La situation prend une tournure aussi inattendue que brutale en Latvérie lorsque les Howling Commandos sous la responsabilité de Davey Colton tue les otages au lieu de les sauver et que Steve Rogers affronte Dr. Fatalis sur le point d'exécuter devant ses sujets Marius Wolf, chef de la résistance...
Ce pénultième épisode du premier arc de Captain America écrit par Chip Zdarsky se distingue encore une fois par son intensité. Le scénariste pousse tous les curseurs dans le rouge pour imposer la dualité entre être un soldat et être un héros, servir une hiérarchie et accomplir une mission ou croire en un idéal et se battre pour la justice.
Etant donné que Zdarsky a promis que les événements de ce premier arc auraient des répercussions dans la suite de son run, qui se situera dans le présent, on peut se demander à quel point il entend ébranler les convictions de Captain America. Mais il est certain que le héros ne sortira pas inchangé de cette aventure inaugurale.
On saluera donc l'audace de l'auteur qui, non content d'avoir réactualiser les origines de Captain America, a su intelligemment exploiter cette modernisation et non pas se contenter d'une retcon gadget. Un élément comme Davey Colton aurait pu ne servir que de prétexte mais Zdarsky a su en tirer un parti très fort et très solide pour interroger les notions de soldat et de héros.
Ce que je trouve intéressant également, c'est la manière de caractériser Fatalis : Zdarsky évite le poncif du dictateur implacable, du méchant de service pour le nuancer et en faire un chef d'Etat autoritaire mais ambigu, qui admire Captain America mais ne partage pas sa conception du monde, des valeurs. Si cela aussi pouvait continuer à être développé par la suite, ce serait passionnant.
Ce qui est certain, c'est que Zdarsky est donc venu sur cette série avec un projet, une vision. Mais il sait aussi gratifier le lecteur d'une bonne dose de spectacle et d'action. L'affrontement entre Fatalis et Captain America ne manque pas de punch et Valerio Schiti se montre de plus en plus à son avantage, après des débuts laborieux.
Son découpage fait la part belle à des images de dimensions généreuses et à un sens du rythme presque musical dans la mesure où le script va et vient entre Steve Rogers et Davey Colton, tous deux face à un obstacle (physique pour Rogers, psychologique pour Colton). Schiti saisit ces instants avec puissance et fait de cet épisode le plus abouti depuis la relance de la série.
Je n'en dis pas trop sur ce qui arrive à Colton car ce serait spoiler, mais cette partie, aussi importante que celle avec Rogers, aboutit à une glissade vertigineuse pour ce Captain America de substitution. La dernière page, en particulier, est terrible et annonce un dénouement le mois prochain aussi poignant que violent...
On sait pourtant que l'italien fera une pause au n°6, qui prendra en compte les conséquences de l'event One World Under Doom. C'est un peu chiant que Marvel impose cela à un titre récemment relaunché, mais au moins Zdarsky sera là pour écrire cet épisode, ce qui garantit que cet interlude restera dans le ton qu'il a établi.
Captain America, par cette équipe-là, donne envie d'y croire, et surtout fournit assez de matière à la critique pour en parler chaque mois. Cette densité n'est pas si courante et, en attendant de lire ce que Joshua Williamson et Carmen Carnero vont faire d'Iron Man (à partir de Janvier 2026), on tient là une série régulière très accrocheuse et prometteuse.





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