samedi 29 juin 2024

UNDERWATER (William Eubank, 2020)


Kepler 822 est une station de recherche et de forage dans la fosse des Mariannes et qui appartient à Tian Industries. Ce qui ressemble à un tremblement de terre en détruit une partie. La mécanicienne Noarah Price et ses collègues Rodrigo Nagenda et Paaul Abel se dirigent cers les capsules de sauvetage mais découvrent qu'elles ont été déployées. Le capitaine Lucien est le seul à être resté après l'évacuation.


Ensemble, ils atteignent le poste de contrôle de Kepler où sont déjà la biologiste Emily Haversham et l'ingénieur Liam Smith qui tentent d'entrer en contact avec la surface - sans succès. Lucien suggère d'utiliser des combinaisons pressurisées pour marcher au fond de l'océan et gagner la station Roebuck 641. Alors qu'ils descendent dans le monte-charge, le casque défectueux de Rodrigo se fend et implose sous l'effet de la pression, le tuant instantanément.


Les cinq survivants voient une balise de détresse provenant d'une capsule de sauvetage. Paul et Liam partent voir ça de plus près et ils trouvent un corps dans les décombres avant d'être attaqués par une créature. Liam la tue et l'emmène à l'intérieur de la station Roebuck. Emily l'examine : elle n'a jamais vu cette espèce sous-marine avant. Des coups retentissent depuis l'extérieur - peut-être d'autres créatures ? 


Underwater fait partie de ces films sortis au mauvais moment, puisque son exploitation en salles a été stoppée net par la pandémie de Covid-19. Commercialement, il a été comptabilisé comme un échec, ce qui est injuste compte tenu du contexte. Mais aurait-il mieux performé dans des circonstances normales ?
 

Car l'histoire écrite par Brian Duffield et Adam Cozad s'inscrit d'abord dans la longue lignée de celles inspirées par le premier Alien (Ridley Scott, 1979). L'action ne se déroule pas dans l'espace, mais au fond de la fosse des Mariannes, personne ne vous entendra crier non plus si vous rencontrer des monstres que vous n'êtes pas préparé à combattre.


Dès lors, on ne jugera pas Underwater sur son originalité - ce n'est pas un film original, il ploie sous le poids de ses références écrasantes. Mais il a le mérite d'être quand même efficace et concis. 95' en tout et pour tout, et vous savez quoi, ça fait du bien de voir un long métrage qui raconte ce qu'il a dire sans exploser les compteurs, sans vouloir être long pour essayer d'être ambitieux.


Je l'ai déjà dit dans d'autres critiques de films, mais je n'approuve pas les déclarations de cinéastes comme Denis Villeneuve ou Christopher Nolan ou Martin Scorsese qui pensent que désormais il faut faire long pour que le spectateur (surtout le plus jeune) ait le sentiment d'en avoir pour son argent. La durée d'un film n'est pas un indice de qualité ni, je crois, d'attractivité. Ce que le public réclame, ce sont de bons films, surprenants, prenants. Il y a d'excellents films qui ne dépassent pas 90' et de très mauvais qui en font 180' et vice-versa : faire long pour en somme rembourser l'audience, ce n'est pas la bonne formule.

Et donc, Underwater, sans mauvais jeu de mots, sait mettre la pression sur ses personnages et le spectateur sans perdre son temps ni (autre jeu de mots involontaire) l'essorer. William Eubank entre dans le vif du sujet sans tarder puis s'attache davantage à ses protagonistes qu'aux monstres qui peuplent les fonds marins et les dégâts matériels qui s'ensuivent. De manière manifeste, le réalisateur insiste à plusieurs reprises, au contraire, pour en montrer le moins possible, ou du moins différer le plus possible l'apparition claire de la menace. Lorsqu'il y sacrifie, le résultat devient plus convenu et pour cause : on a déjà vu ça.

Il y a une autre influence dans le film, moins évidente au premier abord du fait du cadre de l'action, mais qui est tout de même frappante : la construction ressemble aux Dix Petits Nègres de Agatha Christie. Au début, on a six personnages, puis cinq, puis quatre, et on finit avec trois après un passage où on croit qu'il n'y en a plus qu'un seul. Les créatures sont vicieuses : elles attaquent en ciblant à chaque fois un des héros, l'écartant des autres, isolant le groupe.

Il n'y a pas dans ce groupe de soldat, de militaire : ce sont des chercheurs, des mécanos, une biologiste, un ingénieur... Lucien a le grade de capitaine mais ce n'est pas un officier de l'armée. Cela suggère la vulnérabilité de cette équipe qui, instantanément, est confrontée à une situation de crise (la destruction de leur station, l'obligation de la quitter pour en gagner une autre en s'aventurant dans de lourds scaphandres vers un autre bâtiment dont elle ignore l'état. Ajoutez la menace des créatures, qui surgit très vite, et le trouillomètre s'affole vite.

Le film commence comme il se termine avec apparaissant à l'image des coupures de presse sur les activités de Tian Industries, ses recherches en mer, ses forages dangereux. Sans rien montrer de plus sur cette compagnie, on devine qu'il s'agit d'une corporation puissante, à l'abri des poursuites judiciaires, sans scrupules concernant l'exploitation des fonds marins. Prête à sacrifier ses employés aussi puisque, tout du long, les appels en direction de la surface resteront sans réponse et Emily Haversham la première dira qu'ils n'ont rien à faire ici, qu'ils ont violé un territoire, un sanctuaire et réveillé ses terribles gardiens.

Le casting est solide. Mamoudou Athie est vite écarté, ce qui es dommage pour lui mais souligne les risques que vont courir les autres; Les autres, ce sont John Gallagher Jr., T.J. Miller, très bons chacun dans leurs rôles. Jessica Henwick compose un personnage dont la fébrilité est à la fois sa faiblesse (trop fragile nerveusement) et sa force (constamment sur le qui-vive). Vincent Cassel est impeccable en chef d'équipe (même si, à un moment, son personnage se trompant sur l'âge de sa fille, on pouvait croire qu'il allait partir en vrille ensuite, ce qui ne se produit pas). Enfin, Kristen Stewart, inattendue dans ce genre de film, est comme toujours impeccable : elle incarne une néo Ellen Ripley très convaincante, le cheveu ras, mais jamais érotisée même quand elle n'est que vêtue de sa brassière et de sa culotte.

Underwater n'a pas à être déconsidérée comme un sous Alien : c'est le rejeton sous-marin du chef d'oeuvre de Ridley Scott et un divertissement très nerveux, plus digeste et accrocheur que nombre des suites avec le xénomorphe.

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