La JSA se recompose, presque au complet. Mais n'est-il pas déjà trop tard ? En effet Wotan avec la lance de la destinée a ouvert un portail interdimensionnel pour que les démons sans nom envahissent notre monde et permettent à la Société d'Injustice de confirmer leur victoire...
Jeff Lemire est sur le point de conclure son premier arc narratif et il donne au lecteur ce que ce dernier a longtemps désiré et attendu : la reformation presque intégrale de la JSA. Auparavant, le scénariste a consacré son temps, son énergie à éparpiller les membres de cette équipe hors normes, allant jusqu'à faire renaître Infinity Inc. (l'équipe B en quelque sorte).
Si on peut saluer l'ambition de Lemire, il faut bien reconnaître que relancer une série avec une histoire courant sur une année entière de publication, avec un casting pléthorique et une intrigue à tiroirs, a pu montrer quelques baisses de rythme notable, certains épisodes semblant surtout avoir été écrits pour "meubler".
Néanmoins, à une étape de l'arrivée, je trouve que le défi est quand même réussi. Parce que, sur l'ensemble, on ne sera guère ennuyé. Oui, il y a eu des coups de mou, mais jamais au point de d'avoir envie de renoncer pour reprendre la lecture sans sa globalité. A chaque fois Lemire a su fournir au lecteur l'envie d'y revenir, de suivre.
Pour cela, il a prouvé sa connaissance des personnages et surtout son amour pour eux. Il n'en ai laissé aucun sur le bas côté, même s'il a fait un sacrifice important et que, à titre personnel, je regretterai longtemps (bon, en même temps, dans les comics, jamais personne ne meurt jamais longtemps donc il est possible que ce personnage revienne quand même...).
Lemire a aussi réussi quelque chose que peu de ses confrères parviennent à faire : animer des adversaires crédibles et tout aussi bien caractérisés. La Société d'Injustice fait un retour en majesté et le scénario arrive à nous faire croire qu'elle peut vaincre la JSA - ou du moins que la JSA ne sortira pas indemne du combat.
Dans ce pénultième épisode, on assiste donc à la reformation de la JSA. Avec un talent éprouvé pour réunir les pièces du puzzle qu'il a lui-même créé, Lemire sonne la fin de la récré et orchestre une réunion palpitante. Le dispositif qu'utilise l'auteur est ingénieux, chaque membre retrouvé par un ou deux autres conduit aux suivants.
J'ai souvent eu l'occasion de déplorer la médiocrité des team books, aussi bien chez Marvel que chez DC, ces derniers mois pour ne pas féliciter ce qu'a accompli Lemire ici. Non, ce n'est pas parfait, mais c'est bien plus abouti que tout ce que j'ai lu dans ce registre par ailleurs. Encore une fois parce qu'on a un auteur qui connaît bien ses personnages et les aime.
Cet épisode et le suivant seront dessinés par Diego Olortegui, qui n'a jamais déçu sur ce titre. Certes, il a eu besoin de suppléants car avec cette foule de personnages, de décors, et des scènes exigeantes en termes visuels, peu auraient pu tenir la cadence mensuelle. Mais quand il a été présent, il a fait preuve d'un talent indéniable.
C'est encore le cas ici : son découpage est classique mais son efficacité est éprouvée. La lisibilité de chaque scène, le flux de lecture très fluide, la manière de camper chaque héros et vilain, tout cela est excellent. Il y a même un côté old school (même quand les fill-in étaient à l'oeuvre) qui est loin d'être désagréable ou même désuet : simplement une évocation de ce qui faisait les bons comics du bronze age.
Comme quoi, il en va des recettes des bons comics comme des héros les plus anciens : c'est quand on sait bien les exploiter qu'ils sont à leur meilleur. Aucune raison de craindre un dénouement qui ne soit pas à la hauteur dans les mains de tels experts.





 
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