dimanche 28 juillet 2024

ZATANNA : BRING DOWN THE HOUSE #2 (Mariko Tamaki / Javier Rodriguez)


Après l'apparition d'un démon lors de son spectacle, Zatanna reçoit l'aide de l'inconnue qui assiste à toutes ses représentations et grâce à elle, neutralise la créature. Elle est ensuite transportée devant un conseil de disciples de son père, Giovanni, qui l'accuse d'être justement la cause de la résurgence de ces démons...


Quel bonheur, cette mini série ! J'ai déjà eu, avant de rédiger cette entrée, de dire tout le bien que j'en pensais aux deux auteurs sur Twitter, ce pour quoi j'ai reçu leurs chaleureux remerciements ("That makes my day !" dixit Javier Rodriguez). Et vous savez quoi ? Hé bien, ça fait bigrement plaisir de faire plaisir à des créateurs.
  

Sur les réseaux sociaux et Twitter en particulier, on assiste à des échanges parfois tellement surréalistes entre fans et auteurs qu'on peut légitimement se demander pourquoi certains de ces "fans" lisent des comics, si occupés qu'ils sont à chercher des poux dans la tête de ceux qui les produisent pour eux. A moi, il semble que la bienveillance n'est pas déplacée et mérite d'être de rigueur.


Parce que c'est ça, au fond, la question : pourquoi lit-on des comics ? Pour les descendre en flammes et donc agresser des artistes qui s'échinent pour les faire ? Ou pour leur dire "merci", merci pour vos efforts, pour votre imagination, pour votre patience, votre persévérance, votre passion ? Merci pour continuer à faire vivre des personnages, pas toujours de premier plan, en leur rendant justice.


Malgré sa popularité auprès des lecteurs, Zatanna ne fait pas partie des vedettes de DC. Ces dernières années la rumeur a couru qu'un film lui serait consacré et le nom d'Emerald Fennell, la scénariste-réalisatrice du magistral Promising Young Woman (2020), y était attaché tandis que ceux de Alexandra Daddario ou Ana de Armas circulait pour interpréter la magicienne. Et puis c'est tombé à l'eau avec la restructuration de DC Studios (jusqu'à ce que James Gunn ne s'en préoccupe ?).
 

Mais Zatanna : Bring Down the House, ça, c'est vraiment ce que, moi (et sans doute d'autres fans), j'attendais depuis longtemps. Une mini-série soignée, inventive, profonde et fun à la fois, qui rendrait à Ms. Zatara tout son éclat.

Le mois dernier, le premier épisode promettait beaucoup : une écriture entraînante, une caractérisation à la fois énergique et mélancolique, une fin spectaculaire... Ce deuxième numéro tient ces promesses tout en osant ne pas s'en contenter. Mariko Tamaki, tout juste auréolée d'un prix reçu à la San Diego Comic Con (pour un graphic novel réalisé avec sa soeur Jillian), tient bien le personnage en main et a concocté une intrigue accrocheuse.

Un peu comme pour Batman et ses origines traumatisantes, difficile de faire l'impasse sur la relation père-fille quand on parle de Zatanna : fille du plus grand magicien du monde, elle a causé sa mort. Mais Tamaki modifie la mise en scène de ce drame originel comme le lui permet une production estampillée DC Black Label. 

En faisant la connaissance d'une chasseuse de démons, elle est présentée à des disciples de Giovanni Zatara qui lui réservent un accueil glacial puisqu'ils l'accusent d'être la cause de l'apparition de créatures maléfiques dans notre dimension et d'avoir privé le monde de son plus grand protecteur. Zatanna réplique que son paternel lui a toujours bien fait sentir son importance au point de l'écraser mais refuse d'endosser le rôle du successeur puisque, rappelle-t-elle, elle ne pratique plus la magie. Elle est renvoyée dans son condo de Las Vegas aussi sec. 

Ce qui est très appréciable dans la façon d'écrire de Tamaki, c'est qu'elle (re)donne du tempérament à Zatanna, après un premier épisode où le personnage montrait des signes d'abattement (justifiés au vu de sa situation professionnelle). Pour l'instant, le récit n'a pas d'antagoniste, mais l'héroïne a déjà des adversaires à défaut d'ennemis avec cette assemblée de disciples hautains. Cela donne à coup sûr envie d'en lire plus car il est évident que la scénariste garde des munitions pour plus tard.

Visuellement, Zatanna : Bring Down the House a de la chance d'avoir Javier Rodriguez pour le dessin et les couleurs. L'espagnol, qui a longtemps été dans l'ombre des artistes qu'il colorisait (comme par exemple Paolo Rivera et Chris Samnee sur Daredevil), affiche à chacun de ses nouveaux projets un talent impressionnant.

Sa manière de découper une planche, d'enchaîner les cases, de jouer avec leur format, leurs formes, est à la fois sophistiquée et fluide. Chaque image est riche en informations, détaillée, mais jamais encombrée. Rodriguez donne cette impression, insolente, de ne jamais forcer tout en nourrissant le lecteur grâce à une esthétique très raffinée, qui a une sensibilité très européenne. On sent surtout l'immense plaisir qu'il prend à travailler sur cet univers, ce personnage, ce script. Et le lecteur est donc gâté par cette qualité sur tous les plans entre une histoire prenante et magnifiquement dessinée.

Pas de doute : Zatanna : Bring Down the House voit loin et s'en donne les moyens. Plus que jamais le DC Black Label s'impose comme cette dimension de poche qui réserve des merveilles à ceux qui cherchent autre chose avec des personnages qu'ils aiment ou qui sont négligés. Un bonheur, vous dis-je !

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