Ray exploite la quincaillerie familiale avec son frère, Junior, dans la petite ville de LaRoy, Texas. Skip, un détective privé qu'il connaît vaguement, lui montre des photos qu'il a prises lors d'une filature où l'on voit sa femme, Stacy-Lynn, entrer dans la chambre d'un motel, suggérant une infidélité - mais Ray refuse d'admettre l'évidence. Le soir venu, muni d'un revolver qu'il vient d'acheter, il se gare pourtant devant le motel avec le projet de se suicider. C'est alors qu'un homme entre dans sa voiture et lui tend un sac rempli d'argent avec l'adresse d'un homme, John Barlow, à assassiner le lendemain, puis s'éclipse aussi sec !
Cependant, Harry, le véritable tueur à gage, attend sur le parking du motel son client. Avec cet argent, Ray se dit qu'il pourrait acheter l'endroit pour le salon de beauté que sa femme rêve d'ouvrir, mais estime qu'il doit remplir le contrat. Il se rend chez Barlow, le suit toute la journée, jusqu'au soir dans un bar où il tombe sur Skip qui l'interroge sur sa séparation. Lorsque Barlow s'en va, Ray plante Skip pour le rattraper mais sa cible lui tombe dessus, l'étranglant pour savoir pourquoi il est après lui. Ray dégaine son revolver et l'abat puis se débarrasse du corps en rase campagne.
Harry passe par là peu après et croise des policiers en uniforme qui lui ordonnent de circuler parce que le corps d'un homme tué par balles vient d'être trouvé. Il leur demande le nom de la victime et reconnaît celui de sa cible. Le lendemain, le commanditaire trouve Ray à la quincaillerie et l'accuse d'avoir volé l'argent de Barlow dans son coffre : il a 24 h. pour le lui restituer. Désespéré, Ray raconte tout à Skip qui accepte de l'aider pour enfin se faire respecter des flics du coin...
LaRoy, Texas (en vo) est le premier film écrit et réalisé par Shane Atkinson. Ses influences sont claires : il a étudié le cinéma des frères Coen, notamment Fargo et Sang pour sang, et il ne cherche même pas à s'en cacher. Tout y est : un trou perdu, un tueur à gage glaçant, un pauvre cocu couillon qui refuse l'évidence, un imbroglio absurde, des cadavres qui s'amoncellent...
La question que se pose alors, c'est : qu'en fait Atkinson ? LaRoy est-il un simple exercice de style "à la manière de..." ? Un pastiche ? Une relecture brillante ? C'est à la fois tout ça sans jamais réussir à surpasser ses modèles. Il faut dire qu'imiter les Coen et les dominer à leur propre jeu a tout d'un gageure impossible.
Atkinson trouve sa singularité dans la caractérisation de ses personnages : il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Le seul qu'on peut avoir envie de sauver à la rigueur est Skip, et encore parce qu'il veut gagner l'estime de policiers qui le méprisent tout en étant lucide sur ce qu'il représente - un type habillé comme un cowboy, même pas fichu d'avoir une carte de visite bien écrite, et sans affaire résolue à son actif.
Mais sinon, LaRoy se distingue par sa méchanceté : tous les autres sont de parfaits idiots, pleutres, veules, aveugles, etc. Ce n'est pas un film sympathique ni même aimable car trop misanthrope. Cette volonté afficher de renvoyer dos à dos tout ce petit monde mesquin flirte avec une forme de condescendance de la part de Atkinson.
Là où les Coen aiment bien leurs héros les plus crétins, et réfléchissent avec malice à la manière dont ils peuvent se racheter, Atkinson, lui, les met en scène sans leur accorder ni pardon ni espoir. La radicalité du geste a quelque chose d'audacieux, c'est indéniable. Mais en même temps elle empêche le film de décoller pour proposer autre chose qu'un spectacle pathétique jusqu'au bout.
L'intrigue est affreusement compliquée : entre Ray qui prend la place d'un tueur à gage, sa femme qui couche avec son beau-frère, un avocat qui se fait tuer bêtement, un concessionnaire automobile victime d'un chantage, son épouse qui est une héritière richissime voulant lui donner une bonne leçon plutôt que de le larguer, et des flics stupides incapables de voir plus loin que le bout de leur casquette...
... Il faut s'accrocher pour ne pas être perdu. Pourtant le scénario est suffisamment solide dans sa construction pour ne rien oublier et conclure toutes ses pistes narratives. C'est un exploit mais qui exige du spectateur une attention soutenue. Mais là encore, doit-on souligner, cela se fait au détriment du film lui-même car tout cela est beaucoup trop touffu pour qu'on éprouve quoi que ce soit pour les protagonistes.
Ce qui fait défaut à LaRoy, ce sont des pauses, des respirations, et un peu d'humanité, de compassion. C'est dommage car Atkinson ne manque à l'évidence pas de talent, simplement son travail gagnerait à être moins arrogant, moins complexe. Il veut trop prouver ses qualités et surtout qu'il vaut bien ses maîtres pour qu'on remarque autre chose.
Le casting est toutefois épatant. John Magaro avec son regard triste et sa démarche clownesque est fabuleux en cocu aveuglé. Megan Stevenson compose une sorte de femme fatale par défaut misérable à souhait. Toutefois, les deux à vraiment tirer leur épingle du jeu sont Steve Zahn, exceptionnel en privé perspicace mais toujours à la ramasse, et Dylan Baker, qui fait un substitut étonnant à ce que Steve Buscemi incarne souvent chez les Coen, le type bizarre et flippant.
LaRoy, malgré son côté trop poseur, affiche un potentiel intéressant. Il suffirait juste que son réalisateur écrive un prochain script plus personnel et aéré.
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