L'archevêque de San Francisco rentre chez lui et se fait assassiner par son jumeau qui enfile son habit. Au même moment, Gloria Mundy, une jeune, jolie et timide bibliothécaire, participe à une fête chez une de ses amies dans une villa surplombant le Golden Gate Bridge. Elle remarque parmi les invités Tony Carlson qui l'amuse par sa maladresse avant de l'agacer par son insistance à la draguer. Elle préfère partir. Mai sur la route elle croise Scotty, un conducteur dont la voiture est en panne et qu'elle accepte de prendre. Ils sympathisent et conviennent de se revoir le soir même au Nurt Theatre. Avant de descendre de voiture, il glisse subrepticement un paquet de cigarettes où il a introduit un rouleau de film dans le sac à main de Gloria.
Le soir venu, comme convenu, ils se retrouvent dans la salle de cinéma où il est arrivé en retard. Blessé à l'estomac, avant de mourir, Scotty prévient Gloria de se "méfier du Nain". Horrifiée, elle interrompt la projection et signale la mort de son ami au directeur mais quand ils rentrent dans la salle, son corps a disparu. Bouleversée, elle rentre chez elle et se confie à son voisin et propriétaire, Mr. Hennessy, qui la raisonne en pensant que son ami est parti seul car il se sentait mal. Quand elle regagne son appartement, elle est agressé par un homme balafré qui lui réclame le paquet de cigarettes. Elle le lui remet mais il tente alors de la tuer en l'étranglant avant qu'il ne soit abattu par un albinos. Gloria s'évanouit.
Lorsqu'elle revient à elle, M. Hennessy la veille en compagnie de deux policiers, l'inspecteur Fergusson et le lieutenant Tony Carlson. Ils écoutent son histoire délirante et lui assurent qu'ils vont mener l'enquête. Ils n'en font évidemment rien, mais le lendemain Gloria est kidnappé par un troisième homme. Elle réussit à lui échapper et cette fois Tony est convaincu par son récit car il s'est renseigné sur Scotty, qui était en réalité un agent infiltré ayant découvert un projet d'assassinat contre le Pape Pie XIII lors de sa prochaine visite à San Francisco...
En revoyant récemment Shampoo de Hal Ashby, j'ai eu envie de revoir des films avec Goldie Hawn. C'est une actrice aujourd'hui un peu oubliée, mais qui fut très populaire dans les années 70-80, en plus d'être la femme de Kurt Russell. J'ai décidé de commencer par Foul Play (en vo), écrit et réalisé par Colin Higgins, et qui valut à Hawn un Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie.
Disons-le tout de suite : Drôle d'Embrouille (en vf) a mal vieilli, mais Goldie Hawn y est au sommet de son charme pétillant et sans elle le film n'aurait que peu d'intérêt. Colin Higgins s'est fait remarquer en signant le script de Harold et Maude de Hal Ashby (1972) puis de Transamerica Express de Arthur Hiller (1976), où déjà il s'amusait à citer des classiques.
En 1978, il a acquis désormais la légitimité pour passer derrière la caméra et ce sera donc Drôle d'Embrouille. Toutefois la pré-production sera compliquée : il désirait diriger Farrah Fawcett dans le rôle principal, mais celle-ci en fut empêché par les producteurs de Drôles de Dames. Pour lui donner la réplique, il voulait Harrison Ford, puis pensa à Steve Martin, mais les deux déclinèrent.
Goldie Hawn s'était absentée des plateaux de tournage depuis deux ans et le succès de La Duchesse et le Truand et s'occuper de son fils. Le public fit un bel accueil à Foul Play comme à ses films suivants, preuve qu'elle avait conservé toute sa popularité. Quant à son partenaire, Chevy Chase, il venait de claquer la porte du Saturday Night Live pour tenter sa chance sur le grand écran.
L'intrigue mentionne abondamment la filmographie d'Alfred Hitchcock, à commencer par l'usage d'un MacGuffin - le rouleau de film que glisse Scotty dans le sac de Gloria et qui est convoité ensuite par tous les bandits qui s'en prennent à elle - et dont on saura jamais ce qu'il contenait exactement. L'histoire se complique à plaisir ensuite avec un complot visant le Pape Pie XIII.
Le prénom de Scotty fait référence au personnage de James Stewart dans Vertigo, tout comme celui de Ferguson, et les deux films se déroulent à San Francisco. Le balafré tente d'étrangler Gloria avec une écharpe blanche comme le tueur embauché par Ray Milland pour assassiner Grace Kelly dans Le Crime était presque parfait. la relation entre Gloria et Tony évoque celle entre Ingrid Bergman et Cary Grant dans Les Enchaînés.
Et bien entendu le final à l'opéra renvoie à celui de L'Homme qui en savait trop avec James Stewart et Doris Day. Cette abondance de rappels nuit parfois au film qui donne l'impression de s'égarer au lieu de développer son histoire plus directement. Le rythme est d'ailleurs très inégal, ce qui est néfaste pour une comédie, avec un début laborieux et une fin un peu longuette.
Mais quand Higgins se concentre sur ses deux héros, alors on a droit à quelques étincelles. Goldie Hawn et Chevy Chase se révèlent très complémentaires - elle dans un affolement permanent, lui toujours flegmatique - et les seconds rôles tenus par Burgess Meredith, Dudley Moore ou Brian Dennehy proposent des moments loufoques ou plus terre-à-terre.
Sur le complot lui-même, ce qui reste le plus amusant, c'est que Higgins indique au spectateur la cible et révèle les coupables rapidement, ce qui introduit un décalage avec le temps que mettent les héros à comprendre qui est visé et quels sont les conspirateurs et l'assassin. Le seul souci, c'est que, sur 116' de film, c'est un peu too much et il aurait fallu un montage plus nerveux pour servir ce délire.
Drôle d'Embrouille ressemble à son époque, où les comédies, comme c'est le cas de manière cyclique à Hollywood, se cherchaient un nouveau souffle. La parodie était une voie à explorer, mais Higgins, dont la carrière s'interrompit en 1982 (il mourut 6 ans plus tard), s'il était un bon auteur, manquait de génie à la réalisation. Reste Goldie Hawn, à laquelle il est difficile de résister.
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