jeudi 4 juillet 2024

GUARDIANS OF THE GALAXY, VOLUME 2 : HERE WE MAKE OUR STAND (Al Ewing / Marcio Takara & Juann Cabal)

Attention ! Ce qui suit contient des spoilers !
Lisez le tome 1 avant de lire cette critique.


Nova reste très affecté par la mort de Star-Lord dont il se sent responsable puisqu'il lui avait demandé son aide pour affronter les dieux de la Nouvelle Olympe. Il consulte un psychothérapeute avec lequel il revient sur son passé et plus particulièrement sur le fait que tout dépend de lui depuis son enfance, comme le lui répétait son père. Gamora pourra-t-elle lui pardonner ?
 

Les Gardiens (Rocket, Moondragon, Phyla-Vell, Marvel Boy, Groot et Hercule) se rendent au Proscenium où doit se tenir une réunion des représentants de forces galactiques pour réfléchir aux conséquences des événements qui ont secoué l'univers récemment. Marvel Boy représente l'Utopie Kree et Nova la Terre.


Mais peu après le début des débats, Marvel Boy découvre le cadavre d'un des émissaires qui le prévient de la présence d'un imposteur métamorphe dans l'assemblée. Hélas ! Noh-Varr est accusé d'avoir tué cet émissaire. Nova propose de confier l'enquête à un détective indépendant : Rocket Raccoon !


Rocket s'appuie sur les télépathes présents pour sonder les esprits des suspects puis remarque que la représentante des Badoon a un comportement étrangement calme dans cette situation, a fortiori quand le Peacebringer menace de tout faire sauter...
 

Contrairement à ce que tous ses proches pensent, Star-Lord n'est pas mort en expédiant la Nouvelle Olympe dans une autre dimension. Lui-même a été recueilli par un couple, Aradia et Mors, sur la planète Morinus. Il va y rester une centaine d'années mais le temps s'écoule différemment là-bas, découvrir sa bisexualité et renouer avec les pouvoirs solaires dont il était autrefois doté...


Star-Lord resurgit dans notre dimension alors que le maître des symbiotes, Knull, sème la terreur et détruit tous les mondes qui se dressent sur sa route. Avec ses amis Gardiens, il empêche cet ennemi de dévaster Spartax, la planète de son père J'son et de sa demi-soeur l'impératrice Victoria...
 

Mais le retour de Star-Lord cause aussi celui des dieux de la Nouvelle Olympe qui réclament réparation. Tous les Gardiens se réunissent pour les défier et Zeus leur laisse le choix du lieu de la bataille.
 

Qui en sortira vainqueur ?

Le menu de ce deuxième volume (sur trois) est copieux : pas moins de sept épisodes et trois arcs narratifs. Al Ewing donne une ampleur vraiment épique à son récit et fait feu de tout bois, alternant moments introspectifs et grands combats spectaculaires, avec un casting très riche et en faisant converger de manière impressionnante tout ce qu'il a mis en place dans les cinq premiers chapitres mais aussi en composant avec les events alors en cours chez Marvel.

Le premier arc comprend les épisodes 6 à 8. Richard Rider/Nova suit une psychothérapie pour tenter de supporter sa culpabilité après la mort de Star-Lord. Ewing dresse un portrait attachant mais sans concessions de ce héros qu'il apprécie visiblement (il le réutilisera dans sa série X-Men Red) : c'est un vétéran de guerre, éprouvé par les horreurs qu'il a vues mais aussi par les actes qu'il a commis. Le dialogue qu'il a avec Gamora, qui lui avoue avoir été éprise de lui autrefois mais ne peut lui pardonner d'avoir entraîné Peter Quill dans une mission suicide est poignant.

Puis on a droit ensuite à une detective story dans les règles de l'art, un bon vieux whodunnit ? à l'ancienne, dans le décor du Proscenium à l'occasion d'une espèce de réunion d'un conseil de sécurité galactique. Ewing mentionne l'event Empyre qu'il a co-écrit avec Dan Slott et qui n'est franchement pas une de ses réussites, mais néanmoins il s'appuie intelligemment sur cette histoire (qui a failli voir l'alliance Kree-Skrull détruire notre soleil pour exterminer les Cotati) pour mettre en scène les tensions entre représentants des grandes puissances cosmiques et leurs efforts pour renouer avec la paix.

Jusqu'à ce qu'un grain de sable vienne perturber cette assemblée... Ewing remet sur le devant de la scène Rocket Raccoon à qui il fait endosser le rôle d'un fin limier chargé de démasquer le coupable d'un meurtre qui a voulu accabler Marvel Boy. C'est à la fois drôle et intense, avec des rebondissements alertes.

