lundi 27 mai 2024

TYLER RAKE 2 (Sam Hargrave, 2023)


Après avoir frôlé la mort durant sa dernière mission et être resté hospitalisé durant de longs mois, Tyler Rake décide de raccrocher et retourne en Australie, encore convalescent. Il est pourtant retrouvé apr un certain Alcott qui lui propose une mission qu'il ne pourra pas refuser : sauver Keteva, sa propre belle-soeur, marié à Davit Radiani, un trafiquant géorgien qui purge une peine prison et a obtenu qu'elle y vive avec leurs enfants. 
 

Ce qu'ajoute Alcott, c'est que le frère de Davit, Zurab, et son armée se lanceront à leur recherche dès que sera connue la nouvelle de leur exfiltration. Tyler demande son aide à son amie Niki et son frère Yaz pour infiltrer la prison avec la complicité d'un gardien qu'ils ont soudoyé. Mais l'opération dégénère quand un voisin de cellule de Davit remarque Tyler avec Ketevan, son fils Sandro et sa fille Nina et donne l'alerte, déclenchant aussi une émeute dans la prison.


Après bien des obstacles, Tyler, Niki et Yaz sortent de là avec Ketevan et ses enfants. Mais, comme prévu par Alcott, ils sont aussitôt prius en chasse par Zurab et ses hommes, lourdement armés et équipés d'hélicoptères alors que Rake et son commando s'enfuient à bord d'un train. Une fois leurs ennemis semés, ils prennent un avion pour Vienne en Autriche. Mais Sandro, qui a compris que son père a été tué durant l'exfiltration, se débrouille pour avertir son oncle de sa destination...
   

Trois ans après le premier volet, Tyler Rake revient donc aux affaires. Même si la fin du précédent film laissait planer le doute sur le fait qu'il ait survécu à Dacca au Bangladesh, on le retrouve très mal en point. Si mal que Yaz soutient même le médecin qui suggère de le débrancher, ne croyant pas qu'il se réveillera du coma dans lequel il est plongé.


Evidemment, contre toute attente, Tyler reviendra bien à lui mais cette expérience a laissé des traces. Physiquement déjà, il est très diminué. Mentalement ensuite, il est littéralement au bout du rouleau et décide de raccrocher. Puisque la mort n'a pas voulu de lui, ce qui lui aurait permis de retrouver son fils, alors autant tout arrêter et profiter. Il retourne donc en Australie. Mais, comme on le dit dans ce genre d'histoire, son passé va le rattraper.


Nouvelle mission donc. Cette fois, on s'adresse directement à lui sans passer par Nini Kahn, et pour cause, sa belle-soeur est en danger, mariée à un gangster géorgien qui la force à vivre en prison avec lui. Comme son équipe a été décimée dans le premier film, Tyler ne peut compter que sur Niki et son frère Yaz pour l'aider, ce qui suggère au spectateur que la suite va être non seulement mouvementée mais périlleuse. Effectivement, tout le monde n'en reviendra pas vivant...


Joe Russo est encore une fois l'auteur du script et, avec Sam Hargrave à la réalisation, son objectif semble d'avoir voulu augmenter les enjeux, de faire toujours plus fort, toujours plus fou. Donc, oui, il y a un phénomène de surenchère dans cette suite, mais qui ne se fait pas au détriment de l'intrigue et du résultat car Extraction 2 est en vérité meilleur.

En embarquant le héros dans une mission qui est surtout une affaire de famille pour lui, l'investissement est plus intense. Ensuite, le niveau de difficulté à s'en sortir est nettement à la hausse. Enfin, cette fois, Netflix sait que Tyler Rake est une franchise à succès, qui peut être développée et donc tout est mis en place dans ce sens. Le personnage d'Alcott, à la fin, s'avère être non pas un commanditaire comme les autres mais l'homme de main d'un homme peu fréquentable qui souhaite embaucher le mercenaire à temps plein. La graine est donc planté pour un troisième épisode (et plus si affinités).

Comme dans le premier volet, on a droit à des morceaux de bravoure très spectaculaires, avec caméra embarquée, et cette fois Hargrave a mis le paquet puisqu'il a orchestré un nouveau plan-séquence d'anthologie de 23' (plus du double de celui du premier film donc !). On suit Tyler à partir du moment où le maton soudoyé le fait entrer dans la prison, puis il grimpe jusqu'à l'étage où est la cellule de Davit Radiani dont il sort Ketevan, Sandro et Nina, puis il redescend avec eux alors que l'émeute éclate dans la prison, il affronte des gardiens, des détenus sortis de leurs cellules, tue Davit, confie les enfants à Niki et Yaz, traverse la cour de la prison pleine de gardes et de détenus en train de se battre sous la neige en se battant avec les uns et les autres indifféremment au point de recevoir un coktail molotov sur un bras (mais il continue à bastonner tous ceux qui se dressent sur son passage !), puis il exfiltre Ketevan et rejoint Niki et Yaz dans des véhicules, ils sortent tous de l'enceinte de la prison, sont pris en chasses par des motos et un quad, arrivent à une fonderie, atteignent le train, le train démarre et est pris en chasse par deux hélicoptères qui lâchent des hommes armés, Tyler avec Niki et Yaz les neutralisent puis descendent les hélicoptères, les freins du train sont hors service, le train déraille.

C'est absolument dingue et virtuose. On est admiratif devant ce tour de force filmique mais aussi par l'énergie déployée par les acteurs sans doublures. Tout ça est surtout constamment lisible et d'une fluidité impeccable dans les mouvements de la caméra. Je n'ose imaginer le temps qu'il a fallu pour répéter tout ça mais à l'image, c'est tout simplement bluffant. Surtout ça prouve que quand l'action n'est pas découpée au montage, la sensation d'immersion, les impacts des coups, la puissance des explosions, le déchaînement des tirs sont jouissifs. Le spectateur voit que ça ne triche pas, qu'il n'y a pas de fond vert, de CGI : c'est un sentiment unique, irremplaçable.

L'autre morceau de choix est la bataille à Vienne, véritable moment de guérilla urbaine recréée, avec là un montage très nerveux mais jamais haché, et toujours au plus près de l'action, de ses acteurs. Jamais on est perdu dans la succession des combats, on ressent la férocité et l'effroi des protagonistes, frissons garantis.

Enfin, le dernier acte, à l'aérodrome et dans l'église est électrique. D'une brutalité animale, on tremble pour les héros face à un méchant complètement dingue. L'écriture de Joe Russo réussit la prouesse de diversifier ces passages tout en leur conservant une grande intensité, avec entre chacun d'eux des plages plus calmes qui permettent à tout le monde de respirer. Mine de rien, ce sont des films très bien fichus, qui remplissent leur contrat à la perfection.

Encore une fois, Chris Hemsworth épate : amateur de sensations fortes dans sa vie privée, l'acteur assure. On voit qu'il est affûté, et la question ne se pose jamais de savoir s'il est doublé ou pas, ce qui en fait sûrement avec Tom Cruise le comédien le plus investi dans ce genre. Le script lui donne aussi la possibilité de jouer son personnage avec plus de nuance, sans qu'il soit nécessaire de recourir à des scènes lacrymales faciles. De ce point de vue, avoir introduit Mia, la femme de Rake, jouée par la très belle et talentueuse Olga Kurylenko donne un supplément d'âme au héros et l'occasion de faire la paix avec ses démons. Golshifteh Farahani rempile et a cette fois droit à plus d'espace pour exprimer son engagement physique mais surtout la finesse de son interprétation. Enfin, Idris Elba apparaît comme un personnage destiné à rester dans la saga et il est parfait d'ambiguïté.

Encore une fois, je ne vais pas dire que Tyler Rake est un grand film, mais il ne faut pas non plus être condescendant avec ce genre de productions, surtout quand elles sont si bien manufacturées et divertissantes.

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