mercredi 1 mai 2024

DAREDEVIL, VOLUME 4 : END OF HELL (Chip Zdarsky / Jorge Fornés & Marco Checchetto)


La visite qu'ont rendue Daredevil et Elektra au gouverneur Kettle leur a confirmés qu'il avait bien donné l'ordre à la police de ne plus patrouiller dans Hell's Kitchen, mais que surtout il n'avait fait  qu'appliquer la consigne donnée par les Stromwyn. C'est donc à ceux-ci que Daredevil choisit de s'attaquer, toujours en compagnie d'Elektra qui sait où il faut les frapper : au porte-monnaie.


Le couple braque donc le data center des Stromwyn pour en détourner une fortune que Daredevil reverse à plusieurs commerçants de Hell's Kitchen, Elektra se gardant une généreuse part pour un projet secret qu'elle n'a pas le temps d'expliquer car son partenaire est furieux d'apprendre ce qu'elle a fait sans le prévenir. De toute façon, Daredevil sait que cela ne suffira pas à vaincre les Stromwyn : il doit apprendre à mieux les connaître et donc les approcher.


Une soirée costumée va lui en fournir l'occasion. Même s'il doit rapidement battre en retraite, il a compris l'essentiel : un coup de force se prépare à Hell's Kitchen. Et celui qui va mettre le feu aux poudres, c'est le Hibou qui enlève la fille de Mindy Libris pour définitivement écarter Izzy, la matriarche de la famille. Cole North convainc ses collègues de retourner à Hell's Kitchen régler cette affaire. 


Les Stromwyn se rendent à l'évidence : Wilson Fisk ne tient plus la pègre. Ils envoient donc un escadron de la mort, constitué de plusieurs super mercenaires mettre littéralement le feu à Hell's Kitchen, qui devient alors le théâtre d'une guerre sans merci au terme de laquelle Daredevil prend une décision-choc...


Ce quatrième tome du run de Chip Zdarsky sur Daredevil sonne comme un point d'orgue, une sorte de premier col franchi dans son projet. Depuis le début, si on résume grossièrement, le scénariste s'est employé à écarter son héros de la scène, d'abord en lui faisant commettre un homicide involontaire, en l'obligeant à renoncer à sa vie de justicier masqué, puis à assister impuissant à la mainmise par divers malfrats sur son quartier natal de Hell's Kitchen.


Dans le même temps, Zdarsky a aussi consacré une large part au Caïd. Devenu maire de New York (durant le run de Charles Soule), il a assisté à la disparition de Daredevil et ambitionne désormais de grimper dans la sphère politique en profitant de mécènes influents, les Stromwyn. Mais ceux-ci se sont avérés de plus redoutables manipulateurs que Wilson Fisk en le mettant carrément au pas.

Les trajectoires croisées de Daredevil et Fisk racontent donc finalement deux chutes. Toutefois, parce qu'on reste quand même dans une série super-héroïque, le déclin de DD ne peut pas durer éternellement et donc Zdarsky a réintroduit dans l'équation Elektra qui s'est chargé de remettre son amant sur pied. Revenu au sommet de sa forme mais refusant toujours de renouer avec son alias historique, il en est au point où il a identifié la source du mal qui ronge la ville et Hell's Kitchen en particulier mais sans vraiment savoir comment empêcher une catastrophe programmée en forme de guerre des gangs puis de massacre.

Tout est désormais en place pour donc une bataille spectaculaire qui va en vérité aboutir à un dénouement inattendu et proprement renversant. Zdarsky a mené sa barque comme un vrai capitaine de vaisseau : la suite va effectivement donner une direction à la fois déjà vue et inédite à la série. Mais on en reparlera le moment venu.

Ce qui est sûr, c'est qu'en quatre tomes et 20 épisodes, soit moins de deux ans de publication, la série a mérité les éloges que lui ont adressée la critique et les lecteurs. Il est vrai que c'est moins franchement original que le run de Mark Waid, dont le ton et les intrigues tranchaient avec tout ce que Miller et ceux qu'il a inspirés avaient fait (exception faite de Ann Nocenti), mais c'est au moins aussi solide et captivant que, disons, les runs de Brubaker et Soule, et un chouia en deçà de celui de Bendis.

Les épisodes 16 à 18 sont dessinés par Jorge Fornés : je dois avouer qu'à l'époque de leur parution, sa prestation m'avait déçu. Avec le recul et les travaux qu'il a accomplis depuis, chez DC, évidemment, mon regard et mon opinion ont changé : non, Fornés n'est pas qu'un ersatz de Mazzucchelli, mais simplement Marvel n'a jamais su l'utiliser de manière à valoriser son immense talent de narrateur, le cantonnant à un rôle de fill-in. Ce qu'il produit est excellent, mais sans doute était-ce une erreur de le placer là, d'abord donc à cause de ce précédent esthétique, ensuite parce que son style tranche trop avec celui de Checchetto et donc nuit à la cohérence de l'ensemble.

Marco Checchetto revient pour les épisodes 19 et 20, juste à temps pour le gros morceau de cet album. Deux n°, c'est certes peu, mais ce qu'il y fait est simplement éblouissant. Quand il affiche cette forme-là, il est dans les meilleurs. L'épisode 20 en particulier est absolument grisant, avec de l'action non-stop, chorégraphiée magistralement. Les planches se suivent et ravissent le fan, c'est vraiment jubilatoire, du grand art.

Si l'expression est galvaudée (surtout chez Marvel), là, pour le coup, après ces épisodes, plus rien ne sera comme avant pour Daredevil. A suivre donc !

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