jeudi 27 novembre 2025

GALACTIC #1 (of 3) (Curt Pires / Amilcar Pinna)


Jecht Marks et son partenaire Wolf sont des chasseurs de primes et Ventrill Null leur agent. Il leur propose une mission que leur confie Maxir Kesik, le conseiller du Chancelier Silva de la planète Azor, et qui exige de la discrétion, en échange de quoi une grosse récompense est promise. Il s'agit de retrouver la fille du Chancelier, Seriah, qui a fugué subitement et dont le traceur ne répond plus.


Ce qu'ignore tout le monde, c'est que la jeune femme a fui à cause de l'annonce d'un mariage arrangé avec Fabian, le fils psychopathe du Chancelier Gondek, et qu'elle a eu une vision de l'assassinat de son père par son prétendant... Jecht et Wolf acceptent le contrat et sollicitent leurs indics. Ils retrouvent vite la fille mais sans se douter de ce qui les attend, eux et les Silva...


J'ai appris à me méfier des comics publiés par DSTLRY qui, en la matière, réussit l'exploit de les sortir souvent avec encore plus de retard que Image Comics - par exemple, il s'est écoulé la bagatelle de 11 mois -!) entre les épisodes 1 et 2 de The City Beneath Her Feet de James Tynion IV et Elsa Charretier, raison pour laquelle je vais attendre sagement la fin de cette mini pour la lire et la critiquer.


DSTLRY est un malgré tout un éditeur qui produit des comics originaux et leurs floppies sont certes coûteux mais de grande qualité, au point que les séries compilées en albums rougissent presque la comparaison. Mais bon, il y a quand même un énorme problème de communication entre eux et leurs lecteurs sur leurs bandes dessinées.


Suivant les annonces de DSTLRY sur le réseau social BlueSky, j'ai entendu parler de ce projet depuis son annonce en Février dernier et j'ai été immédiatement accroché. Pourtant, je n'avais rien lu de Curt Pires avant, mais la promesse d'un space opera à la Star Wars comme si c'était écrit par Tarantino m'a intrigué. C'est du marketing certes, mais efficace.
  

Et je dois dire que la promesse est tenue. Le héros de Galactic est un chasseur de primes qui est directement inspiré de Han Solo et il a pour acolyte un extraterrestre avec une tête de chien. C'est pas Chewbacca, mais presque. On fait appel à lui pour retrouver une princesse fugueuse, qui a fui un mariage arrangé avec un jeune héritier psychopathe.

Et c'est là qu'intervient l'aspect "tarantinesque" du plot : la jolie princesse est une délurée de première, qui, une fois partie de chez elle, échoue dans un bar tenu par des hippies et couche avec une fille. Visiblement elle aime ça puisqu'elle se demande "pourquoi les femmes sont meilleures que les hommes pour bouffer de la chatte ?".

Curt Pires, avant cela, nous gratifie d'un long prologue (peut-être un peu trop long, mais quelque chose me dit qu'on reverra des personnages qui y figurent) où il présente Jecht et Wolf. Ceux-ci ont récupéré l'équipement d'un ranger de l'espace qui, en guise de remerciement, a effacé leur casier judiciaire, car ils avaient été arrêtés à la suite d'une bagarre dans un bar.

Ce prologue permet en tout cas d'introduire le personnage qui opère la liaison entre cette première mission et la suivante, celle qui consiste à retrouver la princesse. Ventrill Null est l'agent de Jecht et Wolf, c'est lui qui leur déniche de juteux contrats et, en l'occurrence, leur présente Maxir Kesik, le conseilleur du Chancelier Silva, le père de la princesse.

Le récit est extrêmement rythmé, très drôle, abondant en action. Au fond, Galactic, comme beaucoup de space operas, aurait pu être un western ou un polar, mais le scénariste a manifestement voulu se faire plaisir en déplaçant tout ça dans le futur et l'univers. Les références sont explicites et assumés, c'est vraiment comme si Tarantino avait écrit un film Star Wars.

Partant de là, Amilcar Pinna ne se dégonfle pas : son dessin est hyper expressif, et comme DSTLRY est un éditeur indé, pas de censure. On peut montrer une fille en train de bouffer la chatte d'une autre, on peut aussi montrer un chasseur de primes dégommant à la grenade des aliens. Mais ce n'est jamais racoleur, gratuit. En revanche, c'est donc très amusant et décomplexé.

Pinna, comme Pires, est une révélation pour moi : son dessin avec un trait fin et détaillé cite Moebius (dans le texte) ou plus proche de nous Frank Quitely, rien que ça. Le découpage est généreux, avec des doubles pages incroyablement détaillées, des enchaînements très fluides. Et surtout un recours à des plans en anamorphoses qui déforment les perspectives de manière super énergiques.

Le mec est un surdoué dont je m'étonne, après m'être un peu renseigné à son sujet, qu'il n'ait pratiquement pas bossé chez les Big Two (il avait dessiné All-New Ultimates chez Marvel). Comment peut-on passer ou laisser filer un tel artiste ? Incroyable ! Et pour ne rien gâcher, la colorisation est assuré par l'excellent Lee Loughridge.

On ne voit en tout cas pas filer ces 50 pages de BD grisantes. C'est formidablement écrit et mis en images, c'est assurément un titre qui va compter en 2026 (et comme il a été annoncé très en avance, je pense que les auteurs ont eu le temps de réaliser déjà pas mal de boulot). Je ne regrette pas ce retour chez DSTLRY.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire