ou non de découvrir ce sur quoi il débouchera.
Néanmoins, le programme n'est pas aussi basique qu'il en a l'air : certes, la baston est au rendez-vous, et ça castagne méchamment. Les héros s'affrontent entre eux, des vilains s'invitent dans la partie et profitent du chaos général, mais Snyder réussit, et ce n'est pas rien, à glisser un peu de psychologie malgré tout, avec une bonne dose de malice.
Le personnage central de cet épisode est Lex Luthor et manifestement Snyder a envie du Luthor machiavélique, brutal, méchant, avide, et pas du Luthor que Joshua Williamson avait établi comme un allié de Superman. Ici, Lex retombe dans sa mégalomanie le plus grandiloquente, son complexe du messie refait surface comme jamais, et il se bat pour gagner.
On peut juger la façon de faire de Snyder cavalière, mais il semble agir avec l'approbation de Williamson qui est crédité comme co-scénariste (en pages intérieures, mais bizarrement pas sur la couverture...). Sa participation est très mince, ne vous attendez pas à un interlude en bonne et due forme comme dans le premier épisode .
Je crois que Snyder et Williamson ont vraiment collaboré, même si Snyder pilote tout seul DC K.O., mais si vous lisez en parallèle, comme moi, la série Superman, on se rend bien compte que Williamson en fait le tie-in indispensable, le complément de programme parfait à l'event. Donc, on n'assiste pas au triste spectacle de deux scénaristes qui ne tirent pas dans la même direction - au contraire.
Le gain de divers artefacts est un moyen tout aussi classique de provoquer des affrontements et Snyder met en jeu des objets vraiment très puissants et divers (comme des anneaux de Lanterns, le stylo de Johnny Thunder, le lasso de vérité de Wonder Woman, des épées, une lance cosmique, etc.). Ceq ui est évidemment divertissant, c'est de découvrir qui met la main dessus.
Ainsi voir Lobo s'injecter le venin de Bane ou le Joker se saisir de la ceinture d'Atom assure à l'histoire des rebondissements savoureux et des conséquences terribles. A la fin de l'épisode, il ne reste plus que 16 concurrents sur 32 au départ. Il y a de vraies surprises, mais elles sont produites d'une manière qui n'est pas trop forcée (comme Harley Quinn ou Red Hood).
Seulement, comme je le disais en ouverture, quand on élimine 16 personnages en un épisode, le risque, c'est que la mise en scène ne soit pas assez lisible, que ces éliminations soient expédiées. Et c'est là que DC K.O. aurait sans doute gagné à avoir au moins 6 épisodes au lieu de seulement quatre, pour mieux apprécier l'issue de chaque round et les victoires ou défaites des prétendants.
En même temps, il faut à la fois apprécier le tempo infernal de Snyder et les capacités physiques de l'artiste chargé d'illustrer ce script. Javi Fernandez aurait-il pu assurer 6 épisodes avec autant de personnages, de décors, de péripéties ? Peut-être, car c'est un dessinateur efficace et rapide. Mais dessiner un event est un exercice à part, même avec ces qualités-là.
Et Fernandez délivre des planches, souvent doubles, très punchy. Il zappe les décors, qui de toute manière sont ici très sommaires (on est dans une espèce de no-man's land et les éléments qui y figurent n'ont aucun impact sur le déroulement de l'action). Le trait est très dynamique, parfois dépouillé, ce qui est original pour un event (où la tradition veut que l'artiste ait un style détaillé).
Xermanico, si j'ai été attentif, intervient uniquement sur une double page, qui se fond parfaitement dans les planches de Fernandez, et qui met en scène Vixen contre King Shark notamment. L'épisode est ponctué à deux reprises de scènes précédant l'histoire où Diana, Bruce et Clark jouent à un jeu de société qui sert de révélateur à leur caractère respectif et à leur manière de gagner.
Et la dernière page, sans la spoiler, est un cliffhanger équivalent à celui du premier épisode, dans lequel un personnage déterminant avance à nouveau ses pions en vue du tournoi....
Je ne m'attendais honnêtement pas à être aussi emballé par DC K.O., mais sans doute parce que je n'en attendais rien et que ce que propose Snyder a le mérite de la clarté sans manquer de culot. Vivement la suite !
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Ci-dessous, la version undressed de la couverture régulière par Javi Fernandez :







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