vendredi 5 juillet 2024

GUARDIANS OF THE GALAXY, VOLUME 3 : WE'Re SUPER HEROES (Al Ewing / Juan Frigeri & Flaviano)


Les Gardiens de la Galaxie sont maintenant une vraie petite armée de 13 membres et si l'équipe ne dépend toujours d'aucune organisation, elle se tient prête pour toutes les batailles qui peuvent s'y dérouler. Ainsi, un premier groupe (constitué de Marvel Boy, Phyla-Vell, Drax, et Quasar - Wendell Vaugh et Avril Kincaid alternativement) intervient pour enquêter sur de mystérieuses disparitions et découvre une secte désirant ranimer d'anciennes croyances Skrulls.


D'un autre côté, un autre groupe (formé par Nova, Star-Lord, Gamora, Rocket, Groot et Moondragon) intervient sur Hala, le monde-trône de l'alliance Kree-Skrull, pris à parti par les Progéniteurs. Ceux-ci sont obligés de battre en retraite lorsque Hulkling, l'empereur de l'alliance, et son mari Wiccan joignent leurs efforts à ceux de l'équipe. Jusqu'à l'arrivée du Dr. Fatalis...


En vérité, les deux groupes, sans le savoir, sont occupés par une même affaire sur laquelle Fatalis enquête. La secte dirigée par Soeur Talionis invoque Dormammu pour qu'il investisse la planète vivante Ego. Ceci fait, il libère son armada de sans-esprit avec l'ambition pour Soeur Talionis de renverser l'alliance Kree-Skrull et de redonner aux Skrulls une position dominante...


Pour ce troisième et dernier tome, qui collecte les épisodes 13 à 18 et l'Annual de la série, Al Ewing voit les choses en grand et se déchaîne. Malheureusement, il n'est pas des plus inspirés et la comparaison avec les deux précédents arcs narratifs qui composaient une vraie saga joue en défaveur de cette ultime histoire.


Si on s'en tient aux aspects les plus favorables, on peut dire d'emblée que, si d'aventure Al Ewing écrit un jour pour DC Comics, on serait bien avisé de lui confier une série cosmique, en particulier un relaunch de La Légion des Super Héros. Parce que c'est un peu ce qu'il tente là avec Les Gardiens de la Galaxie.


En effet, à la fin du précédent volume, Star-Lord et sa bande forment une vraie petite légion et on découvre au tout début du treizième épisode, qui ouvre ce tome, que l'effectif a encore augmenté : pas moins de treize membres (même si l'un d'eux, Quasar, compte pour deux puisque Wendell Vaughn et Avril Kincaid interviennent alternativement, en fonction des besoins du collectif).


Dans le rôle du superviseur, le Super-Skrull fait aussi office d'agent de liaison avec le Proscenium car si les Gardiens sont au grand complet, ils ne dépendent toujours de personne, conservant leur liberté d'action, quand bien même sont-ils prêts à intervenir partout où on les réclame.

Ewing met en pratique ce fonctionnement en divisant l'équipe en deux brigades, intervenant sur deux zones différentes et éloignées. Il relègue certes Hercule au second plan et s'il ramène Mantis dans la partie, elle joue aussi en retrait. Quasar fait donc son grand retour (absent depuis l'époque Andy Lanning-Dan Abnett). Hulkling et Wiccan, les deux ex-Young Avengers, désormais mariés, se joignent à l'ensemble par la force des choses puisque Hala, le monde-trône de l'alliance Kree-Skrull, est victime d'une attaque spectaculaire.

Pour concerner tout ce monde, Ewing doit trouver une menace encore plus épique que les dieux de la Nouvelle Olympe et il a l'idée d'utiliser Dormammu, le seigneur de la dimension noire, invoqué par une secte de Skrulls, pour s'emparer de la planète vivante Ego. Effectivement, c'est grandiose. Mais il y a un "mais"...

