samedi 4 mai 2024

DAREDEVIL, VOLUME 5 : TRUTH/DARE (Chip Zdarsky / Marco Checchetto, Francesco Mobili, Mike Hawthorne, Manuel Garcia & Chris Mooneyham)


Au terme de la bataille de Hell's Kitchen,Daredevil de livre aux autorités, las de sa double vie et voulant être jugé pour la mort de Leo Carraro. Foggy Nelson tente de la raisonner puis Cole North plaide sa cause en expliquant qu'il a permis d'éviter nombre de morts, mais rien n'y fait. Le procureur Ben Hochberg le reçoit dans son bureau et veut qu'il se démasque, lui promettant que cela restera entre eux.
 

Hochberg et Wilson Fisk veulent faire du procès un exemple pour la communauté super-héroïque, même si le procureur ne tient pas non plus à accabler Daredevil et retient seulement le chef d'inculpation d'homicide involontaire. DD est laissé en liberté dans l'attente de son procès et il en profite pour régler quelques affaires.


A Iron Man/Tony Stark, il demande d'acquérir Hell's Kitchen pour empêcher les Stromwyn de contrôler le quartier. A Spider-Man, de veiller à ce que Izzy Libris, devenue la nouvelle patronne de la pègre selon le souhait du Caïd, de veiller ce que le crime organisé ne gangrène pas l'endroit. Foggy, lui, prépare la défense de son client en faisant appel Kirsten McDuffie...


Foggy implique aussi Mike Murdock pour qu'il joue le rôle de Matt durant le procès. Et Elektra propose ensuite à Daredevil, une fois derrière les barreaux, de le faire évader. Il refuse évidemment, ce qui la pousse à prendre une décision qui prouvera à son amant qu'il peut lui faire confiance...


Ce cinquième tome du Daredevil de Chip Zdarsky est le plus consistant avec cinq épisodes et un Annual (j'en reparle plus loin). Ces chapitres ont la lourde tâche de passer après ceux du précédent album qui voyait la culmination des intrigues développées par le scénariste dans une bataille dantesque dans le quartier de Hell's Kitchen.
 

Pourtant, loin de fêter sa victoire, Daredevil décide de se livrer à la police : la mort de Leo Carraro le hante toujours, et il s'est rendu compte que ses actions de justicier masqué ne justifie pas l'impunité. Il veut répondre de ce qu'il a fait devant la justice qu'il a servi comme avocat quand il est Matt Murdock, pour savoir simplement s'il mérite de continuer ainsi. Ce choix va provoquer une réaction en chaîne qui impacte tout son entourage, amis comme ennemis.

Chip Zdarsky se prive donc de scènes d'action, ou du moins les réduit au maximum (quelques truands mis hors d'état de nuire, une démonstration de force avec Spider-Man). Le temps est à l'examen de conscience... Et au retour de quelques figures provenant des runs de ses prédécesseurs, en particulier Mark Waid et Charles Soule. Ainsi voit-on resurgir Kirsten McDuffie puis Mike Murdock. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cela contrarie Daredevil de les savoir impliqués dans on futur procès.

Tout fonctionne, Zdarsky n'éludant aucun élément. Bien entendu, la décision de Daredevil de se laisser juger peut s'expliquer par son rapport à la religion, une forme de sacrifice. Mais c'est aussi décrit intelligemment comme une façon d'assumer ses responsabilités :les super-héros sont-ils au-dessus des lois ? Ou doivent-ils répondre de leurs actes comme tout citoyen ? Et on mesure alors que ce dans quoi s'engage Daredevil pourrait avoir des conséquences dramatiques pour toute la communauté des justiciers (même si, en vérité, Marvel n'exploitera pas cette question comme elle le mérite).

Marco Checchetto dessine les épisodes 21, 23 et 25 : il accomplit un superbe travail, où encore une fois il ne s'économise pas, et fait vivre les scènes de façon intense au lecteur. Bien entendu, il lui arrive de zapper les décors pour gagner du temps, tenir la cadence, mais dans l'ensemble, ses planches gardent cet esthétisme nerveux qui correspond si bien au script de Zdarsky. Il excelle aussi bien à représenter Daredevil fourbu, au bout du rouleau, que Elektra ou Kirsten McDuffie, et réserve de beaux moments valorisant Foggy. Julian Totino Tedesco qui était le cover-artist de la série étant parti, Checchetto le remplace aussi à ce poste désormais.

Francesco Mobili se charge de l'épisode 22 : malheureusement, on lui a collé un encreur qui dénature totalement son trait avec Victor Olazaba, plutôt habitué à collaborer avec Chris Bachalo ou Humberto Ramos. Résultat : c'est la déception. De petits détails inutiles affadissent plus qu'ils n'enrichissent le dessin. Dommage.

Enfin, Mike Hawthorne signe l'épisode 24 et là, c'est carrément moche. Encré par JP Mayer, son trait anguleux produit des effets désastreux, avec des personnages surjouant et grimaçant, aux postures rigides. Pourtant, c'est lui qui va devenir le fill-in régulier de Checchetto par la suite...

Pour conclure, quelques mots sur l'Annual, paru entre les épisodes 21 et 22 :
      

Chip Zdarsky réintroduit ici Mike Murdock, une des créations les plus loufoques de la série. A une époque, Matt Murdock, pour préserver sa double identité, se créé un jumeau, Mike. Charles Soule, lors de son run sur la série, ressort cette astuce du chapeau en lui donnant une tout autre dimension : à cause de l'Inhumain Lecteur, Mike Murdock devient un être à part entière, sauf qu'il est en réalité un pantin, sans âme, sans conscience et sans passé, surgi littéralement du néant.

Zdarsky a tout de même pensé qu'il y avait là quelque chose à en tirer pour son propre run. Il en fait le complice de the Hood (création de Brian K. Vaughan et Kyle Hotz et Eric Powell, dont Brian Michael Bendis fera un ennemi de ses New Avengers puis un membre de la Cabale de Norman Osborn). Découvrant que Parker Robbins de son vrai nom possède une pierre des nornes asgardiennes, Mike la lui dérobe pour percer le mystère de ses origines. Ce faisant, il réécrit toute l'histoire des Murdock : il est effectivement le jumeau de Matt, fils de Jack et Margaret, mais contrairement à son frère c'est un mauvais garçon, mal aimé de son père qui loue la droiture de son autre fils.

Devenus adultes, Matt devient avocat tandis que Mike continue ses magouilles minables. Et lorsque, présentement, Daredevil s'apprête à affronter les juges et lui demande de quitter la ville car il ne pourra plus veiller sur lui, Mike désobéit et s'associe à son vieil ami, Butch Pharris, le fils de Wilson Fisk qui l'a, comme Jack Murdock, laissé tomber.

Mine de rien, Zdarsky a transformé du plomb en or puisqu'il a incarné Mike et l'a intégré à l'intrigue en cours. Ce n'est pas qu'une passade car quand ce volume de Daredevil s'achèvera pour aboutir à l'event Devil's Reign, Mike en sera un des acteurs majeurs.

Les dessins de cet Annual ont été confiés à Manuel Garcia, pour les scènes au présent, et il s'en tire très bien, dans un style qui n'est pas sans évoquer Trevor Hairsine. Pour le flashback au centre de cet épisode, c'est Chris Mooneyham, dans un registre qui rappelle Adam Kubert, qui s'en occupe, tout aussi efficacement.

A suivre donc...

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