mercredi 1 mai 2024

DAREDEVIL, VOLUME 3 : THROUGH HELL (chip Zdarsky / Marco Checchetto & Francesco Mobili)


Après avoir sauvé la vie de l'inspecteur North contre ses propres collègues corrompus par le Hibou, Matt Murdock voit resurgir dans sa vie Elektra qui déplore sa condition physique et mental. Elle offre de l'entraîner s'il le souhaite. Cependant, le Hibou veut profiter de la disparition de Daredevil et de la retraite du Caïd pour s'emparer de Hell's Kitchen et, pour ce faire, il attaque la famille Libris.


Cole North tend une embuscade à Spider-Man qu'on lui a ordonné d'appréhender mais le tisseur enlève le policier pour lui expliquer que les justiciers masqués ne sont pas les ennemis des forces de l'ordre et qu'ils ont obtenu que Daredevil se retire définitivement. Mais alors qui est cet énergumène qui se fait passer pour DD dans le quartier ?
 

Affairé à sa carrière politique, Wilson Fisk partage un repas avec les Stromwyn frère et soeur, et quelques-uns de leurs riches amis. Lorsque l'un d'eux charrie Fisk sur ses origines et ses ambitions, celui-ci perd ses nerfs et l'élimine à l'abri des regards. Matt sauve le faux Daredevil de flics ripoux qui veulent lui faire la peau et accepte la proposition d'Elektra de l'entraîner.


A partir de là, en parallèle, à mesure que Matt reprend du poil de la bête et entraîne Elektra chez le gouverneur Kettle qui a donné l'ordre au commissaire de cesser les patrouilles de police dans Hell's Kitchen, Wilson Fisk est rappelé par les Stromwyn pour apprendre douloureusement qui est vraiment aux commandes de New York...


Dans ce troisième tome, qui regroupe les épisodes 11 à 15, Chip Zdarsky reprend les choses en main après un précédent volume de transition un peu décevant. L'essentiel du récit montre comment d'un côté Matt Murdock renaît laborieusement de ses cendres grâce à Elektra tandis que de l'autre Wilson Fisk fait le dur apprentissage de la politique face aux Stromwyn.


En réunissant le trio cher à Frank Miller - Murdock, Elektra, Fisk - tout en changeant leurs rôles, Zdarsky s'inscrit donc dans une tradition, une sorte de retour aux basiques. Du moins en apparence. En réalité, le scénariste puise dans les classiques pour mieux les détourner et tenter de surprendre encore le lecteur.

Il n'est toujours pas question de faire revenir littéralement Daredevil, c'est un point sur lequel insiste Zdarsky, et en cela il suit les traces d'autres auteurs qui, chez Marvel, ces dernières années, se sont amusés, parfois au grand dam des puristes (des intégristes), à écarter les héros de leur propre titre en les remplaçant par des femmes (comme dans Thor par Jason Aaron) ou des partenaires dudit héros (Sam Wilson dans Captain America par Rick Remender puis Nick Spencer).

Pour ma part, ce n'est pas un mouvement qui me choque : si ça peut contribuer à faire souffler un peu d'air frais sur les comics et si les histoires restent bonnes, pourquoi pas ? Il y a même eu des cas où ces modifications ont permis aux séries de voir leurs ventes exploser, comme lorsque Ed Brubaker tua Steve Rogers au terme de la première Civil War et que Bucky a hérité du bouclier du vengeur étoilé.

Zdarsky a été assez malin pour justifier ses choix narratifs : Murdock n'est plus que l'ombre de lui-même, au point qu'il a tué, certes accidentellement mais quand même, un braqueur. Spider-Man s'est fait le messager de la communauté super-héroïque en le convaincant de se retirer. Et ici, Elektra lui propose de le rééduquer plus de l'entraîner en vérité. Murdock comprend qu'il s'est trompé, qu'il s'est laissé déborder par sa double vie : il ne peut pas simplement cesser d'être Daredevil après avoir commis une bavure, mais surtout parce que ses méthodes de justicier ne fonctionne plus.

C'est aussi le problème que va rencontrer Wilson Fisk : en voulant pénétrer dans un nouveau cercle, celui de la politique, il se rend compte que les vrais puissants de ce monde, ceux qui financent les carrières des politiciens, jouent une partie plus subtile que celle d'un caïd de la pègre. Lui aussi est dépassé, se laisse déborder par son tempérament et croit un moment pouvoir imposer sa façon d'être. IL paiera cette erreur de jugement au prix fort dans une scène en miroir avec le retour en force de Murdock.

On peut donc considérer qu'il s'agit encore d'épisodes de transition - et c'est le cas lorsqu'on lit les épisodes de l'arc suivant où la situation atteint un point critique spectaculaire. Mais Zdarsky se débrouille bien mieux ici que dans le tome précédent car le lecteur peut apprécier l'évolution réelle des deux protagonistes que sont Murdock et Fisk. 

Les seconds rôles ne sont pas oubliés mais pour l'instant ils sont mis en retrait (les épisodes ne font que 20 pages, il faut faire des choix et Zdarsky sait qu'il dispose du temps nécessaire pour bouger ses pions à son rythme). Cole North comme Foggy Nelson ont au moins droit chacun à une belle grande scène quand pour le premier Spider-Man tente de lui montrer une vue plus globale des événements et que le second voit le changement de direction emprunté par Matt sous l'impulsion d'Elektra.

Marco Checchetto revient au dessin, c'est une excellente nouvelle : il s'acquitte seul des épisodes 11 à 13 avec maestria. Sa manière notamment de dessiner Elektra, avec une chevelure foisonnante, est superbe. Il adresse aussi un clin d'oeil à John Romita Jr. en revêtant Murdock du masque et jogging noirs qu'il portait dans L'Homme Sans Peur, la mini-série qui revenait sur les origines de Daredevil, écrite par Miller.

Pour les épisodes 14 et 15, Checchetto reçoit le renfort de son compatriote Francesco Mobili, qui l'avait déjà supplée sur Old Man Hawkeye. Ici, leur collaboration est encore plus étroite puisqu'ils se partagent le boulot sur deux épisodes : à Checchetto les scènes avec Murdock, Elektra et Foggy ; à Mobili celles avec Fisk. Leurs styles étant similaires, la lecture est très agréable, fluide. Editorialement, c'est joliment arrangé car Mobili a un vrai talent, même si on peut penser que c'est tout de même frustrant pour un artiste de jouer ainsi les doublures.

Un volume 3 d'excellente facture, avant le sommet que constituera le suivant. Donc... A suivre !

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