Et ce "mais", c'est que en définitive, tout ça se lit distraitement, ça manque de tension, d'intensité. Le récit est plutôt efficace mais tout y semble survolé et sacrifié sur l'autel du grand spectacle, sans âme. Ce qui faisait la qualité des précédents épisodes, c'était que le scénariste parvenait à concilier la caractérisation soignée de ses héros et une intrigue sur plusieurs niveaux profonde. Ici, Ewing privilégie trop l'action et sa légion de gardiens manque singulièrement de personnalité. Ils sont trop nombreux pour tous avoir leur moment dans un arc qui ne compte que six épisodes. Et six épisodes pour treize personnages plus le couple Hulkling-Wiccan plus Dr. Fatalis, ça fait beaucoup de monde pour peu de place.

Si Ewing avait développé une histoire avec ce casting abondant sur plusieurs arcs, pourquoi pas ? Mais là, c'est le grand embouteillage. A la fin, tout le monde fête la victoire dans la station du S.W.O.R.D. (l'autre série qu'écrit le scénariste en même temps et qui précéda X-Men Red), mais on les quitte avec le sentiment que cette nouvelle version king-size des Gardiens de la Galaxie n'aura été qu'effleurée, survolée. Dommage.

Par ailleurs, après avoir été à la fête visuellement avec Juann Cabal et Marcio Takara, on déchante vite en lisant les planches de Juan Frigeri (et on a les yeux qui piquent avec les couvertures de Brett Booth). Cet artiste, sur qui Marvel a beaucoup misé et continue de le faire, affiche un niveau très moyen, avec une influence évidente, celle de Rob Liefeld. On a vu mieux, comme référence. Les décors sont le plus souvent esquissés, voire absents, et Frigeri comble le vide avec des vaisseaux spatiaux et des sans-esprits ou des Fatalibots à ne plus savoir qu'en faire. 

Cette baisse de niveau graphique achève de rendre cet arc passable, avec un goût d'inachevé, de bâclé. C'est regrettable de finir aussi mal ce qui avait été si brillamment mis en place auparavant. 

Enfin, l'album propose l'Annual de ce run et c'est largement ce qu'il contient de mieux.


Dans ce one-shot d'une trentaine de pages, Al Ewing fait équipe avec Flaviano, devenu depuis le dessinateur de l'excellente série Grim, écrite par Stephanie Phillips et publiée par Boom ! Studios. Le scénariste revient en détail sur les origines du Prince du Pouvoir, apparu précédemment dans son run.

Ce personnage est une parodie hilarante de Musclor (He-Man en vo) de la série animée Les Maîtres de l'Univers. Et Ewing s'amuse comme un fou à en reproduire les clichés les plus kitsch dans cette histoire où deux frères connaissent des sorts bien différents : l'un devient un valeureux prince défendant son royaume tandis que l'autre, moins gâté par la nature, aussi bien intellectuellement que physiquement, échoue dans un bureau où il occupe un job aliénant. Jusqu'au jour où il avale une pierre d'infinité et se transforme en Prince du Pouvoir, bodybuildé, fort comme un dieu (comparable à Hercule, mais supérieur à lui comme il ne cesse de le prétendre), quoique toujours aussi stupide (le mec détruit sa planète !).

L'auteur se défoule donc et nous, on rit beaucoup tout au long de ce scénario tordant. Flaviano le met en images avec une classe folle, de son trait tout en courbes, avec un découpage infaillible, des personnages irrésistiblement expressifs, et ce qu'il faut d'explosivité dans l'action. Bref, c'est un régal.

Si je devais tirer un bilan de ce run, c'est que, hormis sa dernière partie, c'est excellent. J'ignore pourquoi Ewing n'a pas prolongé l'aventure (sans doute la faute à un agenda déjà bien chargé) mais il surpasse nettement Gerry Duggan et fait oublier la parenthèse Donny Cates haut la main. Tout en intégrant bien des éléments employés par ses prédécesseurs, comme Abnett-Lanning ou Bendis. Visuellement, il a eu la chance de s'appuyer sur deux dessinateurs remarquables avant de devoir faire avec un troisième très en deçà. Toure sa production, la mini-série Rocket comprise, sur ce titre est disponible dans un trade paperback softcover en vo au prix très abordable (plus abordable en tout cas que les albums vf chez Panini) que voici :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire