Big Enos Burdette et son fils Little Enos, deux riches texans, cherchent en vain un camionneur pour transporter 400 caisses de bière depuis Texarcana jusqu'à Atlanta en 28 h., bien que ce soit assimilé à de la contrebande et donc illégal. Ils s'adressent à Bo "Bandit" Darville et lui offrent 80 000 $ pour relever ce défi. Le Bandit fait appel à son ami Cledus "Tom Pouce" Snow pour conduire le camion qui servira à transporter les caisses de bière tandis que lui, au volant d'une Pontiac Trans America de 1977, l'escortera en détournant l'attention des flics.
Les deux hommes arrivent à Texarcana avec une heure d'avance et charge le camion. Bandit reprend la route en éclaireur lorsqu'il voit au milieu d'une route une jeune mariée qui le prie de s'arrêter et monte dans sa voiture après avoir fui son mariage. Ce qu'il ignore, c'est qu'elle, Carrie, devait épouser le fils du shérif local, Buford T. Justice, qui va mettre un point d'honneur à la rattraper pour laver l'honneur de sa famille. Commence alors une course-poursuite à toute allure jusqu'en Géorgie.
Lorsqu'il apprend que les polices locale et de l'Etat sont à ses trousses et pourquoi, Bandit peut compter sur les avertissements et les aides de nombreux amis routiers alors que les autorités ignorent tout de la cargaison du camion de Tom Pouce qui voit disparaître puis réapparaître son escorte au fur et à mesure qu'il sème les flics... Et qu'il flirte avec Carrie dont la fébrilité et le joli minois lui inspirent de la surnommer Grenouille...
Premier volet d'une trilogie (le deuxième opus sortira en 1980, et le dernier en 1983), Smokey and the Bandit (en vo) fut, à sa sortie, un énorme succès, le deuxième film le plus rentable de 1977 juste après... Star Wars ! Il faut dire qu'il n'avait pas coûté cher (à peine 3 M $) mais avait récolté plus de 125 M $ en fin d'exploitation sur le sol américain (et plus de 300 M $ dans le monde) !
Hal Needham, le réalisateur, était jusqu'alors connu pour être la doublure cascade de Burt Reynolds (et il inspirera à Quentin Tarantino le personnage de Cliff Booth, campé par Brad Pitt dans Once upon a time in Hollywood). Il ambitionnait simplement de débuter derrière la caméra avec une petite série B et le studio Universal le soutenait du bout des lèvres.
Jusqu'à sa sortie en salles, Universal ne croyait pas aux chances du film de séduire un large public et ne déboursa pas un dollar pour en assurer la promotion. C'est l'équipe qui se déplaça à travers le pays pour attirer la foule. Même si, entre temps, Needham put compter sur Burt Reynolds, alors une immense star, pour lui faciliter la tâche.
Car si les producteurs n'espéraient rien de Cours après moi, shérif ! (en vf), c'est parce qu'initialement Needham voulait confier le rôle principal de Bandit à Jerry Reed. Pour rassurer les financiers, Reynolds accepta de jouer le héros mais en conservant Reed pour être son acolyte et Sally Field, sa compagne de l'époque, pour incarner Carrie la Grenouille (alors que là encore, les décideurs auraient préféré une actrice plus sexy).
Dans l'Histoire du cinéma, il y a des courses-poursuites iconiques, comme celle de Bullitt, de French Connection. Et puis il y a les films qui sont des courses-poursuites, comme Point Limite Zéro ou Cours après moi, Shérif !. Sur les 91' du film, on en passe les 3/4 dans la Pontiac de Bandit et le camion de Tom Pouce.
Mais contrairement à tous les films que je viens de citer, Smokey and the Bandit est d'abord une comédie. Le protagoniste est une sorte d'adorable voyou qui adore défier l'autorité sans pour autant sombrer dans la délinquance. Pour lui, il s'agit avant tout d'un jeu. Il n'est pas un mauvais bougre et son caractère gentiment rebelle lui vaut d'être aimé de la population.
C'est en somme une sorte de post-cowboy qui a troqué le cheval pour les chevaux d'une voiture et tout le monde applaudit quand il brûle un feu rouge ou dépasse les limitations de vitesse en semant une voiture de police. Il fait ce que personne n'ose faire, avec un sourire désarmant, sans volonté d'humilier, de casser, de blesser, mais pour (se) distraire.
Alors quand, en plus, il joue l'escorte d'un camion rempli de caisses de bière, tout le monde est encore plus derrière lui, souhaite qu'il réussisse, parce qu'à la fin la bibine coulera à flot pour la fête, au nez et à la barbe des policiers. Toutefois James Lee Burnett, Charles Shyer et Alan Mandel, les scénaristes, corsent un peu la partie.
En effet, alors qu'ils ont chargé leur cargaison et prennent le chemin du retour, Bandit et Tom Pouce vont devoir composer avec une invitée inattendue, Carrie, qui vient de fuir l'autel de l'église où elle devait dire "oui" au fils du shérif Buford T. Justice. Lequel, humilié, entend bien la rattraper et arrêter l'homme qui l'a pris dans son véhicule.
Très vite, Bandit se retrouve avec toutes les polices locales aux trousses et doit s'employer pour les semer tout en détournant l'attention du camion de Tom Pouce. Il trouvera quand même le temps de flirter avec "Grenouille", comme il a surnommé Carrie, qui ne tardera pas à tomber sous le charme de ce type insolent et désinvolte.
Il y a un plaisir simple à suivre ces péripéties. Le film porte en lui une bonne humeur contagieuse, nous invite à une virée folle sur les routes du Sud des Etats-Unis en chantant l'hymne d'un sympathique rebelle à l'ordre établi et à la solidarité qui s'organise autour de lui pour qu'il ne se fasse pas arrêter. Needham se révèle un réalisateur doué, avec évidemment des cascades épatantes, mais surtout un vrai sens de la comédie et de son timing.
Il y a quelque chose de cartoonesque dans ce film qui empêche de s'offusquer des saillies parfois racistes du shérif Justice, du mépris absolu pour la sécurité routière et de toute forme d'autorité pour le bien de la société. Tout ça est un peu too much, redneck même, mais comme un album du Allman Brothers Band, on ne peut résister à son groove.
Et puis Burt Reynolds est tout bonnement irrésistible dans ce rôle. Sa gouaille, son charme canaille, et sa légendaire moustache tombante associé à son stetson vissé sur la tête lui confèrent une immunité totale. Jerry Reed joue à merveille le bon pote prêt à remonter le moral des troupes quand les ennuis s'accumulent. Sally Field est pétillante à souhait. Et Jackie Gleason, que Needham a laissé volontiers improviser, est un méchant jubilatoire (mais que Bandit ne cherche jamais à déshonorer comme le prouve la fin...).
Porté par une bande-son très country, Cours après moi, Shérif ! n'a rien perdu de son attrait - au contraire, il témoigne d'une époque et d'un cinéma décontractés, qui rend nostalgique.







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