Black Cat a donc décidé de passer du côté des héros. Son atout pour ça, c'est qu'elle connaît bien justement le milieu du banditisme. Son problème, c'est de s'imposer comme une justicière avec son passé. Et lorsque ses partenaires, Boris et Bruno, la tuyautent sur un drôle de trafic dans Hell's Kitchen, elle se dit qu'elle tient là une opportunité de prouver sa valeur...
Le mois dernier, quand le premier épisode de Black Cat est paru, je n'avais pas prévu de l'acheter, mais j'ai cédé à la curiosité et ce fut une agréable surprise. Cette fois, qu'allait-il en être ? Surtout que le statut de cette série est encore floue : ici, je lis que c'est une mini en cinq épisodes ; là, qu'il s'agit d'une ongoing (vu le succès du numéro 1).
Il est fort possible que, sur ce coup-là, Marvel s'inspire de Poison Ivy, également pilotée par G. Willow Wilson. C'est-à-dire que l'éditeur teste le public avec un premier arc et, si la mayonnaise prend, on aura droit à un deuxième arc, et si les lecteurs suivent, alors ça deviendra effectivement une série illimitée.
Après, il faut que Wilson ait envie de s'engager sur le long terme, qu'elle ait des histoires à raconter sur Black Cat. Quant à son contrat avec DC, il ne semble pas avoir de clause d'exclusivité, donc elle devrait pouvoir écrire deux séries pour deux éditeurs concurrents sans problème.
En attendant donc d'en savoir plus sur le destin éditorial de Black Cat, savourons ce deuxième épisode, qui est, ma foi, aussi réussi que le précédent. Au jeu des comparaisons, il est facile de remarquer que G. Willow Wilson s'autorise une écriture plus légère que pour Poison Ivy. Mais il y a des points communs aux deux personnages.
Qu'il s'agisse de Pamela Isley ou de Felicia Hardy, on a là deux femmes qui ont vécu la majeure partie de leur carrière du mauvais côté, en étant des vilaines. Et les voilà maintenant qui tentent de se racheter, ou du moins de ne plus être strictement étiquetées. La vraie différence, c'est que Marvel a déjà tenté plusieurs fois de faire de Black Cat l'héroïne de son propre comic book alors que Poison Ivy ne l'avait jamais été.
La volonté de Black Cat d'être une héroïne est au centre de la série. Même pour ceux qui n'ont pas suivi The Amazing Spider-Man récemment, on comprend qu'elle a été motivée par le comportement bizarre du tisseur, mais aussi par une forme de lassitude à être coursée par la police. En même temps elle mesure que cette reconversion sera difficile.
Cet épisode l'illustre : l'intrigue est plutôt superficielle avec ces deux fils Manfredi qui veulent, eux aussi, s'imposer à leur manière, mais sans que leur père le sache. Ils traficotent en stockant des meubles de valeur et Black Cat leur tombe dessus pour les prévenir que, désormais, elle ne laissera pas un crime impuni. Premier avertissement sans frais.
Mais elle ne les quitte pas des yeux et, voyant qu'ils ne l'ont manifestement pas prise au sérieux, elle interrompt une nouvelle fois une de leurs opérations et cette fois la situation échappe à tout le monde. Au point que le protecteur de Hell's Kitchen, théâtre de l'histoire, Daredevil en personne, va s'en mêler... Mais sans gravité, sans compromettre les chances de Black Cat.
Il y a un charme simple dans ce qu'écrit Wilson : tout cela n'est pas sérieux, et il faudra sans doute, pour que la série dure et convainque sur le long terme, qu'elle se muscle un peu, que les intrigues soient un peu moins prétexte. Mais c'est divertissant. Felicia s'en sort bien, il y a un peu d'action, de l'humour, un subplot (où apparaissent l'Homme-Sable et Tombstone), et un final avec JJ Jameson amusant.
Gleb Melnikov illustre ça en collant au plus près au ton du script. Ses planches sont dynamiques, ses personnages très expressifs. Il n'est vraiment pas difficile d'aimer cette série car visuellement elle est aussi séduisante que son héroïne. C'est insouciant et c'est appréciable. On peut même espérer que ce soit à dessein, pour que, le moment venu, on soit surpris en découvrant des rebondissements qui seront plus profonds.
Mais je retiens que Black Cat par Wilson et Melnikov est une friandise, et il faut d'abord l'apprécier pour ça, sans en avoir honte. Par les temps qui courent, et particulièrement de la part de Marvel, l'absence de prétention du projet est indéniablement rafraîchissante. Si ça ne doit durer que cinq épisodes, ce sera parfait. Au-delà, il faudra juste que les auteurs prouvent qu'ils ont une idée plus ambitieuse.
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