jeudi 13 juin 2024

BLOOD HUNT #3 (Jed MacKay / Pepe Larraz)


Dans le sanctum sanctorum du Doctor Strange, Dracula révèle à Brielle que son père Blade est derrière les événements récents et que le seul moyen d'y mettre fin est le tuer. La jeune fille prend la fuite, poursuivie par Miles Morales et Dracula. Pour rassurer la population, Captain America prononce un discours qui va déplaire à Blade et son couvent du sang tandis que Hunter's Moon et Tigra ont un plan B...


Je l'avoue : je ne suis pas bon pour rédiger des résumés. J'ai peur d'en dire trop. Et si je n'en dis pas assez, j'ai l'impression que ce que j'écris sera cryptique. Mais dans le cas de Blood Hiunt, la difficulté est ailleurs...


... Car avec cet event, il faut en vérité faire le résumé d'un résumé. Parce que le scénario est tellement concis, le contenu de chaque épisode tellement maigre, qu'il ne reste pas grand-chose à ajouter. Même en courant le risque de spoiler, je ne suis pas certain que celui qui lira cette critique sera vraiment spolié.


Combien de fois un lecteur de comics a-t-il eu l'impression qu'un arc narratif en six numéros (la norme) aura pu tenir en deux fois moins de chapitres ? Ici, c'est plus nuancé et on peut au moins accorder ce mérite à Jed MacKay : il n'a rien à raconter mais il doit quand même pondre cinq numéros avec ce rien, alors que fait-il ?


Hé bien, il s'appuie sur ce qu'il y a de meilleur dans son projet ni fait ni à faire : son dessinateur Pepe Larraz. Traduction : il lui donne un script avec des scènes suffisamment iconiques (bien que vues, revues et re-revues) pour qu'il les découpe de manière suffisamment généreuse afin de produire vingt pages.

Cet épisode est un exemple parfait : première séquence dans le sanctuaire sacré de Doctor Strange, Miles Morales est devenu vampire et veut faire la peau à Brielle, la fille de Blade. Il en est vite empêché mais elle détale après avoir appris de Dracula qu'elle devra tuer son père pour que la crise cesse.

Pepe Larraz dessine des cases de grande dimension pour que cette scène occupe quasiment le premier tiers de l'épisode à elle toute seule (j'exagère à peine). On a droit à un plan spectaculaire avec Miles sautant sur Brielle, un autre avec tous les occupants à l'intérieur du sanctuaire, une quasi pleine page récapitulative : ça impressionne le lecteur friand de belles images. Bon, ça ne raconte rien qu'on ne sache ou qu'on n'avait pas déjà deviné, mais ça passe le temps.

Deuxième séquence : moment émotion, Captain America (pas Steve Rogers qui devait avoir piscine, mais Sam Wilson) prononce un discours au monde qui a pour objectif de remonter le moral. C'est beau, même Captain Marvel n'en revient pas qu'il ait aussi bien parlé. Le deuxième tiers de l'épisode est rempli, ouf !

Dernière séquence (hé, oui, déjà, ça file à toute allure) : Blade est colère, le discours l'a mis rage, il va passer à l'offensive en lançant plus tôt que prévu son arme fatale. Bon, on ne comprend pas du tout de quoi il s'agit (un machin énorme trouvé au Wakanda mais aux origines atlantes qui est censé faire très peur), mais le fan doit avoir l'impression que c'est la fin du monde (au moins pour les deux prochains numéros parce que, après, je vous rassure, le soleil se lèvera à nouveau, tout rentrera dans l'ordre, avec un peu de chance il n'y aura plus Louis Boyard, Thomas Portes, Rachel Keke ou David Guiraud à l'Assemblée nationale et le RN n'aura pas la majorité absolue). Et hop, c'est la fin de l'épisode !

Là, ce n'est pas l'arc entier qui aurait pu durer moins longtemps, c'est tout l'épisode qui aurait pu tenir en une scène dans l'épisode précédent. Je me moque, mais c'est vrai, je vous jure. Le pire là-dedans, c'est le manque total de conviction : on sent que Marvel ne croit pas du tout à cette affaire, c'est un event court (5 n°), publié au Printemps, sans aucune conséquence.

Jed MacKay, rompant avec la plus élémentaire des traditions, ne convie même pas une assemblée de héros dans son histoire : on a une moitié des Avengers, Strange et Clea, Hunter's Moon et Tigra, Miles Morales. Rendez-vous compte : Wolverine est absent, ce qui doit être une première depuis longtemps ! Idem pour Spider-Man. sans vouloir en rajouter (y a quand même Iron Man, dans sa nouvelle armure moche - designé par Larraz, qui n'a donc pas le talent de character's designer - et dans une moindre mesure Captain Marvel), tous les autres héros présents en première ligne ressemblent plus à des seconds, voire troisième couteaux. 

Marvel a donc franchi un palier avec Blood Hunt : publier un event dont l'éditeur lui-même se branle complètement, juste pour occuper les stands, en utilisant un de leurs meilleures artistes pour une histoire d'une nullité abyssale. Le spectacle est fascinant, même si on ne sait pas trop s'il faut en rire ou en pleurer. Ou s'en foutre nous aussi.

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