jeudi 4 septembre 2025

RESURRECTION MAN : QUANTUM KARMA #6 (of 6) (Ram V / Anand RK & Mike Perkins)


Alors qu'il croyait avoir perdu la partie contre son double, Mitch Shelley est extirpé des mécanismes de l'horloge multiverselle de Samsara par le Phantom Stranger qui lui indique comment piéger celui qui l'a enfermé là-dedans. Il lui faudra ensuite affronter le Gashadokuro, la créature dévoreuse de mondes et d'univers qui fut autrefois Shohei Kagawa...


A la toute fin de ce dernier numéro de Resurrection Man : Quantum Karma, on a droit à quelques jolis bonus - une pleine page en noir et blanc dessinée par Evan Cagle (le partenaire de Ram V sur The New Gods), des planches non lettrées et non colorisées par Anand RK qui ont servi d'échantillons pour convaincre DC, un portrait peint de Mitch Shelley par le même Anand RK...


Puis il y a une double page poignante où Ram V, Anand RK, Mike Spicer, Aditya Bidikar (le lettreur) et Brittany Holzerr rendent hommage à Butch Guice, le co-créateur du personnage-titre. A part Holzerr qui a édité plusieurs comics dessinés par Guice, les autres n'ont fait que le côtoyer brièvement ou le respectaient sans l'avoir connu.


Cependant tous s'accordent à remarquer que ce fut en quelque sorte un heureux tour du destin que Guice achève sa carrière avec un titre qu'il avait contribué à créer, comme une boucle qui se referme. Et cela résume bien l'entreprise de cette mini-série ainsi que son dénouement en forme de révolution (un tour du récit sur lui-même).


Je ne vais pas vous spoiler comment tout ça se termine mais j'imagine que, pour Ram V, dont la philosophie est différente de la nôtre de par sa culture indienne, c'est la meilleure manière de conclure ce projet qui aura dépassé le cadre d'un simple comic book avec la mort de Butch Guice. Il me semble surtout que Resurrection Man : Quantum Karma est une sorte de synthèse pour Ram V.

Dans ses creator-owned, le scénariste raconte évidemment d'autres histoires que celles qu'il propose à DC Comics. Il abandonne le registre du super héros pour s'aventurer dans des récits alternatifs, des univers divergents du genre dominant la bande dessinée américaine. Il a par ailleurs déclaré récemment qu'après The New Gods, il entendait changer de registre pour ses work-for-hire.

Par là, il entendait s'intéresser à des héros moins surhumains - et on sait déjà qu'il travaille actuellement sur un projet autour de Sandman (Wesley Dodds) avec le dessinateur Jorge Fornes, même si aucune date de sortie n'a été communiquée. J'ai en tout cas hâte de découvrir ça parce que je pense que Ram V peut en faire quelque chose de singulier et aussi parce que j'adore Fornes.

Mais revenons à Resurrection Man et cette idée de synthèse. Telle que je le ressens après après avoir lu ce dernier épisode, j'ai l'impression qu'il s'agit de l'oeuvre de commande la plus proche de ce que Ram V écrit quand il produit en indépendant. Par bien des aspects, on est là dans quelque chose de voisin de Toutes les Morts de Laïla Starr.

La mort est au coeur de Resurrection Man et dans ce dernier épisode, on suit Mitch Shelley face à son destin, face à sa némésis, le Gashadokuro, ce monstre dévoreur de mondes et d'univers, qui fut autrefois cet officier japonais du nom de Shohei Kagawa et qui subit une transformation atroce après avoir mangé un bout de la chair de Mitch qu'il croyait avoir tué.

Le défi avec un tel héros, c'est évidemment de le confronter à une menace suffisante pour que le lecteur croit que cela peut achever définitivement son pouvoir de renaissance. Ram V trouve une solution étonnante, qui fait basculer toute la série dans une dimension à la fois très viscérale, très symbolique et même carrément cosmique.

Le résultat est tout sauf commun, et je pense qu'il divisera. Certains trouveront cette issue frustrante car peut-être trop nébuleuse, pas assez claire. D'autres estimeront que Ram V, comme d'autres avant lui, n'a pas su trouver la solution miracle et a imaginé une fin trop éthérée. Mais on en trouvera sûrement qui auront apprécié que cette conclusion respecte l'essence même du personnage et, plus encore, l'embrasse.

En tout cas, cette espèce de trip a été parfaitement servi par les planches hallucinées et hallucinantes de Anand RK, magnifiées par les couleurs de Mike Spicer. Ce dernier est vraiment sorti de sa zone de confort : ça n'a rien à voir avec ce qu'il fait quand il accompagne Daniel Warren Johnson. Mais ça prouve, si le doute était permis, qu'il est un artiste à part entière.

Anand RK restera, pour moi qui n'avait jamais rien lu de lui, une des révélations de cette année. Ses visions sont à la fois étrangement belles, perturbantes et uniques. Elles collent au mieux au récit tout en le transportant ailleurs. Impossible d'imaginer cette histoire mise en images par quelqu'un d'autre - ce qui, je crois, est le signe d'une forme de perfection, en tout éditoriale.

Mike Perkins signe la première page en imitant le style de Guice de manière impeccable (on sait qu'il fut un de ses modèles). Je crois que Guice aurait été fier à la fois de Perkins, touché qu'il l'ait suppléé, et marqué par ce qu'on fait Ram V, Anand RK de sa créature.

Urban Comics n'a pas communiqué sur la traduction de cette mini mais je ne doute pas qu'ils la programmeront d'ici 2026 (Ram V est une valeur sûre en France). Si vous êtes à la recherche d'un comic book à part, Resurrection Man : Quantum Karma devra figurer sur votre liste d'achat le moment venu.

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