Davey Colton a commencé à servir en tant que nouveau Captain America en Afghanistan. Une période trouble où ses idéaux ont commencé à vaciller... Mais avec lesquels il a appris à composer dorénavant. Et quand les Howling Commandos rencontrent la résistance latvérienne, la mission change à cause d'une décision de Steve Rogers...
Cette semaine est en quelque sorte à marquer d'une pierre blanche puisque j'ai acheté plus de comics Marvel que DC, et ça faisait un bail que ça ne s'était pas produit. Bon, après pour un des trois, c'est déjà la fin, et les deux autres sont plutôt des valeurs sûres ou du moins pilotés par une équipe créative solide. Mais tout de même.
Dans ce deuxième épisode de Captain America écrit par Chip Zdarsky, le scénariste veut clairement nous en dire un peu plus sur ce qu'il ambitionne de faire avec le personnage, tout en en gardant sous le pied. En effet, tout ce premier arc se déroule dans l'après 11-Septembre, et le deuxième arc se passera à notre époque. On sait donc que ce qu'on lit en ce moment prépare le futur.
Il est apparaît aussi de manière nette que Zdarsky centre son récit sur Davey Colton, ce jeune homme qui a été témoin des attentats perpétrés par Al-Qaïda et qui s'est engagé dans l'armée avec la volonté de venger l'Amérique jusqu'à ce qu'on en fasse un nouveau super soldat, un nouveau Captain America, puisque Steve Rogers n'avait pas encore été retrouvé par les Avengers.
Encore une fois, il faut préciser que Zdarsky a chamboulé la continuité : si Steve Rogers réapparaît au début des années 2000, ça veut dire que l'univers Marvel existe depuis à peine un quart de siècle. Les Avengers viennent de se former, les Fantastic Four aussi, etc. La démarche, comme je le disais le mois dernier, rappelle celle des New 52 chez DC, avec des super héros en fonction depuis peu.
C'est une approche audacieuse mais qui ne manquera pas de diviser, voire de déplaire. En comprimant le temps de cette manière, en 25 ans il s'est donc passé énormément de choses. Et tout ça pour en fin de compte réactualiser Captain America. C'est radical et sans doute l'est-ce un peu trop. Mais Zdarsky avait besoin d'un événement comme le 11-Septembre comme marqueur historique.
En effet, quoi de plus fort, de plus traumatique que ces attentats, qui ont non seulement changé le cours de l'Histoire américaine mais aussi mondiale ? Je ne pense pas qu'il existe dans l'Histoire moderne, contemporaine, quelque chose d'aussi puissant pour justifier le projet de Zdarsky. Mais forcément, en s'en servant de base pour tout le reste de l'univers Marvel, ça exige d'être très tolérant sur la continuité.
Toutefois, pour défendre Zdarsky, il ne fait pas que ça pour Steve Rogers. Parce que s'il s'agissait seulement de souligner le caractère de l'homme hors du temps qu'il incarne, ce serait un peu court. Cet aspect existe, il est mentionné, mais ce n'est pas le seul. Et, arrivé à ce stade, ça m'a fait surtout penser à ce qu'avait fait Mark Millar pour Captain America dans Ultimates.
Dans le volume 2 d'Ultimates, Millar opposait Steve Rogers, par ailleurs dépeint non pas comme boy scout mais comme un soldat aux ordres du gouvernement de G.W. Bush, à un irakien dont on avait fait un super soldat et qui allait commander une équipe pour attaquer les Etats-Unis d'une manière aussi dévastatrice que Al-Qaïda.
Or, Davey Colton ressemble à ce Abdul Al-Rahman : comme lui, c'est un jeune homme qui a assisté à la chute de son pays, qui veut se venger, qui en acquiert les moyens de manière providentielle, qui devient un nouveau Captain America. Mais Zdarsky en fait un soldat troublé, après qu'il a compris que l'Amérique ne régit plus le nouvel ordre mondial mais le chaos. Par cynisme, il s'y habitue.
Le contraste avec Steve Rogers est intéressant car Rogers reste imprégné de l'époque où il a servi sur le front et où le méchant à affronter était moins ambigu que Ben Laden. Toutefois, là encore, Zdarsky appuie sur la docilité de Rogers : il apprend les codes du XXIème siècle et il obéit aux ordres. Comme Colton, mais plus naïvement.
Je pense que, dans le prochain arc, Zdarsky va écrire un Steve Rogers qui aura bien évolué en ayant assimilé cette nouvelle époque, en perdant certainement pas mal d'illusions, voire en ne croyant plus au fait de servir l'Amérique (mais toujours ses idéaux les plus utopiques). Et je pense aussi que Colton sera soit mort entre temps, soit aura, lui aussi, versé dans une attitude encore plus désabusé (au point de devenir un vilain ?).
L'épisode est donc riche et pourtant Zdarsky fait passer tout ça avec fluidité, avec des scènes courtes, rythmées, intenses. A la fin de l'épisode, deux groupes se forment : Colton part délivrer les otages (la mission qu'on lui a donné), Rogers aide la résistance à détrôner Fatalis... Et le cliffhanger est vraiment inattendu, très accrocheur pour la suite.
Si vous me lisez fréquemment, vous savez à quel point Valerio Schiti compte parmi mes artistes préférés. Depuis quelque temps, son style évolue vers quelque chose de pas simple à définir, mais disons plus brut, moins joli. Le trait a quelque chose de plus rugueux, l'encrage est moins soigné, comme si l'italien cherchait un résultat visuel un peu abrasif, plus spontané, proche du dessin d'après nature.
Cette évolution me paraît avoir débuté dans G.O.D.S., même si l'encrage était encore bien appuyé, soigné. Mais ça s'est vraiment confirmé sur ses épisodes d'Avengers. Au début j'ai mis ça sur le compte du peu de temps dont il avait dû disposer. Mais, ensuite, quand il est revenu sur d'autres numéros, le résultat était le même, donc c'était bien une volonté de l'artiste d'aller ailleurs.
Et sur Captain America, on est vraiment dedans. Et je dois avouer être un peu décontenancé. Schiti y perd à mon avis plus qu'il n'y gagne. Et j'ai du mal à comprendre où il veut en venir. Est-ce qu'il tente quelque chose pour ensuite revenir à un dessin plus peaufiné dans le deuxième arc, histoire de créer une rupture stylistique ? Ou va-t-il persévérer dans cette voie ?
Là où je trouve qu'il y perd, c'est dans la puissance du trait. On a ce sentiment qu'il... Je ne dirai pas qu'il bâcle, mais... Qu'il se presse. C'est moins fignolé, moins ouvragé. Le découpage s'en ressent aussi, notamment dans les scènes d'action où il a toujours été très efficace et qui, là, manque d'impact, de force. Même au niveau des designs, où il excelle, les costumes de Colton et de Rogers ne sont pas très réussis.
De Schiti, j'attends clairement mieux. Il a le droit d'évoluer, et il l'a déjà fait : ce n'est plus le même dessinateur qu'à l'époque de Journey into Mystery, Guardians of the Galaxy, et ses prestations sur Empyre, S.W.O.R.D., Judgment Day, G.O.D.S. avaient fière allure. Cependant, je trouve qu'il avait atteint la grande classe sur Tony Stark : Iron Man (écrit par Dan Slott). Et ce Captain America en est loin.
On va voir comment tout ça progresse (ou pas), mais en l'état c'est vraiment davantage le script de Zdarsky qui vous agrippe, quitte à désorienter par son parti-pris historique.





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