Ces trois épisodes sont dessinés par l'excellent Marcio Takara (Poison Ivy). A l'époque où j'ai lu pour la première fois ces épisodes, j'avais été exagérément sévère avec lui, jugeant que son style jurait avec celui de Cabal et que ses planches étaient moins ouvragées. Mais avec le recul, j'ai apprécié que la série bénéficie d'un fill-in artist de ce calibre, un effort que ne fait pas toujours Marvel quand il s'agit de suppléer le dessinateur titulaire.

Les épisodes 9 et 10 se focalisent sur le retour de Star-Lord qu'on croyait vraiment perdu après le premier tome (sa mort était mise en scène de telle manière qu'on pouvait vraiment croire que Ewing l'avait définitivement sacrifié). Le chapitre sur la planète Morinus est vraiment étonnant parce que le scénariste fait de Peter Quill un homme qui réapprend à être celui qu'il fut à ses tout débuts, soit un individu investi de pouvoirs considérables. Par ailleurs, Ewing modifie profondément la sexualité du héros en en faisant un bisexuel (Ewing est lui-même homosexuel), même si, depuis, cet aspect n'a pas été repris par d'autres auteurs.

On enchaîne avec un épisode qui doit intégrer un nouvel event, King in Black, écrit par Donny Cates et qui a pour méchant Knull, le roi des symbiotes (donc de Venom). De manière toujours aussi surprenante, Ewing ne semble pas du tout embarrassé par cette contrainte : au contraire il en tire profit pour montrer la puissance de Star-Lord qui, pratiquement à lui seul, sauve Spartax de la catastrophe. Mais là encore, cette transformation du personnage a été depuis complètement oubliée. Ewing est un auteur qui adore la continuité, restaurer les personnages, leur donner une nouvelle dimension, mais tout le monde chez Marvel n'en tient compte, comme s'il était en définitive le seul à savoir écrire de la sorte.

Enfin, les épisodes 11 et 12 voient un autre retour, celui des dieux de la Nouvelle Olympe. Ewing explique clairement comment cela est possible et découle en fait du retour de Star-Lord lui-même. Le scénariste sonne le rassemblement des Gardiens et orchestre une bataille finale absolument sensationnelle mais aussi compacte, ce qui la rend encore plus intense et incertaine. Je ne vais pas vous spoiler l'issue du combat, mais évidemment elle est facile à deviner. N'empêche qu'en une année de publication Ewing a développé une saga complète, tout en glissant des subplots dramatiques ou plus légers, mais avec un souci constant à la fois de caractériser fortement les protagonistes et de construire des histoires qui aboutissent à une fin logique. 

Ces quatre derniers épisodes sont à nouveau mis en images par Juann Cabal qui revient gonflé à bloc. Là, il donne la pleine mesure de son immense talent, notamment dans l'épisode sur Morenus, avec des découpages insensés, remplis de cases multiformes mais à la lisibilité impeccable. Il enchaîne avec le tie-in à King of Black de façon tout aussi inspirée avant de lâcher les chevaux dans la dernière ligne droite où, s'il zappe plus volontiers les décors, il donne un rythme et une envergure à la baston tout à fait bluffante.

Comme je l'ai déjà dit dans la critique du premier tome, par la suite, Cabal ne montrera jamais plus la même énergie, la même inventivité. Comment l'expliquer ? On peut penser que les scripts de Ewing le motivaient vraiment et le poussaient donc à se dépasser, mais ce ne serait pas aimable pour les autres scénaristes avec lesquels il a travaillé ensuite. On peut donc aussi estimer qu'il a grillé toutes se cartouches et qu'il est en quelque sorte rentré dans le rang. C'est un mystère mais qui révèle la fragilité d'un artiste, surtout soumis aux deadlines impitoyables des comics et aux propositions de séries qu'on lui fait. 

Aujourd'hui, après avoir dessiné du Cosmic Ghost Rider, du Black Panther, Cabal tente de rebondir sur Daredevil, mais pas de bol, c'est avec un scénariste médiocre et seulement parce que Aaron Kuder est incapable de produire plus de deux épisodes d'affilée : l'espagnol a conservé ce style élégant, au trait fin, avec cette raideur pour les personnages, mais on sent bien qu'il n'est pas au top comme ici. Injustement, il ne sera pas reconduit pour la fin du run de Ewing sur Les Gardiens de la Galaxie, Marvel ayant préféré le jeune Juan Frigeri, pourtant beaucoup moins bon mais qui, lui, a hérité depuis de séries exposées comme Invincible Iron Man et désormais Ultimates.

Le run de Ewing aurait pur lui aussi de conclure sur cette excellente note mais il avait encore des choses à dire, pas forcément aussi bonnes, dans un troisième volume tout aussi consistant (de six épisodes et un Annual). A suivre donc...

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