jeudi 21 août 2025

DETECTIVE COMICS 1100 (Tom Taylor, Mariko Tamaki, Greg Rucka, Dan Watters / Mikel Janin, Amancay Nahuelpan, Alvaro martinez Bueno, Bill Sienkiewicz)

- LOST AND FOUND (Tom Taylor / Mikel Janin) - Batman aide un garçon sourd muet à retrouver son chien enlevé par une bande de voyous...


- YOUR ROLE IN THE COMMUNITY (Mariko Tamaki / Amancay Nahuelpan) - Invité à une soirée qui célèbre les héros de Gotham, Bruce Wayne est attablé avec des adolescents qui participent au journal de leur lycée et qui l'interrogent sur ce qu'il fait pour la cité...


- THE KNIFE AND GUN CLUB (Greg Rucka / Alvaro Martinez Bueno) - Une jeune infirmière discute avec une médecin de l'impact des actions de Batman sur les patients que l'hôpital reçoit à chacune de ses sorties...


- THE FALL (Dan Watters / Bill Sienkiewicz) - Batman poursuit un malfrat qui se jette dans le vide en espérant que les témoins tiendront le justicier pour responsable...


Mille cents numéros ! Detective Comics est la série de super héros la plus ancienne, le titre fondateur de l'éditeur qui s'appelait encore National Comics. Le chiffre impressionne et il y a de quoi : en le considérant, c'est tout un pan de l'histoire des comics qu'il représente. Comment alors célébrer dignement l'événement ? 

DC Comics a choisi la modestie et il me semble que c'est pour le mieux. Des numéros spéciaux, maintenant, on en fait dès qu'une série réussit à passer les 25 épisodes. Alors imaginez 1100... Mieux vaut un programme plus classique mais qualitatif qu'un numéro obèse sans aucun intérêt. Cela ne signifie pas que tout se vaut dans ce Detective Comics #1100, mais ce qui est bon est vraiment excellent.

Pour commencer, à tout seigneur tout honneur, Tom Taylor et Mikel Janin, l'équipe créative aux manettes de la série actuellement, a droit à la part du lion avec un segment d'une vingtaine de pages. L'originalité vient du fait que l'histoire est muette, même pas d'onomatopées. Et pour cause : le héros est un garçon sourd muet à qui Batman vient en aide.

Taylor produit une petite histoire pleine de bons sentiments et très touchante dans laquelle il invite Ace le Bat-chien. Difficile de ne pas être simplement ému par ce récit court, efficace, rythmé, où le scénariste joue quand même un peu avec nos nerfs avant la happy end.

Mikel Janin revient après sa pause et signe dessin, encrage et couleurs. Le résultat est superbe, vif, expressif. On sent qu'il s'entend bien avec Taylor en ce sens qu'il sert parfaitement le script sans avoir besoin d'en rajouter.

On enchaîne avec le segment le plus faible graphiquement. Je ne comprends pas bien ce que Amacay Nahuelpan vient faire là, c'est un dessinateur vraiment trop moyen pour pareille occasion et ses planches témoignent de la différence de niveau avec les autres artistes convoqués.

Mariko Tamaki questionne habilement ce que fait réellement Bruce Wayne (et par conséquent Batman) pour Gotham face à une tablée de gamins moins insolents que pertinents. Wayne donne certes beaucoup d'argent pour la bonne cause et Batman affronte des criminels redoutables, mais pour quel profit à long terme ? Vraiment pas mal.

Greg Rucka, l'homme qui se fâche régulièrement avec DC mais qui y revient fréquemment, a aussi une approche du même genre : plutôt que de mettre en scène Batman, il l'appréhende via le regard de deux femmes qui travaillent dans un hôpital et reçoivent les gens pris dans une bataille menée par le dark knight.

Alvaro Martinez Bueno, colorisé par Giovanna Niro, illustre ce propos magistralement, avec des planches magnifiques. L'angle choisi permet de peser là encore les bénéfices mais aussi les risques d'habiter dans une ville où agit un justicier et les points de vue échangées sont équilibrés.

Enfin, comme les deux précédents segments, le dernier fait une dizaine de pages. Dan Watters opte pour quelque chose de minimaliste. Un malfrat fait une chute, Batman va le rattraper. Comme au ralenti, la voix off décrit ce qui se passe la tête du caped crusader.

L'exercice de style avait besoin d'un artiste à part : Bill Sienkiewicz. Si comme moi vous avez du mal avec son style, la lecture vous procurera un sentiment mitigé. Mais il faut reconnaître que c'est effectivement ce qui sauve ce récit de l'anecdote.

DC a trouvé une bonne formule pour ce numéro exceptionnel. Quant à moi, je risque bien d'en rester là pour les critiques mensuelles de Detective Comics, préférant désormais privilégier les articles sur les TPB, un format qui rend plus agréable la lecture des histoires écrites par Tom Taylor.

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