samedi 25 mai 2024

BLOOD HUNT #2 (Jed MacKay / Pepe Larraz)


Plutôt qu'une critique, assez inutile vu la médiocrité du produit, je vous propose aujourd'hui un exercice de style au sujet de l'event Blood Hunt. Comme vous le savez peut-être (vous le savez en tout cas si vous avez lu l'entrée que j'ai consacrée au premier numéro), Marvel a trouvé une nouvelle astuce commerciale (qui a dit "escroquerie" ?) pour vendre cette histoire (et pas que celle-ci, puisque l'éditeur a décidé de reprendre la formule pour la future mini Wolverine : Revenge de Jonathan Hickman et Greg Capullo) : publier une version classique du comic-book et une version dite "Red Band".

 


Concrètement, ça ressemble à ça dès la couverture avec un bandeau rouge nous prévenant que le contenu s'adresse alors à un public averti : en clair, c'est plus violent, graphiquement explicite (oulala !). C'est surtout plus racoleur ("Hé, les fans, ça va saigner !") et typique de l'hypocrisie US où on peut montrer des personnages en train de s'étriper mais surtout pas en train de baiser ("Cachez ce sein que je ne saurais voir !"). De la part de Marvel qui appartient à Disney, c'est plutôt savoureux ("Mickey, défonce le méchant mais ne t'envoie pas en l'air avec Minnie !").
   

Donc, si vous êtes un lecteur délicat et sensible, achetez la version classique de Blood Hunt. Mais sinon, la version "Red Band" est pour vous. Et pour appâter le chaland, Marvel promet dans cette version explicite des pages en plus. Le contenu reste le même, les pages additionnelles n'ajoutent rien à l'intrigue et dans les deux cas, on peut admirer les planches magnifiques de Pepe Larraz (comme celle ci-dessus) qui sont le principal intérêt de Blood Hunt (celui qui prétend lire ça pour la qualité du scénario de Jed MacKay est un farceur).


Maintenant, un autre exemple concernant justement le matériel réservé à la version "Red Band" : cette page ci-dessus ne se trouve pas dans la version normale. Captain Marvel vient de bastonner un membre du Couvent du Sang (Bloodcoven en vo). On nous montre la tronche amoché d'un des membres de cette équipe de super-vampires : oui, il a vraiment la tête de l'emploi (ouf !) et comme Carol Danvers vient de lui coller une patate, il saigne, donc il est encore plus moche (mais est-il vraiment plus effrayant ? C'est bien le problème de Blood Hunt, comme ce le fut pour Knights Terror chez DC, les méchants ne font pas/plus peur).


Autre cas d'école, encore plus frappant : cette scène où Hunter's Moon (le remplaçant de Moon Knight - je ne vous dis pas qui c'est au cas où vous ne le sauriez pas, mais non, ce n'est plus Marc Spector que Jed MacCkay, qui écrit aussi Moon Knight, s'est débarrassé), Tigra (qui travaille désormais avec ce personnage), et Miles Morales arrivent chez Doctor Strange et Clea pour découvrir que le bon docteur n'est pas au mieux de sa forme (là non plus, je ne vous dis pas qui l'a mis dans un état pareil, vous le découvrirez à la fin du premier épisode). Bon, cette quasi splash page est déjà impressionnante en version normale...


... Mais, me direz-vous, on peut toujours faire plus explicite pour les idiots qui n'auraient pas compris que Strange est mal en point. Donc, en version "Red Band", on montre tout : les tripes à l'air, Strange qui convulse, etc. Au moins, là, c'est clair, il est vraiment pas en forme. Bon, après, Pepe Larraz doit dessiner deux fois la planche, c'est pas comme s'il avait que ça à faire et que Marvel en avait quelque chose à fiche ("Hé coco, on te paie, on est déjà bien gentil, tu dessines donc deux fois la page dont une bien dégueulasse et que ça saute !").


Heureusement pour lui et pour nous, Larraz peut quand même lâcher une page comme celle-ci, superbe, iconique, qui n'a pas besoin d'en rajouter, et qui surtout nous fait (presque) supporter cette nanardise qu'est Blood Hunt

Parce que, sinon, c'est quand même la misère, cet event : l'intrigue ne progresse pas d'un iota, les ficelles sont grosses comme des câbles, c'est écrit avec les pieds. Mais c'est beau quand ça ne demande pas à l'artiste de faire n'importe quoi. Bon, ça fait quand même chier de voir Larraz se commettre là-dedans, il mérite tellement mieux (mais il me semble désormais condamné à dessiner des events).

Après, rappelez-vous : personne ne vous oblige à acheter cette merde quand ça sera traduit. Parce que vous pouvez être sûr que ça n'aura aucune conséquence pour la suite, que Panini va vendre ça à 16 E (en softcover, 22 en hardcover) avec de tie-in insupportables, et en plus ce sera mal traduit (par Laurence Bélingard peut-être, c'est quand même la championne). Non, gardez vos sous, achetez-vous n'importe quoi d'autre, ne vous faîtes pas avoir, ne soyez pas faible comme moi.

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