vendredi 17 mai 2024

FREE FIRE (Ben Wheatley, 2016)

 

Par une nuit froide de 1978, alors qu'ils rejoignent en camionnette leurs camarades de l'I.R.A. Chris et Frank, Stevo raconte à Bernie comment la veille il a été frappé par le cousin d'une fille à laquelle il demandait une faveur sexuelle. Les deux jeunes hommes retrouvent à l'extérieur d'un entrepôt Chris et Frank en compagnie de Justine, qui a organisé leur rencontre avec des marchands d'armes. Ord, le représentant de ces derniers, les fait entrer dans l'entrepôt.



Ils font la connaissance de Vernon et de son partenaire Martin, suivis de Harry et Gordon. Malgré le tension ambiante et le fait que Vernon se soit trompé de marque de fusils, la transaction s'opère. Harry et Gordon déchargent les caisses d'un van tandis que Chriss remet une mallette pleine d'argent à Martin qui vérifie que la somme correspond au prix fixé.


Mais la situation dérape brusquement car Stevo reconnaît Harry, l'homme qui l'a frappé la veille, et réciproquement. Justine et Ord cherchent à calmer les deux hommes et Stevo accepte de présenter des excuses pour son comportement. Avant de se vanter de ce qu'il a fait à la cousine de Harry. Celui-ci dégaine alors son revolver et tire sur Stevo, le blessant à l'épaule. Les deux groupes se séparent et commencent à se tirer dessus. Martin est touché à la tête et s'effondre, la mallette d'argent tombe à côté de lui.
 

Pour ne rien arranger, deux tireurs postés en hauteur ouvrent le feu sur les deux groupes  - sans lien avec aucun des deux...


J'ai procédé par ricochet : après avoir vu le dernier film de Guy Ritchie avec Henry Cavill (The Ministry of Ungentlemanly Warfare), j'ai enchaîné avec leur précédente collaboration (Des Agents très spéciaux - Code : U.N.C.L.E.) où Cavill donnait la réplique à Armie Hammer. Lequel tient un des premiers rôles de ce Free Fire.


C'est la deuxième fois que je vois de film que j'avais découvert il y a quelques années, un peu par hasard, en apprenant qu'il avait été co-produit par Martin Scorsese. C'est un polar à tout petit budget (7 M $), dont l'action se situe à la fin des années 70, en forme d'exercice de style. Ou comment tenir 90' avec pour quasiment seul argument une longue fusillade entre des hommes de l'IRA et des trafiquants d'armes.


En réalité, il n'y a évidemment pas que ça. Déjà, la fusillade dantesque à laquelle se livrent les personnages ne débute qu'à la trentième minute. Mais surtout on ne fait pas que se tirer dessus dans Free Fire puisqu'il s'agit, un peu comme Reservoir Dogs auquel il est fait explicitement référence, d'un huis clos où le spectateur est invité à parier sur the last man standing (le dernier survivant).

Ben Wheatley est un drôle de cinéaste : révélé en 2011 par Kill List, ce monteur de formation a fait ses classes à la télévision anglaise. Amoureux du cinéma bis, il a visiblement mis toute son énergie dans Free Fire, mélange de film d'exploitation et de néo-film noir. Le résultat ne connaîtra pas le succès en salles (n'engrangeant qu'un peu plus de 2 M $ de bénéfices) et condamnant Wheatley à renoncer à un plus gros projet ensuite (un film sur des chasseurs de monstres qui devait réunir Armie Hammer et Alicia Vikander) déjà bien avancé en pré-production. Depuis, il a signé un remake dispensable de Rebecca de Hitchcock d'après Daphné du Maurier pour Netflix et la suite d'un nanar, En Eaux troubles.

Free Fire restera donc sûrement un coup d'éclat unique dans sa filmographie. Wheatley méritait certainement mieux quand on voit avec quelle inventivité il transforme ce script minimaliste en divertissement complètement barjo où très vite tous les personnages sont contraints de ramper dans un entrepôt désaffecté, tous ayant pris au moins une balle dès le début des hostilités.

Ces hostilités trouvent leurs origines dans une affaire qui n'a rien à voir avec le deal qui réunit des irlandais et des américains, dégénérant sans retour jusqu'à ce que tous doivent trouver la mort au terme de souffrances absurdes. Pourtant, cela n'empêche pas Wheatley et sa co-scénariste Amy Jump de caractériser savoureusement chacun des héros, d'en faire des bandits à la fois attachants, idiots, incorrigiblement dédiés à en finir avec ceux avec lesquels ils voulaient faire affaire.

Tout cela aurait pu suffire mais le récit réserve des surprises, à commencer par la révélation insoupçonnable du commanditaire des deux tueurs embusqués dans les étages de l'entrepôt et le suspense autour de la mallette pleine de billets que tous convoitent. Il est rigoureusement impossible de savoir qui mettra la main dessus ni d'identifier celui qui a voulu doubler tout ce beau monde.

Wheatley filme avec imagination ce qui n'aurait pu être qu'une interminable fusillade et son expérience de monteur rend tout toujours très lisible, malgré la profusion de personnages et l'unique décor. Et puis surtout le casting est royal, même si le réalisateur a dû changer ses plans jusque peu de temps avant le tournage.

Ainsi Sharlto Copley a remplacé Luke Evans dans le rôle de Vernon et lui a apporté certainement plus d'exubérance. Olivia Wilde a, elle, laissé sa place à Brie Larson dans le rôle de Justine, la seule femme de cette histoire mais pas la moins coriace. Armie Hammer est irrésistible en négociateur complètement embrumé par la marijuana qu'il fume pour se détendre entre deux coups de feu. Et Cillian Murphy est comme d'habitude magnétique en soldat de l'IRA bien décidé à rentrer à la maison avec les armes qu'il est venu chercher. Dans des seconds rôles mémorables, on notera Jack Reynor (Harry), Baboo Ceesay (Martin) et surtout Sam Riley (Stevo).

Pan ! T'es mort ! - Toi d'abord !

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