samedi 1 juin 2024

2 GUNS (Baltasar Kurmakur, 2013)


Bobby Trench est un agent de la D.E.A. (Drug Enforcement Administration). Michael Stigman est un Navy Seal. Tous deux sont en mission d'infiltration mais chacun ignore tout de la véritable nature de l'autre. Ensemble, ils se rendent au Mexique pour y rencontrer le baron de la drogue Papi Greco qui doit leur fournir de la cocaïne, grâce à laquelle ils espèrent l'arrêter. Mais une fois sur place, surprise : au lieu de la drogue promise contre de faux passeports, Greco les paie en argent liquide.


Lorsqu'ils repassent la frontière, Trench et Stigman sont arrêtés par la police des douanes et emmenés chacun dans une salle d'interrogatoire. Tandis que Stigman jure ne pas savoir pourquoi il est là, Trench fait son rapport à Jessup, son supérieur, à qui il résume ce qui s'est passé avec Greco. Puis il rejoint dans un hôtel sa collègue et maîtresse Deb Rees qu'il convainc de la possibilité de coincer Greco pour évasion fiscale si lui et Stigman braquent la banque au Texas où il dépose son argent.


Nouvelle surprise : lors de ce braquage, Stigman, qui vide les coffres, découvre qu'ils contiennent bien plus que les trois millions de dollars escomptés. Après s'être enfui avec le butin et avoir tout compté dans le désert, c'est quarante millions de dollars qu'ils ont ramassés ! Stigman surprend Trench en lui tirant dessus et c'est alors qu'il découvre qu'il appartient à la DEA. Il rejoint le lieutenant Quince, son supérieur, à qui il remet le magot mais qui le réprimande pour ne s'être pas assuré qu'il avait tué Trench.


Stigman comprend que ces reproches vont lui coûter cher et il prend la fuite. Trench, lui, a rejoint par ses propres moyens le domicile de Jessup blessé par balles par Earl  qui réclame l'argent sinon il fera en sorte que la mort de Jessup lui soit imputé. Trench rejoint l'appartement de Stigman et les deux hommes, coincés, doivent s'allier pour récupérer le fric et être blanchis...


2 Guns est l'adaptation de la mini-série en comics écrite par Steven Grant et dessinée par Mateus Santolucco. Je tiens à préciser que je ne l'ai pas lu et j'ai donc découvert le film sans savoir de quoi il parlait et j'ignore si le résultat est fidèle à sa source.


Commençons par les points positifs : il s'agit d'un polar très divertissant, un buddy movie classique où les deux héros n'ont rien pour s'entendre mais devront s'unir pour se sortir d'une situation compromettante pour eux. Le scénario abonde en péripéties et rebondissements, ne reculant devant rien pour compliquer la tâche de ces deux "taupes" et offrant un spectacle efficacement mené, sans temps mort.


Il n'est pas difficile de se laisser embarqué dans leurs aventures : Bobby Trench est un type cool, charmeur, affable, tandis que Mike Stigman est une tête brûlée, têtu, frimeur. Ils se chamaillent sans arrêt parce que Stigman adresse des clins d'oeil à toutes les jolies filles qu'il croise et prend de haut tous les mecs qui essaient de la ramener. Trench, lui, est toujours sûr de son fait et cette arrogance le conduit à considérer tout ce qui arrive avec le détachement du gars qui en a vu d'autres, même si les événements peuvent lui donner tort.

Trench est à la coule avec une de ses collègues, la très caliente Deb, tandis que Stigman est un dragueur qu'on ne voit jamais passer à l'acte - pour autant, le film ne joue jamais sur la possibilité que ce dernier ne serait pas un tombeur de filles et serait en fait attiré par les garçons, voire son partenaire. 2 Guns est premier degré, assumant son virilisme et ne perdant pas son temps en allusions.

Les méchants sont nombreux mais ont tous le même objectif : mettre la main sur un pactole de quarante millions de dollars. La CIA, les Navy Seals, la DEA, les narcos, tous sont incarnés par des figures écrites sans subtilité, donc sans excuse : ce sont des crapules, usant volontiers de la violence, de l'intimidation, abusant de leur pouvoir, n'ayant confiance en personne, prêts à sacrifier leurs éléments et à éliminer ceux qui se dressent en travers de leur chemin. Mais, attention, ils ne sont pas idiots pour autant et un twist révèle dans la dernière partie que le plus malin n'est pas du tout celui qu'on croit (même si ça ne lui porte pas bonheur...).

Baltasar Kurmarkur réalise ça sans génie mais ce n'est pas désagréable. Alors qu'on pouvait craindre une esthétique un peu bling-bling et un montage trop haché, le cinéaste surprend agréablement en filmant tout ça avec déjouant nos attentes, laissant l'intrigue se déployer et rester lisible, soulignant la caractérisation des personnages, et confiant en ses acteurs, tous habitués à ce genre de production.

Toutefois, 2 Guns a un vrai problème d'écriture : il lui manque un vrai prologue qui expliquerait comment Trench et Stigman se sont rencontrés et sont devenus amis au point d'aller commercer avec un baron de la drogue puis de braquer la banque où ce dernier dépose son argent. Cela suppose une complicité de longue date qui n'est jamais certifiée. Au contraire : il apparaît, lors du comptage du pactole, qu'ils semblent ne pas se connaître depuis longtemps et ne se faire que modérément confiance (Trench s'apprête à arrêter son partenaire en lui présenter son insigne).

Bref, ça ne colle pas. Et pourtant, cela aurait pu être facilement corrigé, par exemple en montrant ou en glissant dans les dialogues que Trench et Stigman se sont connus autrefois (par exemple à l'armée) et se sont retrouvés pour ensuite escroquer, sous couverture et sans qu'aucun des deux ne soupçonne l'autre, Greco. Mais, visiblement, le scénariste, Blake Masters, a oublié d'y penser, estimant que de toute façon ça ne devait guère avoir d'importance. 

Du coup, au début, on croit que les deux héros sont des partenaires pour ensuite découvrir qu'ils sont de quasi-inconnus l'un pour l'autre, ce qui contredit toute leur relation (fondé sur la confiance dans un job qui en nécessite). Il est impossible de passer outre cela et le film traîne cette incohérence tout du long après que Stigman abandonne Trench dans le désert.

La casting est toutefois excellent : Edward James Olmos (Greco), Bill Paxton (Earl), James Marsden (Quince) sont impeccables en méchants. Paula Patton (Deb) est affolante de sensualité et de duplicité. Et surtout le tandem Denzel Washington - Mark Wahlberg fonctionne à merveille : Washington rejoue son rôle de mec cool qu'il maîtrise à la perfection, avec cette classe désinvolte et ce léger surjeu jubilatoire, Wahlberg campe ce gars effronté et risque-tout dont il a aussi fait sa marque de fabrique. Avantage quand même à Washington, impérial.

Facile, un peu trop même, mais divertissant, incontestablement. 

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