Le Joker est rentré à Gotham en emmenant avec lui le tueur en série fraîchement ressuscité Christopher Killex. Les deux criminels ne s'entendent pas sur une collaboration et Killex abandonne le Joker pour se refaire la main dans les bas-fonds de la ville. Cependant Dylan Dog arrive à son tour à Gotham, reçu par le commissaire Jim Gordon.
Averti, Batman les rejoint chez le médecin-légiste qui procède à l'autopsie des premières victimes de Killex. Mais un détail cloche pour Dylan Dog : c'est comme si Killex repartait de zéro, revenu d'entre les morts il aurait oublié son "art". Auparavant Batman a capturé le Joker qu'il a reconduit à l'asile d'Arkham et qui demande à parler uniquement à Dylan Dog.
Mais le temps presse car Killex sème la mort. Et puis, une fois appréhendé, que faudra-t-il faire de lui, car Dylan Dog l'assure à Batman : l'asile d'Arkham ne suffira pas...
Cette mini-série s'achève de manière magistrale. Et en vérité on voudrait que ça ait duré plus longtemps. Ou mieux : que DC offre à Roberto Recchioni l'opportunité d'écrire de nouvelles aventures de Batman, avec ou sans Dylan Dog, tant l'auteur italien a maîtrisé son sujet.
Car, oui, c'est un comble, mais la meilleure histoire de Batman que j'ai lu depuis un bail vient d'être imaginée et rédigée par un italien. Non seulement Recchioni a réussi à combiner les univers de Dylan Dog et de Batman, à faire co-exister les deux héros de manière cohérente et divertissante, mais surtout il a prouvé qu'il avait mieux compris que beaucoup de scénaristes américains le dark knight en l'intégrant à une intrigue palpitante et originale.
Pour ce troisième et dernier acte, on retourne donc à Gotham où le Joker a entraîné le serial killer Christopher Killex, tout juste ressuscité, avec le projet d'en faire son partenaire pour créer le chaos dans Gotham. Sauf que le Joker a ignoré que Killex n'était pas un anarchiste : il est même tout le contraire, pour lui le meurtre est un art qui s'épanouit dans la discipline, l'ordre. La collaboration entre les deux meurtriers tourne donc court.
Mais ce n'est pas la seule chose qui cloche avec Killex et sur ce deuxième point, Recchioni fait la preuve de son génie narratif : en effet, comment revient à la vie un homme qui en a été privé et dont l'âme a séjourné en enfer ? Hé bien, il est à présent comme un individu ayant tout à réapprendre. Et dans le cas d'un tueur en série, cela suppose de réapprendre à tuer, à recouvrer ses moyens, à re-maîtriser son art.
Les victimes de Killex sont vite retrouvées et Batman et Dylan Dog doivent donc se presser de l'arrêter. Mais par où commencer ? Car Batman a beau être le plus grand détective du monde, il ne connait pas Killex. Quant à Dylan Dog, il est en territoire étranger à Gotham. Leur salut viendra donc... Du Joker. Recchionni s'inspire, là, du Silence des Agneaux, substituant le Joker à Hannibal Lecter et Killex à Buffalo Bill. Un tueur en série fournissant des indices pour coincer un autre tueur en série.
La dernière partie de l'épisode est sensationnelle, moins pour le dénouement proprement dit (on sait que Batman et Dylan Dog vont coincer Killex) que pour la résolution du problème que pose Killex. Un tel individu dans l'asile d'Arkham ou en prison ne solutionne rien. Le tuer est exclus (code moral des héros oblige). Alors comment Batman et Dylan Dog vont boucler le dossier... Je vous laisse le découvrir (le recueil en vo sortira en Juillet, et je pense quelques mois plus tard chez Urban Comics), mais Recchioni trouve une issue remarquablement intelligente, à la fois logique et inventive.
Visuellement, cette mini-série aura été un grand moment et Gigi Cavenago et Werther Dell'Edera ne faillissent pas pour ce dernier numéro. J'ai sélectionné pour illustrer cette critique majoritairement des splash pages car elles témoignent du brio des deux artistes pour composer des images fabuleusement concises et spectaculaires. Mais la narration graphique est magistrale de bout en bout.
Ce qui frappe là encore, c'est la facilité avec laquelle les dessinateurs se sont appropriés les personnages, les décors, et ont abouti à un mix parfaitement crédible, habile. Au début, on pouvait douter qu'associer Batman et son costume super-héroïque et Dylan Dog, détective en civil, puisse fonctionner. Plus de 200 pages après, non seulement, ça marche, mais surtout le contraste esthétique participe pleinement au charme unique de cette production.
Encore une fois, les décors, les jeux d'ombres et de lumière, sont admirables, d'une technicité époustouflantes. Tous les italiens n'ont pas ce niveau de dessin, mais là, on est vraiment dans le haut du panier, sans parler du travail des coloristes (Giovanna Niro et Laura Ciondoloni).
Bref, il faudra surveiller l'album qui collectera ces trois maxi-épisodes car Batman / Dylan Dog figure déjà en bonne place parmi les meilleurs comics de 2024, et, à ce titre, doit figurer dans toute bonne bibliothèque.
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