lundi 6 mai 2024

DAREDEVIL, VOLUME 7 : LOCKDOWN (Chip Zdarsky / Marco Checchetto, Mike Hawthorne, Stefano Landini, Francesco Mobili et Manuel Garcia)


Wilson Fisk avait promis de l'aide à Izzy Libris pour se débarrasser d'Elektra pendant que lui s'occupait de Matt Murdock.  Mais Izzy a négocié avec la Main en échange de la résurrection de son fils tandis que Fisk apprend que Bullseye a échappé aux savants à qui il l'avait confié pour le rendre plus docile à ses ordres.


Cependant, en prison, Matt a conclu un marché avec le FBI via Cole North pour découvrir ce que manigancer le directeur du pénitencier. Elektra est prise en chasse par Bullseye et découvre qu'il a été cloné. Vite dépassée par la situation elle s'en remet à Iron Man qui l'a sauvée d'une mort certaine et lui demande de lui fournir de quoi arrêter le tueur.
 

Bullseye sème la panique et un couvre-feu est décrété par Fisk qui sait qu'il est sur la liste des cibles du tueur. Typhoid Mary part à son tour traquer Bullseye. De son côté, Murdock met à jour les secrets du pénitencier où il est détenu et provoque une émeute puis demande à négocier directement avec Cole North. Celui-ci réussit à le raisonner quand il lui révèle que Bullseye commet un carnage en ville...


Je vous le dis comme je le pense : ces six derniers épisodes sont les épisodes de trop dans le run de Chip Zdarsky. Le scénariste a développé tellement d'intrigues parallèles et simultanées qu'il éprouve tout le mal du monde à en tirer quelque chose de composite et de lisible. Qui trop embrasse mal étreint...


Alors que fait Zdarsky pour quand même tenter de sauver les meubles et conclure en beauté ? D'abord, il se débarrasse d'Alice que Elektra a pris son aile et qui comprend qu'elle ne peut s'en occuper intelligemment. Ensuite, il injecte dans la série un des éléments incontournables : Bullseye.


Lira-t-on un jour un run de Daredevil sans le Caïd et le Tireur ? Mark Waid y était presque parvenu et semblait en tout cas avoir mis Bullseye à la retraite pour un long moment. Mais ce dernier ne reste jamais hors service bien longtemps et s'il a été notoirement absent du run de Charles Soule, Zdarsky n'a pas résisté à le ressortir de là où il était. Pire : il l'a cloné !


D'où une énième confrontation entre le tueur et Elektra à laquelle tout auteur rêve de se mesurer depuis Frank Miller. Elle aboutit dans une bataille besogneuse, laborieuse, à laquelle se mêle Typhoid Mary, mais qui manque singulièrement de puissance et qui se dénoue d'ailleurs de manière expéditive, comme si le scénariste lui-même n'y croyait pas/plus.

Du côté de Matt Murdock, c'est aussi mal fichu : dans le précédent tome, refusant toujours un allégement de sa peine, il a néanmoins accepté de servir de taupe pour le FBI qui suspecte le prison où il se trouve de pratiquer des expériences sur les prisonniers. Tout ça culmine avec une émeute provoqué par Matt lui-même sous l'effet d'une drogue qui désinhibe la colère chez ceux qui la respirent.

Mais là encore, Zdarsky s'est engagé dans une voie dont il ne paraît pas connaître l'issue et donc il s'en sert pour lâcher Murdock en plein Manhattan afin qu'il aille s'occuper de Bullseye. Le problème avec toute cette intrigue autour du Tireur, c'est que c'est mal foutu, incohérent : avec tous les super-héros que compte New York, ça ne suffit pas encore pour localiser un tueur aussi cintré que Bullseye et l'arrêter. Seuls Murdock et Elektra réussissent là où  tous les autres réunis échouent !

Il y avait pourtant là une belle matière pour alimenter un récit anxiogène mais Zdarsky a fait n'importe quoi et conclut sans éclat. C'est dommage mais ça montre surtout les limites d'un univers partagé, a fortiori dans une ville qui concentre autant de héros. Lorsque Batman est confronté à un adversaire équivalent, il peut certes compter sur des alliés locaux, sa Bat-famille, même rien d'équivalent à tous les justiciers new-yorkais. Cette intrigue aurait davantage fonctionné avec Daredevil à San Francisco (l'autre ville où il a résidée). Dommage.

Le dernier épisode (le n°36) est un festival de moments wtf : je vais un peu spoiler mais bon, ce n'est pas criminel. Wilson Fisk épouse Typhoid Mary. Pourquoi pas ? Ce n'est pas plus idiot qu'autre chose puisque depuis la création de Mary dans le run de Ann Nocenti et John Romita Jr., elle et le Caïd se chauffent en permanence sur l'air de "je t'aime moi non plus" (que reprendront Brian Michael Bendis et Alex Maleev). Du coup, ça donne l'idée à Murdock d'une nouvelle tactique pour faire la paix avec son vieil ennemi et, là, je n'en dis pas plus, mais c'est assez malin.

Non, ce qui ne fonctionne pas dans cet épisode, c'est tout ce qui gravite autour : d'abord ce qu'il advient du statut de Murdock. C'est d'une absurdité sans bornes. Zdarsky a besoin de son héros à nouveau libre pour l'event qu'il va livrer, Devil's Reign, et donc il nous sert une solution grotesque, tellement grotesque que ça n'empêche pas Murdock de continuer à faire la leçon à Reed Richards sur ce qui est juste ou pas. Mais avant ça, visiblement, avoir provoqué une émeute, en avoir profité pour s'enfuir et neutraliser le Tireur a rendu le système judiciaire subitement très clément... Au point qu'il n'est plus fait mention de la mort de Leo Carraro par laquelle tout a quand même commencé. Fallait oser !

Décidément, Marvel, dont le héros le plus populaire est quand même Spider-Man, celui dont la devise est "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités", a de gros problèmes pour appliquer ce principe puisque, quand il s'agit d'éviter la prison à ses personnages, c'est oublié. Là, cinq semaines après l'émeute qu'il a provoqué, Murdock est relâché et son dossier criminel est classé !

Enfin, il y a la partie graphique et là non plus, c'est pas glorieux. Marco Checchetto tire sa révérence en petite forme : il ne dessine que le #33. Bon, il a aussi une bonne excuse : il doit assumer les six épisodes de Devil's Reign qui commencera sa parution trois mois après.

Cela signifie donc que Mike Hawthorne signe les n° 31 et 32. Et, bon, c'est abominable. Inutile d'en dire plus, je n'aime pas m'acharner, mais franchement, ça pique.

A cours de remplaçants, Marvel file le bébé au très fade Stefano Landini qui n'est même pas capable d'enchaîner deux chapitres entiers : il réalise donc seul le #34 et doit être aidé par Francesco Mobili sur le #35.

Enfin, Manuel Garcia, soutenu par pas moins de trois encreurs, vient à bout du #36, de manière correcte, sans plus.

Ce volume 7 de Daredevil se termine donc sur une mauvaise note. Devil's Reign arrive puis Chip Zdarsky poursuivra avec 15 épisodes de Daredevil & Elektra, suite directe et baroque de cet event. A suivre donc...

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