mardi 14 mai 2024

THE MINISTRY OF UNGENTLEMANLY WARFARE (Guy Ritchie, 2024)

 

Fin 1941. Au plus fort de la seconde guerre mondiale, le Royaume-Uni refuse de capituler face aux assauts de l'Allemagne nazie dans sa conquête de l'Europe et malgré les bombardements réguliers de la Luftwaffe sur Londres. Le brigadier Colin Gubbins avec le soutien du premier ministre Winston Churchill met au point l'opération Postmaster, une mission de sabotage secrète et non officielle destinée à perturber le réapprovisionnement des sous-marins allemands au large de l'île Fernando Po contrôlée par l'ennemi. 



Deux agents du SOE (Secret Operations Executive), Marjorie Stewart et Ricardo Heron, partent en éclaireurs à Fernando Po tandis que Gus March-Phillips est contacté par Gubbins pour former un commando chargé de détruire La Duchessa, navire de ravitaillement italien et ses deux remorqueurs. Gus embarque à bord du chalutier La Demoiselle d'Honneur avec Anders Lassen, George Hayes, et Freddy Alvarez. Ils doivent organiser l'évasion de Geoffrey Appleyard, agent du renseignement capturé par les nazis et détenu dans les Canaries.


Pendant ce temps, Marjorie et Rocardo utilisent le club de ce dernier comme couverture pour enrôler des renforts locaux dont les trafics sont perturbés par l'occupant. Marjorie, elle, doit séduire le commandant SS Heinrich Luhr duquel elle apprend que la coque de La Duchessa a été récemment renforcée pour être insubmersible en vue de son départ trois jours plus tôt que prévu.


Prévenus par radio, Gus et sa bande n'ont d'autre choix pour gagner Fernando Po que d'emprunter que voie maritime de l'Afrique de l'Ouest où les navires britanniques et les sous-marins allemands croisent. Ce qui signifie, s'ils sont interceptés, soit la prison, soit la mort...


Projet longuement mûri par Guy Ritchie, The Ministry of Ungentlemanly Warfare est inspiré de faits réels. D'ailleurs, à la toute fin du film, on voit défiler les photos des protagonistes avec la mention des récompenses que leur ont valu leurs actes héroïques durant la guerre. Mais, disons-le, le génie du cinéaste est d'avoir su transcender cette page méconnue d'Histoire pour en faire un divertissement jubilatoire.


Je dois dire que la filmographie de Ritchie ne me passionne guère, mais il a quand même signé un de mes films préférés de ces dernières années, Des Agents très spéciaux - Code : U.N.C.L.E. (2015), adapté de la série culte des années 60, et le diptyque Sherlock Holmes. Cependant, si ses scénarios ne m'attirent guère généralement, je lui reconnais un vrai talent pour la mise en scène.


Malheureusement, malgré toutes ses qualités, The Ministry... a essuyé un échec cinglant au box office américain (le public des Etats-Unis boude souvent ces temps-ci ce genre de divertissements popcorn). C'est injuste et difficilement incompréhensible tant le résultat final a tout pour plaire. La faute à une bande-annonce mal fichue ?

Il ne faut pas surestimer l'impact d'un trailer, mais c'est quand même ce qui est censé attirer les foules dans les salles. Or, dans ce cas, qu'y voyait-on ? Un Henry Cavill barbu mitraillant des nazis en tirant la langue comme un cinglé, des explosions, un montage hyper haché, l'impression que tout ça était une grosse farce, une parodie de film de guerre.

Or The Ministry... est tellement meilleur que ça. Plus qu'un film de guerre, le projet ressemble à un western avec ses sept mercenaires (l'équipage de cinq hommes de Gus MarchèPhillips et le duo Marjorie Stewart - Ricardo Heron) qui doivent accomplir une mission qui a tout l'air d'être impossible, dans un décor exotique et embrassant les clichés du genre sans complexes mais avec une efficacité redoutable.

Evidemment, la traversée du chalutier dans un couloir maritime au large de l'Afrique de l'Ouest n'est pas forcément le morceau le plus palpitant (comme le fait remarquer un personnage à bord : "c'est un voilier, pas un hors-bord !"), mais Guy Ritchie a suffisamment de munitions pour que sa narration parallèle entre ce périple océanique en eaux troubles et les préparatifs de l'arrivée de ce commando à Fernando Po suffise à compenser ce qui, autrement, aurait été une progression laborieuse.

Les scènes d'action s'enchaînent sans non plus engloutir le propos. Ritchie et ses scénaristes prennent soin de bien contextualiser le récit et de rappeler à intervalles réguliers que Winston Churchill en approuvant cette initiative clandestine, menée par des hommes roués au combat mais indociles, risque sa place de premier ministre à cause de haut gradés militaires qui préféreraient capituler face aux nazis plutôt que laisser le Royaume-Uni sous les bombes. Aux côtés du brigadier Gubbins, on voit aussi un jeune fonctionnaire du nom de Ian Fleming qui s'inspirera ensuite de Gus March-Phillips pour caractériser James Bond.

Le dernier tiers du film est le plus spectaculaire, les rebondissements s'enchaînent, les difficultés augmentent, les héros doivent improviser. Guy Ritchie emballe ça avec une énergie communicative qui fait souhaiter au spectateur que le commando réussisse et que les nazis se fassent dézinguer (ce qui est toujours réjouissant). Et on se dit alors que The Ministry... réussit là où Argylle se vautrait lamentablement : ici, le film tient ses promesses, ne joue pas au plus malin avec celui qui le regarde, amuse et fait vibrer, fait sourire de manière complice.

Et de constater que le point commun entre Argylle et The Ministry..., c'est donc Henry Cavill : l'ex-Superman de Zack Snyder est excellent dans ce rôle de tête brûlé, moins grimaçant que dans la bande-annonce. A se demander ce qui retient les producteurs de James Bond de lui filer le matricule 007... A ses côtés, il y a l'impressionnant Alan Ritchson (vu dans les séries Titans et surtout Jack Reacher), colosse pince-sans-rire irrésistible. Eiza Gonzalez enfile les robes de la femme fatale avec un naturel affolant mais surtout avec une interprétation oscillant sans cesse entre premier et second degré très bien vue. L'ensemble de la distribution est parfait, avec mention à Cary Elwes (dans le costume de Gubbins) et Rory Kinnear (méconnaissable en Churchill) sans oublier Til Schweiger (en SS vraiment flippant).

Voilà un divertissement quatre étoiles, qui, je l'espère, sortira en salles en France (à ce jour, aucune date de sortie n'a été communiquée). Mais, même s'il est récupéré par une plateforme de streaming, il a tout ce qu'il faut pour cartonner.

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