samedi 29 juin 2024

GUARDIANS OF THE GALAXY, VOLUME 1 : THEN IT'S US (Al Ewing / Juann Cabal)


Les Gardiens de la Galaxie (Star-Lord, Gamora, Rocket Raccoon, Groot, Drax, Phyla-Vell, Moondragon) dînent tous ensemble, savourant leur nouvelle vie, loin des conflits. Nova (Richar Ryder) surgit alors pour demander leur aide dans une affaire aux répercussions cosmiques dramatiques.


Une nouvelle Olympe est apparue et ses dieux, emmenés par Zeus, sont mécontents. Ils détruisent tout sur leur passage avec l'objectif de reprendre la place qui étaient la leur, pour régenter l'univers. Nova veut donc assembler une équipe d'intervention. Gamora refuse de retourner se battre : les Gardiens sont une famille, lasse de la guerre et des sacrifices qu'elle réclame.


Star-Lord abonde d'abord dans ce sens mais, la nuit venue, il rejoint Rocket, Phyla-Vell et Moondragon, tandis que Marvel Boy a été recruté par Nova. Nova et Phyla-Vell font barrage à Zeus, Hera et Apollon pendant que Marvel Boy, Moondragon et Star-Lord s'introduisent dans la nouvelle Olympe. Mais des deux côtés, l'opposition est trop forte et c'est la débâcle. Star-Lord prend alors une décision radicale qui va bouleverser tous les Gardiens...


Il y a une dizaine de jours je vous présentai une critique de la mini-série Rocket de 2017, écrite par Al Ewing (et dessinée par Adam Gorham), en expliquant qu'il s'agissait d'une sorte de tour de chauffe pour le scénariste trois avant qu'il prenne en mains la série régulière Guardians of the Galaxy.


Entre ces deux titres, Gerry Duggan a passé le flambeau à Donny Cates, dont la prestation n'a duré que dix épisodes et n'a pas laissé un grand souvenir. Marvel s'est alors tourné vers Al Ewing qui, entre temps, connaissait un succès retentissant avec Immortal Hulk.


Ewing est connu pour son amour de la continuité : pas question pour lui de passer après quelqu'un sans tenir compte de ce qu'il a produit, mais pas question non plus de composer sans ce que des auteurs plus anciens ont établi. Ici, cela va se matérialiser par la formation de l'équipe qui conserve des éléments réintroduits par Cates, tout en conservant des personnages devenus très populaires grâce aux films de James Gunn, et en empruntant à des héros qu'affectionnaient Andy Lanning et Dan Abnett.

Ce premier arc narratif est aussi court (5 n°) que dense. Sans perdre de temps, l'intrigue met en avant une menace d'envergure qui contraste avec la situation des Gardiens, qui se sont retirés sur Halfworld pour y vivre à la façon d'une famille recomposée (avec notamment la réunion de Heather Douglas/Moondragon et Arthur Douglas/Drax, son père). Peter Quill/Star-Lord est en couple avec Gamora, Rocket et Groot sont aussi là. Et c'est à ce moment précis que débarque Richard Ryder/Nova, qui a longtemps combattu auprès de tout ce beau monde et fut l'amant de Gamora avant Quill...

On comprend tout aussi vite que l'appel aux armes de Nova divise profondément les Gardiens : si d'un côte (Phyla-Vell et Moondragon, Rocket), on est prêts à repartir au combat, de l'autre Gamora refuse catégoriquement, estimant (légitimement) que justement la famille a assez donné. Et cela place Quill dans une position délicate : il ne le dit pas à sa compagne mais il sent que le devoir l'appelle.

Face à un groupe de seulement six membres (Nova, Star-Lord, Rocket, Moondragon, Phyla-Vell, plus Marvel Boy), rien moins que les dieux de l'Olympe qui reviennent pour régner sur l'univers et qui ne sont pas contents. Le lecteur saisit instantanément que la partie est très déséquilibrée et qu'en vérité, il s'agit d'une mission suicide. Sans spoiler (même si j'y serai obligé quand je parlerai du deuxième tome), l'un des Gardiens va mourir, en donnant sa vie pour sauver celles des autres.

