Tandis qu'il conduit sur l'autoroute, Carey est masturbé par sa femme Ashley. Mais une voiture tente de les doubler et dérape, fait un tonneau et échoue sur le bas-côté. Carey s'arrête et porte secours au conducteur, choqué mais indemne, mais Ashley ne peut réanimer sa femme. Les secours arrivent. Ils reprennent la route. Ashley demande à Carey de s'arrêter et elle lui annonce vouloir divorcer car elle l'a trompé avec d'autres hommes. Il descend de voiture et s'enfuit en courant à travers champs.
Carey rejoint ainsi la résidence secondaire de Paul et Julie, chez qui ils se rendaient. Il leur explique sa situation et découvre que ses amis ont résolu leurs problèmes conjugaux en acceptant que chacun ait des aventures. Le lendemain, Paul est reparti pour New York pour ses affaires et Carey avoue à Julie son incompréhension sur leur ménage. Julie réconforte tant et si bien Carey qu'ils couchent ensemble. Au retour de Paul, Carey lui avoue tout et ils en viennent aux mains avant que Julie ne les calme.
Paul repart en ville pour conclure une vente immobilière. Le soir venu, Carey accompagne Julie et son fils, Russ, à une fête foraine où elle est draguée par un voisin, Brent. Carey est jaloux et déclare à Julie que leur aventure l'a bouleversé mais elle le raisonne. Il décide de rentrer chez lui où il surprend Ashley avec son amant. Mais au lieu de le mettre dehors, il propose à Ashley le même arrangement que celui conclu entre Paul et Julie...
Je suis un bon client en général pour les films, même si ça ne signifie pas que je tolère tous les défauts qu'ils ont. Mais j'avoue que, pour les comédies, je suis plus difficile. Il n'y a pas beaucoup de longs métrages qui me font vraiment rire, j'ai du mal avec les gags, et ça ne s'arrange pas avec le temps, je m'en rends compte.
Mais, bon sang, qu'est-ce que j'ai ri en voyant Splitsville (en vo) ! C'est certainement le film le plus drôle que j'ai visionné depuis des lustres, et ça été une expérience mémorable car je n'en attendais rien de spécial. J'avais lu quelques avis positifs, mais rien qui m'aurait préparé à ce que j'ai éprouvé. Aussi, s'il passe dans une salle près de chez vous ou si vous êtes abonné à Apple TV+, ne le ratez pas !
J'ai appris entre temps qu'il s'agissait du deuxième long métrage réalisé par Michael Angelo Covino et co-écrit avec son ami Kyle Marvin, et les deux bougres tiennent aussi les deux rôles masculins principaux ici. Je vais tâcher maintenant de trouver The Climb, leur premier effort en commun, pour savoir s'ils étaient déjà aussi inspirés.
L'amour libre, vaste sujet... Et casse-gueule surtout ! Facile de tomber dans le graveleux facile avec un tel pitch qui voit un type fraîchement largué par sa femme découvrir que ses meilleurs amis s'autorisent des infidélités pour préserver leur couple. Après avoir passé une nuit avec la femme de son meilleur pote puis s'être violemment disputé avec lui après le lui avoir dit, Carey repart avec une drôle d'idée en tête...
... Il propose à sa future ex-femme de faire pareil que Paul et Julie plutôt que de divorcer. D'abord hésitante, flairant un piège, Ashley se laisse convaincre et c'est ainsi qu'elle ramène ses amants dans leur appartement. Mais voilà que Carey offre aux amants de rester à la maison, au grand dam d'Ashley. Et lorsque Paul surgit en révélant que Julie l'a mis à la porte, c'est le pompon !
Je ne vais pas en dire plus ce qui se passe ensuite mais c'est réjouissant. Mais pas seulement. Evidemment, la loufoquerie du scénario est délectable, mais Covino et Marvin ne s'en contentent pas. Ils auraient pu jouer les idiots et négliger le reste. Il n'en est rien et Libre Echange (en vf - le titre français est pour une fois bien trouvé) dépasse son statut initial.
Cette comédie interroge ses personnages en profondeur et montre à la fois l'absurdité de leurs attitudes et leur hypocrisie. Paul et Julie sont-ils vraiment des êtres si détachés qui croient que coucher à droite et à gauche, ce n'est pas (se) tromper ? Ashley croit-elle qu'accumuler les aventures sans lendemain la libère du carcan de la vie conjugale traditionnelle ? Carey accepte-t-il si facilement ce qu'il subit ?
Une scène résume parfaitement ces dilemmes : Russ, le fils de Paul et Julie, sans doute plus perturbé qu'il ne le dit de voir sa mère désormais en couple avec Carey, humilie un camarade de classe après avoir lui-même été humilié par ce dernier. Le proviseur convoque les parents du garçon et Paul, Julie mais aussi Carey s'y rendent. Qui sont encore les parents, les adultes responsables dans tout ça ?
Il est beaucoup question de renonciation et de libération dans le film, comme si l'une apportait l'autre. Sauf que ce n'est pas si simple. Renoncer est toujours difficile et douloureux et être libre ne signifie pas toujours être heureux. C'est ce qu'apprennent Paul, Julie, Carey et Ashley. Et si on rit de ce qui leur arrive, de ce qu'ils provoquent, au début, on on rit ensuite de leurs désillusions.
Covino et Marvin n'épargnent personne dans cette histoire. Mais ils ne sont pas bêtement cruels. Pour un des deux couples, cela finira bien, de manière apaisée. Pour l'autre, ce sera sur la base d'un nouvel accord, tenant compte des coups de canif dans le contrat de mariage. Et pour l'enfant entre eux tous, il s'agira d'une aventure cocasse à raconter aux copains, mais intégrée avec philosophie.
Le film emprunte à plusieurs types de comédie : quand Carey et Paul se battent au début, on est en plein slapstick et la scène est à la fois épique et hilarante. Quand Paul suggère à Ashley qu'ils couchent ensemble pour se venger de la fois où Carey et Julie l'ont fait, c'est du burlesque pur où les deux hésitent, acceptent, hésitent à nouveau, puis l'un des deux renonce, lassé de ces hésitations.
Covino, à la mise en scène, aime les plans séquences, pour saisir dans la durée comment une situation prend une dimension complètement folle. Rien que cela change la morphologie humoristique du projet alors que la plupart du temps, la comédie privilégie les plans courts et un montage vif. Là, on a le temps d'apprécier les réactions, la tension entre personnages, et les conséquences.
Et puis les quatre personnages principaux bénéficient d'une interprétation rien moins que magistrale. Michael Angelo Covino est pathétique à souhait en mec tellement insécure. Kyle Marvin promène sa bonhomie avec un art du contretemps jouissif.
Adria Arjona est encore une fois fabuleuse en épouse qui veut s'affranchir de son rôle pour finir par en voir les limites. Et Dakota Johnson affiche des dispositions pour la comédie pure qu'on ne lui soupçonnait pas et dans lesquelles elle est impeccable... Bon, et puis ces deux filles sont absolument splendides (et c'est aussi pour ça qu'on ne pige jamais comment ils peuvent les tromper !).
Il n'est pas exagéré de penser qu'on tient là la comédie de l'année. C'est effectivement très drôle, mais surtout intelligemment drôle. Vraiment, encore une fois, si vous avez l'occasion de voir Libre Echange, vous ne le regretterez pas.
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