lundi 8 juillet 2024

TRUE ROMANCE (Tony Scott, 1993)


Dans un cinéma de Detroit qui projette des films de kung-fu, Clarence Worley rencontre Alabama Whitman après qu'elle a renversé son saut de popcorn sur lui. Ensuite, ils vont dans un diner manger une part de tarte et font plus ample connaissance. Il l'emmène dans le comic-shop où il travaille puis ils font l'amour chez lui.


Alabama avoue alors être un call-girl payée par le patron de Clarence comme cadeau d'anniversaire mais elle est tombée amoureuse de lui et ne veut plus le quitter - tout comme lui. Le lendemain matin, ils sortent de l'hôtel de ville mariés. Mais de retour à l'appartement, Clarence s'isole dans sa salle de bzain où le fantôme de son idole, Elvis Presley, lui conseille re règler son compte au maquereau d'Alabama, Drexl Spiveu. 


Il s'absente donc pour accomplir sa mission et après tué le proxénète, il part en emportant une valise avec les affaires d'Alabama. Sauf qu'une fois qu'elle l'ouvre, ils découvrent qu'il s'est trompé et a dérobé une quantité importante de paquets de cocaïne volée à un trafiquant de drogues. Clarence décide d'aller voit son père, Clifford, policier à la retraite, pour qu'il se renseigne sur Drexl : les flics pensent qu'il a été tué dans un règlement de comptes entre dealers. 


Peu après le départ de Clarence et Alabama pour Los Angeles où ils comptent demander à un ami acteur, Dick Ritchie, de les aider à écouler la coke auprès d'un producteur de films, Clifford reçoit la visite de Vincezo Ciccotti, le consigliere de Blue Lou Boyle, à qui appartient la drogue, et qui souhaite la récupérer...
 

C'est fou de se dire que True Romance a déjà plus trente ans ! Je me rappelle quand ce film est sorti et l'avoir trouvé si cool, si sexy, si violent : c'était le cinéma qui me plaisait à l'époque (j'avais vingt ans). Je n'y connaissais rien, je n'étais cinéphile, plutôt cinéphage et encore... Mais c'était le film à voir, le film dont on parlait entre amis. L'avoir vu, c'était faire partie du club.


J'ai ressorti le DVD et je l'ai revu après tout ce temps, sans trop savoir quel effet cela produirait. True Romance était le premier scénario écrit par Quentin Tarantino (avec Tueurs Nés) mais ses échecs répétés pour financer ses scripts l'avaient découragé et ils passaient de main en main en espérant qu'ils plairaient à un cinéaste confirmé. Tony Scott, encore auréolé su triomphe de Top Gun et du Flic de Beverly Hills 2 voulaient réaliser les deux histoires mais Tarantino ne put s'y résoudre et lui demanda de faire un choix.


Oliver Stone mettra donc en scène Tueurs Nés en 1994 et Scott True Romance un ans avant. Entre temps, en 1991, Tarantino réalisera Reservoir Dogs et s'il aima beaucoup ce que fit Scott, il détesta l'adaptation de Stone. Pourtant, malgré son statut de film culte, True Romance fut un échec commercial.

Tarantino continue à dire aujourd'hui que cette histoire est la plus personnelle qu'il écrivit. En tout cas, il y a là une forme de pureté : c'est l'oeuvre d'un jeune auteur qui a mis tout ce qu'il aimait - de la romance, de la violence, des dialogues ultra-référencés, des tonnes d'allusions au cinéma de série B, à la pop culture... Il ne s'interdit rien. C'est parfois naïf, puéril même, outrancier souvent, flirtant avec le mauvais goût, mais sincère, passionné. En somme beaucoup de choses qui ont disparu des scénarios de QT depuis (même si, avec Once Upon a time in Hollywood, il a renoué avec cette veine sentimentale).

Tony Scott n'aimait pas deux choses dans le script original : sa narration déconstruite (je me demande bien à quoi ça aurait pu ressembler raconté de manière non linéaire) et le sort réservé au personnage de Clarence à la fin. Il a dû être très convaincant pour que Tarantino lui accorde le droit de modifier ces deux éléments... Et plus tard reconnaître qu'en plus Scott avait raison : l'histoire était plus efficace ainsi et sa conclusion plus raccord avec ce qui précédait.

Le récit est parsemé de rencontres aussi fulgurantes que mémorables, on peut même dire que souvent ce n'est que ça : une succession de scènes qui sont liées entre elles uniquement par les personnages. Clarence>Alabama>Drexl>Ciccoti>Clifford>Dick>Elliot>Donowitz>les flics... Pour finir par une fusillade dantesque dans une suite d'hôtel.

Tous les seconds rôles sans exception sont haut en couleurs et incarnés par des acteurs de premier rang ou qui allaient le devenir : Samuel L. Jackson, Gary Oldman (ahurissant en rasta blanc), Brad Pitt (désopilant en mec défoncé), Michael Rapaport, James Gandolfini (absolument terrifiant), Dennis Hopper (étonnamment sobre), Chris Penn, Tom Sizemore, Christopher Walken... Et Val Kilmer en fantôme d'Elvis (toujours filmé flouté ) !

Le couple Clarence-Alabama est joué par Christian Slater, alors grand espoir hollywoodien mais qui n'arrivera jamais à devenir la star bankable qu'on prédisait qu'il serait, parfait dans ce rôle, et Patricia Arquette, qui n'était encore que la soeur de Rosanna, mais qui est ici si outrageusement belle et sexy (alors qu'elle a toujours été embarrassée par cette image) qu'elle a fait fantasmer tous les garçons alors. C'est le genre d'acteurs qui sont devenus indissociables du film, comme Nicolas Cage et Laura Dern dans Sailor et Lula (David Lynch, 1990)... Ou récemment Kristen Stewart-Katy O'Brian dans Love Lies Bleeding (Rose Glass, 2024), des films profondément influencés par l'esthétique 80's et un esprit rock'n'roll.

Je ne sais toujours pas si True Romance est un grand film ou simplement un bon souvenir auquel j'attache trop d'importance, mais c'est un de ces films qu'on revoit pour le fun mais pas que. Parce qu'il résume un état d'esprit, une époque. Quelque chose de difficile à traduire mais qui vous parle immédiatement (si vous étiez là quand c'est sorti ou que vous attendiez ça sans même le savoir).

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