Et cette mort, Ewing ne va pas la traiter superficiellement : la seconde partie de l'arc est entièrement consacrée à ses conséquences. Deux camps de Gardiens vont s'affronter car l'un ne peut admettre que l'autre a perdu un des leurs. Le scénario convoque alors les personnages peu recommandables de castor Gnawbarque III et BlackJack O'Dare, qui profitent de la situation pour se venger de Rocket qui, dans la série écrite par Ewing en 2017, a collatéralement nui au business de Gnawbarque...

Et pour corser encore plus cette affaire, Ewing va confronter Heather Douglas au Dragon-Lune et mêler à la bataille le Prince du Pouvoir, un personnage conçu comme une parodie de Musclor (He-Man en vo) dans la série Les Maîtres de l'Univers. Entre temps, Hercule va intégrer la "famille" aussi...

Comment Ewing arrive à gérer tout ça en seulement cinq épisodes ? C'est tout simplement prodigieux, mais tellement surprenant de la part d'un scénariste connu pour fonctionner à rebours des modes, c'est-à-dire qui n'est pas adepte de la narration décompressée. Pourtant, ce qui frappe et séduit, c'est que ce n'est jamais empesé, encombré : au contraire, la fluidité du récit est imparable, le rythme est soutenu mais par hystérique (comme le prouve l'épisode 3 entièrement dévolu au deuil). Ewing incorpore à sa recette des personnages inattendus (Marvel Boy, Hercule) en utilisant toutes leurs capacités (Noh-Varr, créé par Grant Morrison et J.G. Jones, mal exploité par Bendis quand il s'en servit dans Dark Avengers et Avengers, est ici spectaculairement bien repris)/

Moondragon semble quand même avoir une place particulière dans le coeur du scénariste puisqu'il lui consacre des scènes vraiment étonnantes, d'une profondeur épatante. Seule Phyla-Vell est plus en retrait.

Au dessin, Juann Cabal rayonne. Jusqu'alors inconnu, il réalise une prestation impressionnante. Tant et si bien que depuis il a toutes les peines du monde à confirmer : était-il particulièrement inspiré et challengé par les scripts de Ewing ? Ou n'était-ce qu'un feu de paille qui a tout donné sur ce titre et qui aujourd'hui n'a plus rien sous le capot ? En tout cas, lorsqu'on (re)lit ces épisodes, on est pris d'une nostalgie en admirant le travail de cet artiste tout feu tout flamme.

A l'époque où j'ai cette histoire pour la première fois, j'avais comparé ce qu'accomplissait Cabal à ce que produit J.H. Williams III : la référence est écrasante et sans doute m'étais-je emballé. Mais quand même, l'inventivité de ses découpages reste sidérante, et ce n'est que le début - par la suite, il se surpassera encore. Mais pour en revenir aux scènes entre Heather Douglas et le Dragon-Lune, c'est flamboyant.

Les doubles pages de Cabal sont toutes insensées et on comprend pourquoi, après seulement deux épisodes (surtout que le premier est plus long), il cède sa place sur le troisième à trois artistes (Nina Vakueva, Chris Sprouse - seul à sortit du lot - et Belen Ortega). Mais quand, donc, il revient conclure l'arc, il est remonté à bloc et donne tout.

Son trait est particulièrement élégant, très fin, expressif aussi. Ce qui compense parfois une certaine raideur dans les postures des personnages, un de ses rares points faibles. Cabal peut aussi s'appuyer sur un coloriste fait pour mettre son travail en valeur en la personne de Federico Blee : celui-ci utilise une palette aux teintes douces, qui contraste avec la violence et la brutalité de certaines scènes, mais qui illumine les planches de l'artiste.

Bref, c'est une démarrage canon. A suivre donc...

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