Je l'ai souvent dit au cours de ces douze derniers mois à lire JSA, mais, à mon humble avis, Lemire a tout simplement péché par excès de personnages. Et le pire, c'est qu'il en rajoute encore dans ce chapitre, sans en faire rien d'autre que des figurants. J'aimerai qu'à l'avenir il se contienne et qu'il signe des histoires à la fois moins longues et surtout moins peuplées.
Vous allez me répondre que c'est une Société de super héros, pas une simple équipe. Et j'abonderai dans votre sens. De ce strict point de vue, JSA par Lemire est infiniment plus abouti que Justice League Unlimited parce que le concept même de la JSA, c'est justement cette Société de héros, vétérans et nouvelles recrues, sans oublier la classe intermédiaire.
Là où la JLU brasse beaucoup de personnages sans en faire grand-chose d'autre qu'un grand rassemblement de héros, la JSA est une sorte de grande famille avec les grands-parents, les parents, les enfants, les oncles, les tantes, les neveux et nièces, et cela donne à la série des liens plus chaleureux, une dynamique plus simple et complexe à la fois - en bref : une âme.
Cela, Lemire l'a à la fois compris, intégré et mis en scène. Mais je trouve qu'il ait tombé un peu dans la même impasse que Geoff Johns à la fin de son deuxième volume, avec un nombre si important de membres que certains (pour ne pas dire la plupart) manquent de caractérisation et surtout d'espace pour exister.
L'intrigue, elle, est parvenue à créer des difficultés en assez grand nombre pour occuper tout ce monde, mais parfois on a eu certains personnages dont on restait sans nouvelles depuis des mois et vers lesquels Lemire revenait comme s'il se rendait compte qu'il fallait quand même s'en occuper, pas toujours très subtilement.
Relancer une série par une saga pareille était ambitieux, mais peut-être un peu trop, et je pense que des lecteurs ont lâché l'affaire entre temps ou attendu que l'histoire soit complète pour relire l'ensemble d'une traite. Quelle que soit la stratégie choisie, difficile en tout cas de ne pas trouver la fin trop rapide et par conséquent de penser que des péripéties et des personnages auraient pu être écartés pour produire un dénouement plus satisfaisant.
Diego Olortegui a tenu bon la barre sur l'ensemble de la série (et ses fill-in artists ont tous été excellents). Sur les deux derniers épisodes, il a répondu présent et produit des planches très efficaces à défaut d'être grandioses. Toutefois je me garderai d'être sévère avec lui car j'ai conscience des efforts qu'exige de dessiner un team book, surtout comme JSA, et il s'en sort mieux que bien à ce niveau.
Deux réflexions pour conclure : d'abord, la suite sera plus modeste, avec un arc situé dans le passé, aux origines de la JSA et ça n'est pas pour me déplaire ; ensuite sans doute qu'en réduisant la voilure Lemire pourra s'appuyer sur un artiste à la fois et non sur un défilé de dessinateurs, certes très bons mais dont les styles varient trop pour donner une unité visuelle à la série.
Malgré donc des défauts évidents, JSA réussit un beau retour, grâce à un auteur investi et ambitieux, et des collaborateurs généreux dans l'effort. Ce serait vraiment bien que Urban Comics traduise ça, même si, évidemment, JSA manque de personnages moteurs par rapport à Justice League Unlimited et que, de manière générale, l'éditeur français semble avoir renoncé à tout proposer dans les nouveautés DC.
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