Pour ma part, ce n'est pas un mouvement qui me choque : si ça peut contribuer à faire souffler un peu d'air frais sur les comics et si les histoires restent bonnes, pourquoi pas ? Il y a même eu des cas où ces modifications ont permis aux séries de voir leurs ventes exploser, comme lorsque Ed Brubaker tua Steve Rogers au terme de la première Civil War et que Bucky a hérité du bouclier du vengeur étoilé.
Zdarsky a été assez malin pour justifier ses choix narratifs : Murdock n'est plus que l'ombre de lui-même, au point qu'il a tué, certes accidentellement mais quand même, un braqueur. Spider-Man s'est fait le messager de la communauté super-héroïque en le convaincant de se retirer. Et ici, Elektra lui propose de le rééduquer plus de l'entraîner en vérité. Murdock comprend qu'il s'est trompé, qu'il s'est laissé déborder par sa double vie : il ne peut pas simplement cesser d'être Daredevil après avoir commis une bavure, mais surtout parce que ses méthodes de justicier ne fonctionne plus.
C'est aussi le problème que va rencontrer Wilson Fisk : en voulant pénétrer dans un nouveau cercle, celui de la politique, il se rend compte que les vrais puissants de ce monde, ceux qui financent les carrières des politiciens, jouent une partie plus subtile que celle d'un caïd de la pègre. Lui aussi est dépassé, se laisse déborder par son tempérament et croit un moment pouvoir imposer sa façon d'être. IL paiera cette erreur de jugement au prix fort dans une scène en miroir avec le retour en force de Murdock.
On peut donc considérer qu'il s'agit encore d'épisodes de transition - et c'est le cas lorsqu'on lit les épisodes de l'arc suivant où la situation atteint un point critique spectaculaire. Mais Zdarsky se débrouille bien mieux ici que dans le tome précédent car le lecteur peut apprécier l'évolution réelle des deux protagonistes que sont Murdock et Fisk.
Les seconds rôles ne sont pas oubliés mais pour l'instant ils sont mis en retrait (les épisodes ne font que 20 pages, il faut faire des choix et Zdarsky sait qu'il dispose du temps nécessaire pour bouger ses pions à son rythme). Cole North comme Foggy Nelson ont au moins droit chacun à une belle grande scène quand pour le premier Spider-Man tente de lui montrer une vue plus globale des événements et que le second voit le changement de direction emprunté par Matt sous l'impulsion d'Elektra.
Marco Checchetto revient au dessin, c'est une excellente nouvelle : il s'acquitte seul des épisodes 11 à 13 avec maestria. Sa manière notamment de dessiner Elektra, avec une chevelure foisonnante, est superbe. Il adresse aussi un clin d'oeil à John Romita Jr. en revêtant Murdock du masque et jogging noirs qu'il portait dans L'Homme Sans Peur, la mini-série qui revenait sur les origines de Daredevil, écrite par Miller.
Pour les épisodes 14 et 15, Checchetto reçoit le renfort de son compatriote Francesco Mobili, qui l'avait déjà supplée sur Old Man Hawkeye. Ici, leur collaboration est encore plus étroite puisqu'ils se partagent le boulot sur deux épisodes : à Checchetto les scènes avec Murdock, Elektra et Foggy ; à Mobili celles avec Fisk. Leurs styles étant similaires, la lecture est très agréable, fluide. Editorialement, c'est joliment arrangé car Mobili a un vrai talent, même si on peut penser que c'est tout de même frustrant pour un artiste de jouer ainsi les doublures.
Un volume 3 d'excellente facture, avant le sommet que constituera le suivant. Donc... A suivre !
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