1882, San Francisco. Amanda Quaid, danseuse de cabaret, apprend que le mormon millionnaire Jesiah Widdicombe cherche une gouvernante pour ses enfants. A la recherche d'une vie plus facile, elle a besoin de 65 $ pour s'acheter une tenue pour cet entretien d'embauche. Elle accepte donc l'invitation du joueur de poker Charlie Malloy à monter dans sa chambre pour passer un bon moment et elle trouve dans la salle de bain une sacoche remplie d'argent. Elle drogue Charlie et s'empare de son magot, ignorant qu'il s'agit de l'argent volé à une banque en compagnie du gang Bloodworth.
Se faisant passer pour la duchesse de Swansbury, Amanda est engagée par Widdicombe et part en diligence pour Virginia City d'où elle rejoindra Salt Lake City. Pendant ce temps, Charlie revient à lui et constate qu'on a dérobé son butin. Il part à la poursuite de la diligence sur son cheval Blackjack et rattrape Amanda avec qui il passe un marché : il ne dira pas qui elle est vraiment à Widdicombe si elle lui rend son fric. Problème : celui-ci est dans la diligence de Widdicombe à Virginia City.
Le gang Bloodworth est également sur la piste de Charlie et le retrouve vite quand, pour récupérer sa sacoche à la consigne, il doit payer 100 $ au guichetier véreux et que, pour cela, il entame une partie de poker dans le saloon de Virginia City. Ayant triché, il est poursuivi par le shérif et le gang et quitte la ville en laissant derrière lui Amanda. Pourtant il fait demi-tour pour l'emmener à Salt Lake City...
The Duchess and the Dirtwater Fox (en vo) est un film qui semble complètement oublié aujourd'hui. J'ai eu toutes les peines du monde à trouver six photos pour illustrer cette critique et aucune review à son sujet. C'est, je pense, la première fois que cela m'arrive dans de telles proportions et c'est fort dommage car ce western humoristique ne mérite pas ce sort.
Je tenais en tout cas à en parler après l'avoir mentionné hier, lorsque j'ai écrit sur Drôle d'embouille. La Duchesse et le Truand (en vf) fut le dernier film avec Goldie Hawn en vedette avant son retrait des écrans pour donner naissance au fils qu'elle eut avec Kurt Russell. En 1976, c'était une vraie star et surtout une actrice qui acceptait d'être cantonnée au registre de la comédie.
A cette époque et encore plus aujourd'hui, les acteurs/trices refusent absolument d'être étiquetés de la sorte, craignant de lasser le public, et souvent parce qu'ils ambitionnent de gagner des prix d'interprétation dans des drames. Cette quête de respectabilité vire parfois à la caricature, les poussant vers des longs métrages d'auteurs et des rôles à la limite du masochisme.
Prenez deux actrices comme Emma Stone et Jennifer Lawrence, qui pourraient être les héritières de Goldie Hawn, mais qui préfèrent désormais se complaire dans des compositions à Oscar chez Yorgos Lanthimos ou Lynne Ramsay, alors qu'elles ont une fibre comique imparable. A contrario, Ryan Gosling a pris le chemin inverse ces derniers temps (avec Barbie, The Fall Guy ou Projet Dernière Chance).
C'est pour cela que j'aime tant Goldie Hawn, parce qu'elle n'a pas honte d'être excellente dans un registre. Ce n'est peut-être pas une grande actrice comme Meryl Streep, mais son charme et sa pétillance sont irrésistibles. Et La Duchesse et le Truand en donne un exemple merveilleux. Si vous avez aimé par exemple Maverick, de Richard Donner (1994), avec Mel Gibson et Jodie Foster, vous adorerez le film de Melvin Frank.
C'est cocktail savoureux de western et de comédie donc qui voit une danseuse de cabaret et un joueur de poker, également malhonnêtes, devoir s'allier pour 40 000 $ dérobés à un gang de braqueurs. Charlie Malloy se vante d'être un séducteur qui n'a jamais eu à payer pour coucher avec une femme. Amanda Quaid se fait fort de séduire n'importe quel gogo friqué pour se payer une vie plus facile.
Inévitablement, ils vont s'arnaquer, se poursuivre, puis s'allier quand les ennemis de Charlie comprennent que Amanda est devenue sa complice. Pour s'entraider, lui promet de ne pas dévoiler à un mormon millionnaire qui l'a engagée comme gouvernante qu'elle est une grue, et elle lui jure de lui rendre l'argent qu'elle lui a pris.
Mais évidemment rien ne va se passer comme prévu. Le film est découpé selon les étapes que traversent les deux héros : l'action démarre à San Francisco, se poursuit à Virginia City et doit atteindre Salt Lake City. A chaque fois qu'ils s'arrêtent, les problèmes les rattrapent. Ils ne doivent leur salut qu'au mouvement. Sauf qu'il ne s'agit pas seulement de bouger, il s'agit de fuir.
De manière régulière, le scénario de Melvin Frank, Barry Sandler et Jack Rose, mène le couple dans des impasses dont ils ne sortent que parce que l'un ou l'autre a une idée, souvent périlleuse. C'est une partie de poker où Charlie est démasqué comme tricheur (et promis à la potence), c'est la descente d'une rivière dans une barque vite précipitée dans des rapides, etc.
A un moment pourtant, Charlie a l'occasion de s'échapper en laissant Amanda livrée à elle-même. Pourtant il choisit de rebrousser chemin et de la récupérer. Lorsqu'elle lui demande pourquoi il a pris ce risque, le spectateur a déjà compris que la romance a pris le dessus sur la confrontation entre eux deux. Après tout, c'est vrai qu'il peut être charmant, et c'est vrai qu'elle est très mignonne...
... Mais surtout ils se complètent et savent comment pousser l'autre dans ses retranchements. La scène finale voit Charlie blessé, mourant... Sauf quand Amanda, ne se résignant jamais, menace de filer avec le magot et réussit à ce qu'il se relève. Ces deux-là se sont bien trouvés dans la mesure où chacun a besoin d'une carotte pour avancer et qu'il y en a toujours un pour l'agiter sous le nez de l'autre.
Melvin Frank a parfois un peu de mal à tenir le rythme. Le film n'est pas long (103'), mais le montage est un peu paresseux. Surtout le cinéaste oublie à l'occasion que l'histoire tient grâce à son couple de fripouilles : quand ils ne sont plus à l'écran et que ça s'éternise, c'est le film qui s'enlise. Mais lorsqu'ils reviennent au centre du cadre, la dynamique entre eux, le rythme interne des scènes, sont imparables, avec des dialogues punchy.
C'est que Goldie Hawn a en face d'elle un comédien qui joue sur le même tempo soutenu : George Segal. Tous deux font assaut de ce charme canaille et ne s'épargnent rien. On a plusieurs fois l'impression qu'ils jubilent tellement à se donner la réplique qu'ils vont éclater de rire et oublier leurs rôles. C'est une complicité parfaite, une alchimie qu'on ne peut fabriquer. Segal était un acteur extra (disparu en 2021). Et Hawn est magnifique ici.
Malgré donc des baisse de régime, La Duchesse et le Truand mérite d'être redécouvert. C'est un des meilleurs films avec Goldie Hawn, un savoureux western comique, une vraie friandise (qui pourrait d'ailleurs facilement donner lieu à un remake aujourd'hui - entendu que les meilleurs remakes sont souvent ceux de films qui ne sont pas des classiques).







Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire