dimanche 30 juin 2024

THE SIX FINGERS #4 (Dan Watters / Sumit Kumar) - Avec The One Hand, 2 comics qui n'en font qu'un


Johannes Vale retourne à l'usine de traitement de déchets où il travaillait pour effacer toutes les données le concernant afin d'empêcher la police de le pister. Puis, pour occuper forces de l'ordre et secours, l provoque une explosion dans le bâtiment. De retour chez lui, il retrouve Ada à qui il confie ce qu'il a découvert sur la ville, les liens avec les meurtres commis par le tueur à une main et son copycat. Tout en se demandant si cela est bien réel...


Des excuses s'imposent pour commencer : cela fait deux mois depuis le n°3 de The Six Fingers et un mois et demi depuis le n°4 de The One Hand que je n'ai plus écrit de critiques sur ces deux titres. J'ai tout simplement oublié de lire les épisodes parus depuis et donc je n'ai pas rédigé leurs critiques. Je vais donc rattrapé mon retard en attendant la fin de l'histoire qui aura lieu dans The Six Fingers #5, à paraître fin Juillet.


Nous avions donc quitté Johannes Vale et Ada après qu'ils se soient enfuis de l'hôpital où avait été admis Oddell Watts. Johannes tuait Watts juste avant de filer et alors que Ari Nassar découvrait la scène de crime. Empruntant un des passages qu'il peut désormais ouvrir, Johannes Vale échappait au détective mais découvrait surtout avec un tout nouveau regard la ville de Neo Novena.


Dan Watters revient dans une longue scène sur la découverte de Vale, une sorte de révélation, d'épiphanie mystique, qui fait vaciller le jeune homme. Il a établi des liens entre les meurtres commis par les tueurs à une main et l'essence même de la cité, ce qui l'alimente. Mais aussi que ce qui fournit son énergie à Neo Novena pourrait avoir une autre source, plus importante que le sang des victimes de tueurs.


Chacun de leur côté, Vale et Nassar ont assemblé un puzzle, mais de nature différente. Nassar doit remonter la trace d'un deuxième copycat après Oddell Watts : il procède donc avec méthode, comme le fait un flic, suivant les indices, s'attachant aux faits, aux preuves matérielles.

Vale procède autrement : lui n'a pas à confondre un assassin, il en devenu un sans vraiment comprendre comment ni pourquoi. Il tue sans connaître le dessein de ses crimes, à quoi cela répond. Son approche est plus intuitive, plus instinctive aussi.

Dans les deux cas, cependant, on retrouve à un moment une bifurcation : Nassar comme Vale doutent de l'aspect classique de leurs quêtes. Nassar s'intéresse à la pistes de cogs, ces androïdes sophistiqués, comme cette cyber prostituée qu'il a fréquenté et qui a été recyclée : il bascule dans un raisonnement vertigineux qui l'interroge sur l'humanité toute entière de Neo Novena. Vale, lui, tente de décrypter les glyphes qu'il inscrit mécaniquement, comme sous l'effet d'une possession surnaturelle, après chaque meurtre, convaincu qu'ils sont la clé à toutes ces horreurs, à sa propre mutation - peut-être est-il un robot lui aussi ?

Malgré les tours et détours des récits qui s'entrecroisent, on note bien que le polar et le fantastique ne sont là que pour habiller quelque chose de plus souterrain, de plus complexe chez ces deux personnages. Vale est agi par quelque chose qui le dépasse mais qui le renvoie à ses études d'archéologie, étudiant un langage disparu mais contenant une vérité ancienne éclairant le présent. Il découvre finalement que tout Neo Novena est codé et qu'il lui faut, comme un linguiste ou un pirate informatique, cracké ce code. Cela passe par des meurtres ritualisés, des sacrifices. Des offrandes.

Mais on mesure aussi à quel point Vale est au bord du précipice : s'il continue, il plonge dans l'abîme. S'il s'arrête, il laisse un chantier de fouilles inachevé et peut-être à un autre la charge de nouveaux crimes. Dans tous les cas de figure, il se demande surtout si ce qu'il a découvert est une hallucination ou la réalité. Et pour cela, Ada, la galériste qui a voulu exploiter les crimes du tueur à une main comme oeuvres d'art, va l'aider de manière très sensible, très physique.

Le fait que cette intrigue trouvera sa conclusion dans le cinquième et dernier n° de The Six Fingers (et non dans celui de The One Hand) indique qu'il faut s'attendre à un dénouement dérangeant, du côté du personnage le plus dérangé, celui du tueur. Cela suggère aussi que le lecteur doit rester prudent sur le sens que revêtira cette fin car rien ne dit qu'elle sera fiable vu l'état psychologique du personnage de Vale.

Sumit Kumar produit des planches de plus en plus saisissantes : il y a une sorte de sécheresse, d'aridité dans ces pages, avec des personnages aux postures rigides, aux traits tirés. Cela traduit une grande tension qui correspond parfaitement à ce que le script raconte. Même la scène de sexe au centre de l'épisode n'évoque aucune sensualité, aucun sentiment : c'est plutôt un moyen pour les auteurs de montrer comment Ada permet à Vale de dissiper ses doutes sur ce qu'il a appris et qu'il puisse achever sa quête.

Le découpage est d'ailleurs très simple, très direct, même dans ses moments les plus étranges. Là aussi tout est mis en oeuvre visuellement pour montrer au lecteur qu'on se dirige vers le terme de l'histoire et qu'on y va, comme Vale, d'un pas à la fois angoissé et résolu malgré tout.

A suivre dans The One Hand #5, avant le finish dans The Six Fingers #6.

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