vendredi 26 juillet 2024

THE NICE HOUSE BY THE SEA #1 (James Tynion IV / Alvaro Martinez Bueno)


La fin du monde a eu lieu il y a deux ans et dix personnes en ont été protégées dans une somptueuse maison près de la mer appartenant à leur amie commune, Max. Parmi les heureux élus, Oliver Landon Clay, acteur de 33 ans se plaint du temps. Il entend bien en débattre lors de la réunion prévue le soir même...


Nous y voilà : deux ans après la fin de The Nice House on the Lake, James Tynion IV entame la suite intitulée The Nice House by the Sea. Comment rebondir après un tel succès sans se répéter mais sans effacer ce qu'ont raconté les douze épisodes de la première mini-série ? Le scénariste rebat les cartes de manière habile et captivante.


Comme dans la première mini-série, ce premier épisode (sur douze) nous présente les dix humains sauvés par un extraterrestre de la fin du monde. On apprend ainsi qu'elle a eu lieu il y a deux ans (alors que dans la première mini, elle venait juste de se produire). Les dix élus présentent des profils encore plus variés et établissent une nouvelle dynamique narrative.


Par exemple, ici, contrairement à Walter, Max est une femme et tout le monde sait dans la maison qu'elle est une extraterrestre qui leur a épargnés une mort affreuse. Elle a aussi sélectionné ses invités d'une façon différente (je vous laisse découvrir comment). Ils ne sont pas tous dans la même tranche d'âge (donc pas tous des trentenaires) et ont des relations plus tendues pour certains.
 

Il y a donc Oliver Landon Clay, un acteur de 33 ans ; le Professeur Henry Allen, un historien de 74 ans ; Robert Washington, un mathématicien de 41 ans ; Cherri Campbell, une pop star de 34 ans ; Soko Tanaka, une artiste de 58 ans ; Victor Pace, un écrivain de 82 ans ; le Docteur Hector Aguilar, un chirurgien de 62 ans ; la sénatrice Margaret Collins, 56 ans ; le Père Frederick Beaumont, un prêtre de 48 ans ; et enfin la Professeur Quinn Thomas, une généticienne de 56 ans.


Quand je parle de relations plus tendues, l'exemple le plus net est celui qui concerne Oliver et Victor, ce dernier faisant des avances sexuelles au premier. On pourrait comprendre les réticences d'Oliver à l'idée de coucher avec un octogénaire, mais il y a une surprise de taille : Victor a l'apparence d'un jeune homme. Et c'est l'autre aspect étonnant et nouveau de cette mini-série.
 
Le casting de The Nice House by the Sea

En effet, non seulement Max n'a pas caché sa véritable nature à ses amis, mais elle a mis à leur disposition une technologie extrêmement avancée qui permet notamment de rajeunir ou de contrôler la météo (d'où la mauvaise humeur d'Oliver à cause du mauvais temps qui a été voulu par Victor alors que lui voulait profiter du soleil pour sortir se promener en bateau).

Le fait que les personnages profitent des avantages fournis par Max redessinent toutes leurs manières de se comporter avec elle et entre eux. Henry Allen n'a pas rajeuni mais pratique le culturisme. Quinn Thomas a elle aussi changé de physique radicalement pour ressembler à une top model. Ce qui rebute Oliver et force Max à modérer ces altérations pratiquées par Hector Aguilar.

Autrement dit a configuration de l'intrigue adopte une perspective complètement nouvelle : Walter gardait ses amis sous contrôle, leur dissimulait la vérité sur qui il était, et la découverte de Reg dans une seconde maison rebattait les cartes à mi-parcours; Ici, au contraire, Max a préféré faire confiance à ses invités, les gâter. La cadre reste idyllique, sans doute encore plus que la maison prés du lac, mais on demeure quand même dans un univers en vase clos. Il n'y a pas/plus de monde viable au-delà de la maison et de ses alentours. Mais vu les avantages offerts par l'endroit, nul ne songe à partir explorer les environs ou même à se plaindre d'être retenu là.

L'épisode se termine sur un twist absolument épatant qui permet de faire le lien avec The Nice House on the Lake. Cette première mini me faisait penser à Lost et avec ce qui se produit à la fin de ce premier numéro, c'est encore le cas : si vous vous souvenez de ce qui s'est passé dans la saison 2 de la série télé, vous devinerez sûrement pourquoi. Sinon, vous aurez droit à un chouette rebondissement, inattendu dans la mesure où il est arrive si vite...

Il est encore un peu tôt pour se faire une véritable idée du projet de James Tynion IV et apprécier pleinement chacun des protagonistes (certains ne prononcent pas un mot, d'autres ont des attitudes plus définies mais certainement pas définitives). Mais ça part fort et bien, le potentiel (immense) est là.

Visuellement, Alvaro Martinez Bueno affiche d'entrée de jeu des dispositions toujours aussi impressionnantes, avec la collaboration aux couleurs de Jordie Bellaire. Chaque case est remplie et composée de manière admirable, avec des parti-pris esthétiques osés mais accrocheurs. Le fait même que la maison, encore une fois superbement conçue aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, même si on n'en voit qu'une petite partie), soit au bord de la mer modifie aussi l'ambiance.

On pense à la côte grecque, au Sud de l'Europe, et lorsque la météo devient clémente, la lumière donne un côté chaleureux. Soleil trompeur bien sûr, comme si, pour paraphraser Aznavour, la fin du monde "était moins pénible au soleil"... Martinez Bueno mixe les techniques graphiques : parfois on voit distinctement qu'il n'a pas encré et donc la colorisation est directe, parfois au contraire il joue avec des à-plats de noir profonds qui intensifient les contrastes. Le découpage favorise les vignettes de dimensions généreuses.

Les personnages sont, à mon avis, plus variés dans leur physionomies, du fait de leurs plus grandes différences d'âge. On a moins ce sentiment d'être en compagnie de beaux jeunes gens et le fait que certains ont profité d'un rajeunissement provoque un malaise diffus en fonction des situations. On a même droit, shocking !, à une femme en nu intégral de face, si, si, dans un comic book DC, certes sur le Black Label, mais quand même.

J'étais méfiant, je ne le cache pas. Je suis impressionné. A l'évidence, Tynion IV, Martinez Bueno et Bellaire ont trouvé la recette pour ne pas se répéter et nous surprendre. Le succès devrait encore être au rendez-vous, et c'est mérité.

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