dimanche 19 mai 2024

MINOR THREATS, VOLUME 1 : A QUICK END TO A LONG BEGINNING (Patton Oswalt & Jordan Blum / Scott Hepburn)


Twilight City. Frankie Follis est une ex-super vilaine qui a sévi sous le pseudonyme de Playtime aux côtés de sa mère, Toy Queen. A présent, cette dernière a raccroché et Frankie, après plusieurs séjours derrière les barreaux, est devenue barmaid dans un tripot fréquenté par des super malfrats. Son ex-mari élève leur fille à qui elle rend visite sans réussir à regagner leur confiance.



Un soir pourtant tout va basculer pour Frankie et ses clients quand Snake Stalker déboule dans le bar avec son partenaire Reptilian gravement blessé. Celui-ci a échappé de peu à la mort sous les coups de The Insomniac, un super-héros dont le sidekick, Kid Dusk, a été enlevé et assassiné par The Stickman, un déséquilibré.


L'équipe de super-héros The Continuum avertit Twilight City que The Stickman est activement recherché et quiconque l'aidera sera sévèrement puni. Frankie Follis craint pour sa sécurité, celle de ses proches, de tout son quartier et a alors une idée : convaincre quelques-uns de ses clients à débusquer The Sitckman avant The Continuum et le livrer aux héros, mort ou vif...


Alors que, actuellement, le deuxième volume de Minor Threats est publié (deux épisodes sur quatre déjà parus), j'ai eu envie de revenir sur cette série initialement sortie en 2022 et qui fut un de mes coups de coeur à l'époque.


A l'origine de ce projet, on trouve le comédien Patton Oswalt, un grand fan de comics super-héroïques (il a notamment prêté sa voix pour le dessin animé M.O.D.O.K. ou pour Matthew le corbeau dans la série Sandman, a incarné Pip le Troll dans Les Eternels de Chloe Zhao). Il s'est associé au scénariste Jordan Blum pour créer Minor Threats.

Leurs efforts leur ont valu les louanges de nombreuses célébrités (Neil Gaiman, Taïka Waititi...) et elles sont méritées. Toutefois, il vaut mieux prévenir le fan qui n'apprécie pas qu'on pastiche ses comics favoris car cette lecture s'amuse volontiers à revisiter quelques figures bien connues. On y croise ainsi un ersatz de Batman et du Punisher avec the Insomniac, de Robin avec Kid Dusk, the Continuum évoque la Justice League ou les Avengers, Frankie Follis/Playtime s'inspire clairement de Toybox (cf. Top 10 d'Alan Moore, Gene Ha et Zander Cannon), etc.

Toutefois, Minor Threats ne saurait se résumer à un exercice de style : Oswalt et Blum ont élaboré une intrigue solide et nerveuse, établi un univers dense, et si ce premier volume ne compte que quatre numéros, c'est très mouvementé et donc, un deuxième tome est en cours de publication et des spin-off sont déjà annoncés.

L'argument est simple et accrocheur : que se passerait-il si un super criminel fou (the Stickman, le Joker de Twilight City) tuait le partenaire d'un super-héros aux méthodes expéditives (the Insomniac remplaçant Batman) ? Fou de chagrin et de colère, ce dernier se lancerait à la poursuite du tueur avec, ici, l'intention de le supprimer tandis que ses acolytes ratisseraient les bas-fonds. Mais surtout les super-vilains pourraient se liguer pour mettre la main les premiers sur le fugitif, histoire que les justiciers ne s'en prennent à eux, ne détruisent leur quartier, ne ruinent leurs trafics, ne menacent leurs proches, etc.

Evidemment, pour pimenter tout ça, c'est à des vilains de second ordre que Oswalt et Blum vont s'intéresser, afin que l'issue de leur récit soit imprévisible. Les Menaces Mineures sont donc ici Playtime, une voleuse qui a raccroché après plusieurs séjours en prison ; Brain Tease, un gredin aussi vantard que ridicule ; Scalpel, une chirurgienne clandestine ; Pigeon Pete, un vétéran dépassé ; et Snake Stalker, un malabar dont l'ami (amant) a été rudoyé par the Insomniac.

Tous les cinq s'aventurent donc dans les bas quartiers en quête de the Stickman en devant déjouer la surveillance des super-héros et sans éveiller les soupçons de la communauté des super-bandits. On découvre que, poussés dans leurs retranchements, cette bande de seconds couteaux aux pouvoirs improbables, s'avère très complémentaire et ingénieuse, même si elle se trouve souvent prise entre deux feux et risque constamment sa peau. Par ailleurs, on apprend qu'il y a un traître dans leurs rangs...

Oswalt et Blum ne se contentent pas de servir un divertissement plaisant, marrant souvent, dramatique aussi : ils réfléchissent à ce qui sépare héros et vilains, bons et méchants dans une situation de crises. Et on mesure que dans ce contexte un justicier peut devenir aussi cinglé et violent que celui qu'il traque, qu'une équipe de super-héros adopte volontiers l'attitude d'une milice se moquant des procédures alors que leurs adversaires répondent encore à un code d'honneur. Surtout, ils dépeignent cette communauté de voyous costumés comme une famille de coeur, soudée, solidaire, n'appréciant pas qu'en leur sein se trouve un maniaque ou traître, et sachant négocier une paix des braves à l'issue de la bataille.

Scott Hepburn est l'artiste parfait pour cette série : voilà encore un dessinateur dont les Big Two n'ont su que faire, l'utilisant comme doublure ou le plaçant sur des titres sans avenir. Hepburn a ainsi suppléé Chris Bachalo sur Spider-Man/Deadpool ou illustré les aventures modernes de Drax the destroyer. Puis quand les scénaristes de Minor Threats ont fait appel à lui en lui proposant d'être co-créateur, il s'est investi avec passion dans ce projet.

Son dessin regorge d'énergie et appuie sur un sens certain de l'exagération dans les physionomies et les expressions. On est à la limite du cartoon, sans y tomber complètement. En témoigne le soin apporté aux designs des personnages, de leurs costumes, la diversité de leur apparence, mais aussi des décors (la ville existe vraiment, et les bas quartiers sont très détaillés). Le découpage encadre avec rigueur cette folie et assure une lisibilité de tous les instants.

A ce jour pourtant, aucun éditeur français (à ma connaissance en tout cas) ne s'est préoccupé de traduire Minor Threats alors que c'est quand même publié en vo chez Dark Horse. Donc, en attendant un éventuel tome en français, procurez-vous le trade paperback, qui propose son lot de bonus. 

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