jeudi 27 juin 2024

BLOOD HUNT #4 (Jed MacKay / Pepe Larraz)


Doctor Strange et Clea se rendent en Latvérie demander l'aide du Doctor Fatalis qui, en échange de son renfort, exige un prix exorbitant. Cependant, Hunter's Moon et Tigra sont à Asgard pour délivrer un détenu très spécial. Enfin, Blade avoue à Black Panther qui il est vraiment et pourquoi il fait ce qu'il fait...


Hé bien... C'est pas si mal. Attention ! J'ai pas dit que c'est bien. Mais c'est moins pire que ce à quoi je m'attendais. C'est... Potable. Blood Hunt ne restera vraiment pas dans les annales des events Marvel, mais ce numéro, l'avant-dernier, se lit un peu moins péniblement que les précédents.


Jed MacKay, à son crédit, semble avoir eu la liberté de convoquer des personnages moins convenus pour construire et bientôt résoudre son intrigue. Il met les héros dont il écrit les séries en avant, comme Dr. Strange et Moon Knight, mais aussi met en avant Fatalis (en sauver providentiel et dangereux ?), la Strange Academy (l'école fondée par Strange pour instruire de jeunes magiciens). C'est rafraîchissant.


Une fois qu'on a dit ça, hélas !, on a un peu tout dit. Parce que l'histoire est truffée de moments téléphonés, invraisemblables (dans le contexte particulier d'une histoire super-héroïque), grandiloquents "Je suis la fin de toutes choses" dixit Blade - sans rire ?) et grotesques (l'identité de celui qu'ont amené Tigra et Hunter's Moon pour délivrer un prisonnier à Asgard...). Et ça fait quand même beaucoup. Trop.


Il est inutile d'accabler Blood Hunt. Ce truc a été mal foutu, ça partait mal dès le départ - allez convaincre les fans qu'un event avec des vampires va être original... - et visiblement Marvel a quand même donné son feu vert davantage pour publier quelque chose avant un autre event supposé plus important (Venom War, à partir du mois d'Août). Une manière comme une autre d'occuper le terrain, même quand on a rien de valable sous la main, qui résume bien la politique d'édition de Marvel pour qui il est plus important de sortir un max de mensuels que de miser sur la qualité.

J'ignore si en lisant assidûment les séries écrites (Doctor Strange, Avengers, Moon Knight) de Jed MacKay, on retire plus de plaisir, de satisfaction à lire Blood Hunt, mais qu'il me soit permis d'en douter parce que je n'ai pas l'impression que lesdites séries soient acclamés. MacKay me fait l'effet d'un scénariste sur lequel l'éditeur fonde beaucoup d'espoir parce qu'il n'y a plus guère de grands scénaristes en activité chez Marvel actuellement (en tout cas pas beaucoup qui sortent du lot, qui font frémir le public et l'industrie) et qui serait vite relégué en D2 si, d'aventure, un autre décrochait un hit ou persuadait les cadres qu'il a un concept en or.

Des MacKay, il y en a eu avant, il y en aura après, ce sont des scénaristes qui acceptent à peu près tout ce qu'on leur file et qui se trouvent à écrire trois, quatre mensuels et inévitablement à un moment ont droit à leur event. Donc, c'est pour dire que MacKay n'est pas totalement en faute, sinon pour la piètre qualité de ses idées dans Blood Hunt. Il a eu sa chance, je ne pense qu'il en aura une autre avant longtemps mais ce n'est pas grave, il est bien occupé. Toutefois, malgré l'indulgence que je peux avoir pour lui, il flotte un certain fatalisme dans cette entreprise, comme si Marvel avait cessé d'y croire. 

Car sinon comment expliquer que des scènes comme celle où Hunter's Moon et Tigra (et un troisième larron dont je ne vais pas vous dévoiler l'identité) déambulent sans problème dans Asgard et atteignent ses geôles pour libérer un prisonnier pourtant fameux ? Ou encore comment expliquer que Thor, qui a un pieu dans la tête depuis quatre épisodes n'a même pas un semblant de migraine ? Ou que ni Strange ni Clea (ni aucun des profs de la Strange Academy) ne se soient aperçus que tous leurs élèves soient en Latvérie auprès de Fatalis ? Ou encore que le Couvent du Sang de Blade soit si passif depuis leur dérouillée (à quoi diable sert cette équipe de super-vampires en fait) ? Je vous l'ai dit : c'est moins désagréable à lire cette fois parce que ça bouge un peu, mais c'est plein d'incohérences énormes, impossibles à éviter. 

On se console comme on peut et donc, là aussi, encore une fois, on s'accroche au dessin de Pepe Larraz. L'artiste exécute son boulot proprement, mais ce parfum de fatalisme que je mentionnai n'échappe pas à l'appréciation visuelle. Je défie le lecteur quel qu'il soit de ne pas se lamenter de voir un tel dessinateur illustrer un script aussi mauvais, d'être si mal utilisé. 

Le pire, c'est que c'est ce qui attend Larraz désormais : dessiner des mini-séries, des events, peut-être un arc inaugural sur une grosse série. Mais je ne pense pas qu'on le reverra de sitôt sur un titre régulier : Marvel a pris conscience de l'attractivité commerciale de Larraz et va le placer sur des gros trucs pour s'assurer que, même si l'histoire n'est pas bonne, les fans achèteront pour ses dessins. Je le sais parce que c'est ce qui m'a motivé pour Blood Hunt. Je ne suis pas plus malin que la moyenne. Larraz, c'est comme Steve McNiven, Jerome Opena, Olivier Coipel : tous ces mecs talentueux, avec un énorme hit au moins à leur actif et qui ensuite ont fini par être cantonné à des events, à des arcs courts, à des mini-séries, ou alors à tenter des aventures en creator-owned ou à être prêtés à Millar.

Pour la fin de Blood Hunt, il faudra être patient (visiblement Larraz n'a pas fini à temps ses épisodes) puisque le cinquième chapitre ne sera disponible que le 31 Juillet (sans supplément). Mais qui est réellement impatient ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire