vendredi 31 octobre 2025

BARBARELLA (Roger Vadim, 1968)

La magnifique affiche peinte par l'immense Robert McGinnis.

Dans un lointain futur, l'aventurière de l'espace Barbarella est chargée par le président de la Terre de retrouver le savant Duran Duran qui se trouverait dans le système planétaire de Tau Céti. Duran Duran a inventé une arme, le rayon positronique, qui pourrait menacer l'ordre galactique par sa puissance. Barbarella se met en route à bord de son astronef qui est pris dans un orage magnétique et se crashe sur la 16ème planète de Tau Céti. Elle est capturée par des enfants qui l'emmènent dans l'épave d'un vaisseau spatial où ils la torturent avec des poupées mécaniques aux dents acérées comme des rasoirs.
 

Barbarella est heureusement sauvée par Mark Hand, qui patrouille sur les terres givrées de ce monde pour arrêter des enfants psychopathes. Lorsqu'elle évoque Duran Duran, il lui répond qu'il doit se trouver dans la cité de Sogo et accepte de l'y emmener une fois que l'astronef de la jeune femme sera réparé. Pour le remercier, elle accède à sa demande de faire l'amour avec lui, même si elle ne connaît plus le rapport physique puisque sur Terre on atteint désormais le plaisir charnel par la consommation de pilules.


Son engin remis en état de fonctionnement, Barbarella s'envole mais perd à nouveau le contrôle de son astronef et se crashe dans un labyrinthe souterrain où sont reclus les parias bannis de Sogo. Elle y fait la connaissance de Pygar, un ange aveugle qui a perdu la volonté de voler et qui lui présente le Professeur Ping. Celui-ci pense être en mesure de retaper l'astronef pendant que Barbarella couche avec Pygar et lui redonne l'envie de voler. Ensemble ils se rendent à Sogo où mille dangers les attendent...


Barbarella a été l'objet de vives critiques en France à sa sortie et de moqueries par la suite pour son esthétique kitsch. Aujourd'hui pourtant il est devenu un film culte, surtout en Angleterre et aux Etats-Unis au point qu'un remake va voir le jour avec dans le rôle titre Sydney Sweeney et certainement Edgar Wright à la réalisation.


Pour ma part, c'est en le voyant que je suis tombé littéralement et définitivement amoureux de Jane Fonda qui, je le répète, est la plus belle femme du monde de tous temps. En 1968, la fille de Henry et la soeur de Peter n'est pas encore une star mais elle s'est faite remarquer ici et là, et notamment en France dans Les Félins (René Clément, 1964).


Un an plus tard, en 1965, elle épouse Roger Vadim qui va en faire sa nouvelle muse (après Brigitte Bardot et Catherine Deneuve) et la diriger dans quatre longs métrages. Barbarella sera leur dernier effort commun et ils divorceront en 1973 après que Vadim ait un peu trop abusé des parties fines auxquelles il faisait participer sa femme.


Vadim est considéré comme un cinéaste scandaleux depuis Et Dieu créa la femme et il entretient cette réputation sulfureuse dans sa filmographie. Quand le producteur italien Dino de Laurentiis le contacte pour adapter la bande dessinée de Jean-Claude Forest, Barbarella, il mise donc là-dessus bien qu'il veuille que le résultat soit visible par toute la famille.

La même année, de Laurentiis a mis en boîte Danger : Diabolik ! et une partie de l'équipe du film de Mario Bava oeuvrera à la réalisation de Barbarella. Mais ici, Forest est investi en qualité de consultant et a donc son mot à dire sur la production. Comme il avait dessiné son héroïne en pensant à Brigitte Bardot, le projet lui est soumis mais elle refuse.

De Laurentiis pense alors à Sophia Loren, sans succès. Puis à Virna Lisi (qu'il avait déjà envisagé pour Danger : Diabolik !), en vain. Naturellement, Vadim propose Jane Fonda qui se montre aussi réticente, à cause de l'érotisme de la BD et de sa maîtrise du français. Mais elle sera Barbarella et le film sera une ode à sa beauté mais aussi à l'intelligence de son interprétation.

Le script initial est signé Terry Southern, à qui l'on doit celui de Dr. Folamour (Stanley Kubrick, 1964). Toutefois, il sera considérablement remanié et la légende veut que pas moins de quatorze scénaristes se soient employés à en rédiger la version finale. Le résultat aurait pu virer au grand n'importe quoi, et pourtant il tient étonnamment bien debout.

Barbarella au cinéma, c'est une comédie d'aventures fantastique tout à fait irrésistible et entraînante. Le rythme, qui n'a pas toujours été le point fort du cinéma de Vadim, est alerte, les péripéties se succèdent sans temps mort et, avec le recul, visuellement, l'ensemble a vieilli, notamment pour les effets spéciaux, il s'en dégage un charme absolu.

Comme pour Danger : Diabolik !, Barbarella est le fruit de son époque : on nage en plein psychédélisme et la libération des moeurs transpire par tous les pores de cette histoire. Les néo-féministes d'aujourd'hui trouveraient certainement cela affreusement machiste avec cette manie de dénuder sans cesse notre héroïne par tous les moyens possibles et imaginables, y compris les plus sadiques, mais le film a une sorte de candeur rafraîchissante.

Jane Fonda l'a très bien résumé : elle a joué le personnage comme une jeune femme innocente et libérée à la fois. Ce n'est pas une fille facile, elle est issue d'une civilisation où les rapports physiques a été remplacé par une consommation de pilules déclenchant un plaisir factice et son apprentissage passe par l'expérience sexuelle originelle. Si elle fait l'amour, c'est parce qu'elle le teste d'abord et l'apprécie tellement ensuite qu'elle le fait essayer à ses autres partenaires.

Le sexe est donc vue comme une libération, une émancipation. Mieux : comme un moyen de réveiller la volonté, comme dans le cas de Pygar, l'ange aveugle et désenchanté qui a renoncé à voler. L'intrigue joue énormément, mais sans perversité, sur cette idée, avec la ville de Sogo (c'est-à-dire la contraction sibylline de Sodome et Gomorrhe), la machine excessive, la chambre des fantasmes, etc.

Barbarella traverse ces endroits comme autant de rites initiatiques et surtout elle y évolue avec innocence là où les habitants de Sogo se sont abandonnés à une sorte de langueur désabusée face au plaisir. Sogo est bâtie sur la Matmos, une source d'énergie de forme liquide qui est alimentée par les pensées maléfiques. Barbarella, créature pure, est la seule à lui résister et même, in fine, à le faire se retourner contre l'esprit le plus mauvais, le plus corrompu de Sogo.

Au cours de son aventure mouvementée, Barbarella progresse par rencontres : d'abord avec Mark Hand, qui lui fait donc découvrir l'amour physique, puis Pygar, l'ange aveugle, puis le Professeur Ping, puis le concierge alias Duran Duran (dont le nom a inspiré le groupe pop des 80's), puis Dildano le rebelle, et enfin la Reine Noire.

Chacun a sa manière instruit Barbarella qui, en retour, les libère, leur permet de recouvrer leur liberté, même si quelques-uns périront lors de la révolte des bannis du labyrinthe contre Sogo. Le film est souvent drôle parce que, c'est vrai, un peu ridicule, grotesque, daté, mais aussi parce qu'il est vraiment divertissant, épique, bondissant, sensuel. J'insiste là-dessus parce que c'est ce qui emporte l'adhésion du spectateur.

Il sera intéressant de voir ce que donnera son remake, à quel point il se détachera du film de 68, s'il bénéficiera de plus de moyens (ce qui paraît assuré) tout en conservant cette fraîcheur, cet aspect rigolo, qui est l'essence de la BD de Forest. Il faudra aussi qu'il ait une esthétique rétro car rien ne serait pire que de vouloir l'actualiser, le moderniser, surtout pour tendre vers une Barbarella woke et donc fade. Sydney Sweeney et Edgar Wright peuvent réussir ça.

Mais en attendant, Barbarella restera toujours Jane Fonda, absolument magnifique et tellement formidable dans ce délicat exercice de comédie (elle joue très premier degré et c'est parfait). Les seconds rôles sont épatants, on sent que les comédiens se sont amusés : Ugo Tognazzi est notamment impayable, John Phillip Law est superbe, Marcel Marceau touchant, Milo O'Shea campe un Duran Duran grandiloquent à souhait, David Hemmings est hilarant en révolutionnaire maladroit, et Anita Pallenberg (la fiancée du Rolling Stones Brian Jones) est superbe en Reine Noire.

Il faut encore mentionner les costumes inspirés par Paco Rabane, alors grand chantre de la mode futuriste, et conçus par Jacques Fonteray et Sartoria Faroni. Et on n'oubliera jamais l'intérieur de l'astronef de Barbarella, avec sa moquette mordorée et ses reproductions murales de Seurat : voir Jane Fonda flotter et se déshabiller jusqu'à être complètement nue (mais subtilement préservée par les crédits qui s'affichent) est un spectacle absolument divin lors du générique.

Fantasmatique et vintage, Barbarella est un temple à la gloire de Jane Fonda. Rien que pour ça, merci Roger Vadim.

BATMAN AND ROBIN : YEAR ONE #12 (of 12) (Mark Waid / Chris Samnee)


Double-Face et Gueule d'argile s'apprêtent à fuir Gotham avec les codes bancaires des plus grosses fortunes de la ville. Cependant Robin a sauvé Batman d'une mort certaine, mais sera-ce suffisant pour rattraper les deux malfrats, qui, pour couvrir leur départ, ont prévu d'empoisonner l'eau potable ?


Cette fois, c'est bien fini, et je suis déjà nostalgique de ces treize mois passés à lire cette merveilleuse mini-série. Tout simplement parce que ça aurait pu facilement devenir une série régulière. Mais en même temps ces douze épisodes sont d'une telle perfection qu'il n'y a rien à regretter sérieusement. Mieux vaut s'arrêter ainsi... Même si j'aurai aimé que ça continue.


Je n'aime pas écrire la critique d'un dernier numéro, c'est si facile (et tentant) de spoiler pour partager tout ce qui m'a plu. Aussi vais-je faire autrement, ou en tout cas essayer. Tout d'abord, faîtes-moi une promesse, ceux qui liront cet article (et tous les précédents consacrés à cette série), achetez les albums, en vo (le hardcover et le softcover en vo seront dispos avec l'intégralité du récit en Décembre, et le tome 2 en vf en Février).
 

Pourquoi achetez cette série ? Tout simplement parce qu'elle est excellente, mais ça je l'ai déjà dit à de multiples reprises. Non, en vérité, il faut l'acheter parce que c'est déjà un classique et surtout c'est authentiquement reader's friendly, pas besoin de prérequis pour tout comprendre. Les éditeurs promettent souvent ça, mais là, c'est le cas.


Si vous ne connaissez pas Batman et Robin, vous allez faire leur connaissance et les adorer. Si vous les connaissez (ce qui est plus probable), vous lirez leur première aventure ensemble et vous aurez envie d'en lire d'autres ensuite, vous aurez comme moi envie que cette première histoire soit suivie d'autres, par la même équipe artistique. Vous allez kiffer !

Pourquoi allez-vous kiffer ? Parce que c'est Mark Waid et Chris Samnee, la meilleure équipe créative en activité. Ces deux-là font ressortir le meilleur de l'autre quand ils sont ensemble. Waid n'est plus ce scénariste empêtré dans des intrigues comme dans Justice League Unlimited. Et Samnee dispose d'un meilleur partenaire que Robert Kirkman sur Fire Power.

Waid est un type très cultivé et qui adore le golden age donc Batman and Robin : Year One est un terrain de jeu idéal pour lui. Il se s'amuse pas à réécrire le passé, il s'y glisse avec brio et le fait revivre avec rythme, humour, tendresse, tension. Il écrit Batman et Robin, pour la première fois ensemble, d'une manière extraordinaire vivante et vibrante.

C'est à la fois un récit super héroïque avec de l'action, du suspense, des péripéties, mais c'est aussi, surtout l'histoire d'un homme qui adopte un gamin et qui apprend à être un père, un mentor pour lui, tout comme le gamin lui apprend à apprécier l'existence, leur collaboration, à s'ouvrir aux autres. Ce récit jubilatoire est aussi un récit sur le plaisir de partager l'existence aux côtés d'un fils, d'un ami, d'un partenaire.

Et puis les vilains de l'histoire sont impeccablement traités, l'intrigue réserve de nombreuses surprises, vraiment inattendues, imprévisibles. Le rythme est imparable. Je ne vois vraiment aucune raison valable pour ne pas aimer cette série qui parvient à vous combler tout en ne se contentant pas de vous servir du réchauffé.

Chris Samnee est mon dessinateur préféré (depuis la retraite d'Immonen) mais c'est parce qu'il est facile à apprécier. Lire des planches de Samnee, c'est facile : le bonhomme sait découper aussi bien des scènes d'action que d'autres plus calmes, reposant avant tout sur le dialogue. Ses personnages sont expressifs, chaque case est différente de la précédente, impossible de s'ennuyer.

On est captivé par la narration de Samnee qui semble obsédé par le besoin de maintenir le lecteur en alerte mais aussi, plus pragmatiquement, de lui proposer une belle bande dessinée. Il est un maître du chiaroscuro, ses ambiances sont intenses, même quand le ton se fait plus léger. Il sait comment sublimer un script en le rendant plus efficace et plus plaisant.

Et puis dessiner Batman était son dream project, et si ça ne suffit pas à garantir la réussite de l'entreprise, Samnee a su maîtriser son excitation pour réaliser des épisodes qui lui fassent plaisir tout en faisant plaisir au lecteur. On peut lire chaque épisode en se régalant du soin avec lequel il l'a dessiné, mais aussi lire toute l'histoire d'une traite et admirer la maîtrise avec laquelle il emballe l'affaire, sans que le niveau ne baisse.

La liste des félicitations ne serait pas complète sans une mention à Matheus Lopes, le coloriste, qui a accompli un merveilleux boulot, et Giovanna Niro, qui l'a remplacé sur un épisode sans décevoir.

Ce dénouement est parfaitement à la hauteur des attentes. Et même mieux puisqu'il donne l'envie que Waid et Samnee poursuivent vite leur collaboration. Ne passez pas à côté.

jeudi 30 octobre 2025

DANGER : DIABOLIK ! (Mario Bava, 1968)


L'inspecteur de police Ginko supervise le transport de 10 M $ depuis une banque. Pour empêcher le voleur Diabolik de mettre la main sur ce pactole, il a imaginé une ruse : un fourgon achemine non pas la somme mais du papier tandis que le véritable butin est véhiculé dans une Rolls Royce où l'inspecteur et ses hommes se trouvent. Pourtant, alors qu'ils passent par les docks, ils sont piégés par Diabolik qui les attire hors de la voiture pour mieux s'emparer de celle-ci. Il rejoint ensuite avec sa complice et amante Eva Kant sa base souterraine où ils font l'amour sur un lit recouvert de billets de banque.


Le ministre de l'intérieur donne une conférence de presse au sujet de cette opération mais Diabolik et Eva, se faisant passer pour des journalistes, le ridiculise en libérant un gaz hilarant. Ginko obtient alors carte blanche pour arrêter le voleur et commence par s'attaquer aux affaires de la pègre dirigée par Ralph Valmont. Ce dernier négocie sa tranquillité contre la promesse de lui livrer Diabolik. A ce moment-là, le voleur regarde un reportage sur le célèbre collier d'émeraudes Aksand et entreprend de le dérober pour l'offrir à Eva à l'occasion de son anniversaire.
  

Malgré le dispositif de sécurité mis en place par Ginko, qui espère que la publicité faite autour de ce bijou va attirer Diabolik dans un guêpier, le criminel réussit à s'emparer du collier et à s'enfuir une nouvelle fois. Mais, alors qu'elle effectuait des repérages pour ce braquage, Eva a été identifiée et elle est enlevée peu après par les hommes de Valmont, qui dispose alors d'un moyen de pression sur Diabolik. Celui-ci accepte de payer une rançon exorbitante et de restituer les émeraudes contre sa compagne...
 

C'est en lisant un article sur la réédition en 4K UHD de Danger : Diabolik ! que j'ai eu envie de découvrir ce film culte adapté du fumetti créé par les soeurs Angela et Luciana Giussani dans les années 60. Il est sorti un an après On ne vit que deux fois, le pire James Bond de l'ère Sean Connery, et c'est tout sauf un hasard...
  

Le producteur Dino de Laurentiis espère depuis un moment monter une franchise aussi rentable que les longs métrages tirés des romans de Ian Fleming et il jette son dévolu sur la bande dessinée des soeurs Giussani. Il veut en faire un divertissement familial alors que Diabolik avait maille à partir avec la censure.


Nous sommes alors en 1965 et de Laurentiis engage le réalisateur anglais Seth Holt pour diriger le projet en compagnie d'une horde de scénaristes (une véritable writer's room avant l'heure). Holt a des idées ambitieuses pour le casting : il veut Jean Sorel ou Alain Delon pour incarner Diabolik et Elsa Martinelli ou Virna Lisi pour jouer Eva Kant. Pour leur adversaire, il désire George Raft.


Mais de Laurentiis, bien qu'immensément riche, est une vrai pince et tous ces noms sont trop chers. Le projet piétine, et le producteur vire Holt et presque tous les scénaristes qui planchaient avec lui sur l'adaptation. A la place il fait appel à Mario Bava, réputé pour son respect des budgets et son formalisme inventif. Le cinéaste embarque avec lui de nouveaux auteurs.

Toutefois Bava va lui aussi se heurter à de Laurentiis car il envisage Diabolik comme une adaptation fidèle aux fumetti originel, un film noir, sexy, sans happy end (le criminel meurt à la fin). L'opposé de ce que souhaite le producteur qui veut lancer une franchise de plusieurs longs métrages pour un public familial.

Bava obtient gain de cause pour recruter John Phillip Law dans le rôle principal - et pour cause l'acteur vient de tourner dans Barbarella de Roger Vadim, produit par... De Laurentiis. Pour Eva Kant, il jette son dévolu sur Catherine Deneuve et lui fait passer des essais avec Law. Mais l'absence d'alchimie entre eux le navre et la française est éjectée. Bava pense alors à Marilu Tolo, avant de Laurentiis n'impose Marisa Mell.

Le budget est de 200 millions de lires, ce qui paraît énorme mais qui équivaut à 3 M d'Euros, ce qui est donc très modeste. Pourtant Bava n'en dépensera qu'un sixième et Laurentiis proposera au réalisateur de tourner une suite avec l'argent non dépensé. Sauf que le tournage et le montage vont très mal se passer, Bava et de Laurentiis achèvent la production fâchés.

Le résultat est pourtant loin d'être inintéressant. L'intrigue est conçue comme une succession d'épisodes dans une série de BD, avec plusieurs casses audacieux commis par Diabolik et les efforts de la pègre et de police pour le coincer, jusqu'à un final délirant. Ce n'est effectivement pas aussi sombre qu'espéré par Bava, mais comme film d'aventures, ce n'est pas si mal.

Là où ça pèche vraiment, c'est au sujet de la caractérisation. Dans les fumetti, Diabolik est un véritable criminel, violent, sadique, et qui inspirera des copies encore plus outrancières (comme Kriminal). Dans le film, il tue quelques flics, mais au fond ce n'est pas un mauvais bougre, il s'amuse même à libérer du gaz hilarant pour humilier le ministre de l'intérieur quand il annonce le rétablissement de la peine de mort pour dissuader d'éventuels admirateurs de Diabolik.

Ce dernier commet ses braquages essentiellement pour le défi que cela représente et pour faire plaisir à Eva Kant, qui paraît autant aimer son compagnon pour son charme que pour ce qu'il lui offre. Toute la dimension criminelle et violente de Diabolik a été supprimée pour ne pas choquer, comme dans les comics des soeurs Giussani qui avaient rendu leur anti-héros moins agressif pour ne pas être censuré.

C'est dommage, mais toutefois on obtient un divertissement plaisant, bien rythmé, et surtout formidablement filmé. Evidemment, les effets spéciaux provoquent des ricanements, ça a terriblement mal vieilli (peut-être encore plus mal que pour Barbarella), et les poses de Diabolik font penser à OSS 117 version Jean Dujardin, avec un maquillage qui plus est gratiné.

Mais Bava a un talent visuel indéniable et qui a inspiré beaucoup de ses successeurs (comme Dario Argento). Ses angles de vue privilégient plongées et contre-plongées agressives, les couleurs pètent, et la musique de Ennio Morricone participe aussi de ce look space age, avec des décors très design.

Pour cela, Danger : Diabolik ! surpasse, avec des bouts de ficelle, l'esthétique James Bond, pourtant plus généreusement financée, avec des fulgurances graphiques plus radicales, poussant l'art de la vignette psychédélique jusqu'à la limite de l'expérimental. Ici, tout est too much, plus sexuel, plus arty, plus pop, plus cuir, plus bizarre, et on peut rêver jusqu'où Bava aurait pu aller en ayant les mains libres.

Le casting est à l'image de ce génie foutraque. John Phillip Law et Marisa Mell ne sont pas ici dirigés comme des acteurs (lui affiche un registre limité, et elle sait à peine jouer), mais comme des icones. Ce qui importe, c'est la ressemblance, quasi fétichiste, avec les personnages de la BD, et c'est bluffant. Evidemment, avec Delon et Deneuve, ç'aurait été encore plus spectaculaire, mais c'est déjà bien.

La présence de Michel Piccoli en flic à la fois obsédé et admiratif (il admet que, lorsque Diabolik est retrouvé - apparemment - mort, il regrette qu'il n'ait pas eu droit à une fin plus glorieuse) suffit à rendre le film encore plus décalé. Tout comme le fait d'avoir Adolfo Celi (le méchant de Opération Tonnerre, un autre James Bond) dans la peau de Valmont.

Danger : Diabolik ! n'est donc pas complètement abouti, c'est un mix bancal entre le rêve de de Laurentiis (qui verra son projet de franchise tombé à l'eau puisque le film remboursera à peine son budget) et le cauchemar de Bava. Mais c'est une vraie pépite 60's, qui a d'ailleurs eu droit à une version plus récente (en 2022 et sa suite en 2023).

IMPERIAL #4 (of 4) (Jonathan Hickman / Iban Coello & Federico Vicentini)


Nova a découvert qui avait organisé l'assassinat des dirigeants galactiques et déclenché ainsi une guerre. Les Skrulls ayant infiltré les rangs des Kree ont été les jouets de cette manipulation. Les Shi'ar préfèrent se retirer du conflit tandis que Black Panther, Hulk et Brawl affrontent le Super-Skrull que Flèche Noire, leader des Inhumains, les aide à vaincre. Quelles seront les conséquences de cette bataille ?


Jonathan Hickman conclut son event cosmique avec un numéro à la pagination généreuse (près de 50 pages). Il est donc temps de dresser un bilan sur ce projet qui doit relancer les comics dans ce registre chez Marvel. L'éditeur reste d'ailleurs très mesuré sur le futur et encore plus quand il s'agit de nommer l'auteur qui dirigera cette collection.


De fait on ignore l'implication de Hickman après la fin de Imperial. La logique voudrait qu'il reste la tête pensante de ces récits galactiques, mais le scénariste ne communique pas à ce sujet. On sait qu'il occupe désormais une place un peu spéciale chez Marvel, lançant des "concepts" qu'il laisse à d'autres le soin de développer, trop mécontente que la franchise X-Men lui ait échappé.


Imperial semble avoir satisfait au niveau commercial Marvel, sans pour autant être un énorme carton, ce qui confirme que l'éditeur a toujours autant de mal à pérenniser ce pan de son univers (quand DC le fait avec facilité et succès). Peut-être que si une relance sérieuse des Gardiens de la Galaxie était à l'ordre du jour, les lecteurs s'investiraient davantage mais Imperial risque bien de compromettre cette idée.


En effet, sans trop spoiler, le dénouement de cette mini-saga (si on s'est contenté de lire la série centrale, sans les tie-in) impacte notamment mais conséquemment la position de Peter Quill/Star-Lord dont Hickman fait l'héritier direct de son père, J'Son, avec lequel il a pourtant toujours eu une relation difficile. En tout cas, on ne semble pas près de revoir Star-Lord à la tête d'une équipe de pirates de l'espace.


En vérité, Imperial, par certains aspects (pas tous cependant), fait l'effet d'un pétard mouillé. On nous promettait un changement de statu quo mais ce n'est qu'à moitié vrai. A l'issue de ces quatre épisodes, la mini-série modifie certes l'échiquier politique cosmique mais pas tant que ça. Et même le retour des Inhumains sur le devant de la scène ne remplit pas toutes ses promesses.

Certaines forces en présence retournent à une forme d'isolationnisme (les Shi'ar), d'autres reprennent leur rôle de moutons noirs (les Skrulls). L'Empire du Wakanda joue la montre. Nova se fâche durablement avec Star-Lord. Hulk retourne à Sakaar. Et les Kree et les Inhumains se préparent à des lendemains difficiles.

Ce qu'effectue ce dernier épisode d'Imperial, c'est plus de préparer le terrain à de nouvelles intrigues qu'à une résolution en bonne et due forme. C'est assez malin si Marvel compte sérieusement développer ce que Hickman a proposé. Par contre, je ne suis pas certain que ça suffise à convaincre un nombre important de lecteurs d'investir dans de prochaines mini-séries ou ongoing sur ces factions.

En effet, Hulk, Black Panther sont, à mon avis, trop identifiés comme des personnages dont les histoires sont liées à la Terre (et d'ailleurs, outre le fait que Black Panther n'a plus de série régulière, le titre Hulk est actuellement écrit par Philip Kennedy Johnson sans aucune mention à sa partie cosmique). Quant aux Shi'ar, aux Kree, aux Skrulls, et même aux Inhumains, ont-ils un public prêts à les lire ?

Si Hickman écrit une série Inhumans, ce serait un argument certain pour attirer des curieux, mais rien n'a été annoncé dans ce sens. Les Gardiens de la Galaxie sont aux abonnés absents depuis le bref run de Lanzing & Kelly (en 2023) et donc le nouveau rôle de Star-Lord compromet tout relaunch, alors que ce sont les personnages les plus populaires de la branche cosmique de Marvel. Quant à Nova, Marvel a toujours rêvé d'en faire son Green Lantern, mais sans placer une équipe créative digne de ce nom dessus.

Imperial donnait envie de croire à un projet solide et à long terme, mais au bout de ses quatre épisodes et de ses tie-in, rien de convaincant, rien d'accrocheur. Ce que Hickman peut développer sur Substack avec son grand projet 3Moons.3Worlds. où il invente, avec d'autres auteurs et d'autres artistes, tout un univers de S.-F., Marvel ne peut le lui permettre.

L'autre défaut d'Imperial, c'est sa partie graphique. Contrairement à House of X/Powers of X, ici pas de Pepe Larraz et RB Silva pour soutenir graphiquement le scénario, mais Iban Coello et Federico Vicentini. Coello a un dessin plus classique et lisible, mais sans éclat. Vicentini est trop brouillon mais a de l'énergie. L'un dans l'autre, ça demeure trop moyen pour susciter l'enthousiasme.

Si Imperial était une série régulière fédérant des personnages charismatiques et d'autres moins mais avec un sérieux potentiel, avec un auteur résolu à mener tout ça sur le long terme (avec des lecteurs nombreux au rendez-vous), je serai plus optimiste. Mais là, c'est à la fois trop pour quatre numéros introductifs et pas assez pour voir plus loin.

Reste que la rumeur d'un retour de Brian Michael Bendis circule et que les pronostics vont bon train sur ce qu'il pourrait faire (Daredevil ? Avengers ? Miles Morales ?). Et si c'était justement un projet cosmique sur les bases lancées par Imperial, lui qui avait fait des Gardiens de la Galaxie un carton, inspirant les films de James Gunn ? 

mercredi 29 octobre 2025

LES CHIENS DE PAILLE (Sam Peckinpah, 1971)


David Sumner, un jeune mathématicien américain, et son épouse, Amy, viennent s'installer dans la ferme qui appartenait au père de la jeune femme, dans les Cornouailles. Les hommes du coin prennent immédiatement en grippe cet étranger qui leur a pris une fille du coin et celle-ci retrouve d'ailleurs sur place Charlie Venner, dont elle fut autrefois la petite amie. L'oncle de Charlie, Tom Edden, est un patriarche alcoolique défiant sans cesse le major Scott, magistrat local. Pour réparer la toiture d'une grange qui servira de garage, David embauche Charlie et ses amis, Scutt, Riddaway, Cawsey et Bobby.


La ferme se situe hors du village de Wakely, un endroit isolé que David veut mettre à profit pour ses études sur les structures stellaires, mais qui va exacerber les tensions dans son couple. Amy lui reprohe, à raison, son attitude condescendante, et pour attirer son attention, elle le provoque en aguichant les ouvriers. Mais lorsque David trouve leur chat pendu dans une penderie, Amy, horrifiée, accuse ces mêmes ouvriers et exige de David qu'il les confonde.


Mais intimidé par ces hommes, il n'en fait rien et accepte même leur invitation à une partie de chasse. En l'éloignant de sa ferme, Charlie en profite pour retourner, seul, voir Amy. Il l'étreint et elle s'abandonne dans ses bras. Puis Scutt, assistant à la scène, viole Amy. Lorsque David rentre chez lui, elle ne lui dit rien mais, échaudé par le fait d'avoir été abandonné par les ouvriers, il a pris la décision de les renvoyer en arguant du fait qu'ils ne travaillent pas assez vite...


Là, on s'attaque à un sacré morceau, le genre de film qui ne plaît pas à tout le monde - et qui, d'ailleurs, semble avoir été pour cela. Contextualisons. Sam Peckinpah et la Warner se sont séparés, et pas en bons termes, après des différends sur le montage de La Horde Sauvage et l'échec commercial d'Un Nommé Cable Hogue.


Peckinpah voit lui passer sous le nez deux gros projets, Jeremiah Johnson (qui reviendra à Sydney Pollack) et Délivrance (au profit de John Boorman). Son alcoolisme n'arrange rien. Mais il doit se refaire et part donc en Angleterre pour son nouveau projet, adapté d'un roman de Gordon Williams, écrit avec David Zelag Goodman, dont, de son propre aveu, il ne garde presque rien.


Peckinpah pense, pour le rôle principal masculin, à Beau Bridges, Stacy Keach, Donald Sutherland, Jack Nicholson et, plus étonnant, Sidney Poitier. Pour le rôle féminin principal, il envisage Jacqueline Bisset, Judy Geeson, Diana Rigg, Helen Mirren, Carol White, Charlotte Rampling, Hayley Mills. Finalement, il choisit une inconnue, Susan George, puis Dustin Hoffman manifeste son intérêt.


Il tourne sur les lieux de l'action mais Peckinpah profite du pub local entre deux prises de vue et retombe dans ses excès. Pour ne rien arranger, Dustin Hoffman réécrit ses dialogues et ne s'entend pas avec Susan George, au prétexte que son personnage n'aurait jamais épousé une "lolita" comme elle. Goodman, présent sur le plateau, assiste, navré, au spectacle.

Lors de sa sortie, le film est vivement critiqué pour la scène du viol de Amy que beaucoup comparent à de la pornographie, accusant Peckinpah de complaisance. Quant au final, dans la ferme prise d'assaut par des ivrognes assoiffés de sang, elle renvoie à La Horde Sauvage, mais sans que grand-monde ne lui trouve la même qualité.

Straw Dogs (en vo) n'est effectivement pas un film plaisant à regarder. Mais cela veut-il dire que ce n'est pas un bon film, voire un grand film ? Certes, ce que nous raconte et nous montre Peckinpah est dérangeant, perturbant, gênant, choquant. Mais il ne le fait pas pour provoquer gratuitement. Il le fait avec une intention précise et tout à fait louable.

Contrairement à ce qui a souvent été dit au sujet de Les Chiens de Paille (en vf), ce n'est pas tant un film sur la violence que sur la peur. David, le "héros", n'est pas tant un pacifiste qu'un homme qui a peur. Il a peur des hommes de la région, qui ne l'apprécient pas et le lui montrent avec plaisir, mais surtout il a peur de lui-même. Peur de ce qu'il pourrait devenir au contact de ces hommes.

Cette peur le conduit à tous les mauvais choix possibles : plutôt que de réfléchir à son attitude, comme sa femme lui reproche de ne pas le faire, il la traite comme une gamine, et en retour elle le provoque en attisant le désir des hommes, comme si elle espérait que David réagirait. On verra qu'elle aussi se trompe complètement en faisant cela et elle en paiera le prix de façon très cruelle.

Ensuite David, au lieu de confronter les hommes que sa femme accuse d'avoir tué leur chat, essaie de s'en faire des amis et les suit pour une partie de chasse. Non seulement il le laisse poireauter dans la lande pour se moquer de lui encore davantage, mais donc deux d'entre eux en profitent pour abuser sexuellement de Amy.

Cette fameuse scène de viol a suscité une énorme controverse. Est-ce que le film aurait pu s'en passer ? Je ne le pense pas. Aurait-elle pu être traitée autrement ? Si vous voulez vraiment mon avis, je ne pense pas qu'il y a une bonne façon de filmer un viol. C'est sale, c'est ignoble, c'est abject, quelle que soit la manière. Peckinpah ne prend pas de gants et créé le malaise. Pas parce qu'il ne prend pas de gants, mais tout simplement parce qu'un viol est naturellement malaisant.

A ce moment-là, Peckinpah nous confronte à notre statut de spectateur. Nous assistons à un viol et nous sommes dérangés, mais nous le regardons quand même, parce que nous savons qu'il s'agit d'une scène importante pour le film, pour l'histoire qu'il raconte. Nous sommes perturbés, non par le traitement de la scène, mais par ce à quoi nous assistons. Et nous ne pouvons pas fuir - ou alors si nous fuyons, nous ne voyons pas ce qu'engendre cette scène par la suite.

Mais c'est aussi perturbant, car ce n'est pas un mais deux viols qui se succèdent. Le premier est très gênant car Charlie force Amy, avant que Amy, à la fois résignée et frustrée sexuellement, s'abandonne dans les bras d'un homme qui la force mais dont elle s'est aussi servi pour provoquer David. Et ce qui commence comme un viol sans ambiguïté se termine comme une étreinte équivoque.

Et puis il y a le second viol, qui celui-ci ne souffre d'aucune ambiguïté, quand Scutt prend Amy et que Charlie tient Amy. Deux viols coup sur coup, c'est certainement trop pour beaucoup de spectateurs, c'est deux de trop de toute façon. Mais ça montre aussi que Amy devient complètement une victime et que ce changement de statut explique son comportement par la suite.

Dans le troisième et dernier acte du film, dans des circonstances que je ne vais pas spoiler ici, David et Amy emmènent chez eux Henry Niles, un simple d'esprit que beaucoup dans le village préféreraient voir interné car il est accusé de comportements déplacés envers les jeunes filles, et on craint qu'il ne dérape aux dépens de Janice, une adolescente aguicheuse.

Henry va commettre l'irréparable de manière accidentelle puis être renversé tout de suite après, également accidentellement, par la voiture de David. Lui et Amy décident donc de le transporter à leur ferme d'où ils appelleront un médecin. Mais des villageois (au nombre desquels le père de Janice, Charlie, Scutt) apprennent où il est et font le siège de la ferme.

Amy supplie David qu'il leur livre Henry car sinon ils s'en prendront à eux aussi (et à elle une nouvelle fois, même si David ne le sait pas). David refuse, il ne veut pas assister à un lynchage programmé et ne veut pas que cette maison en soit le théâtre. La tension monte, jusqu'à l'explosion de violence attendue. Et David décide d'affronter cette bande d'ivrognes assoiffés de sang.

Le film opère une boucle narrative : cette peur qui paralyse David tout du long, il doit la surmonter pour sa propre survie (et celle d'Amy). Mais au risque de devenir une bête aussi féroce que celles qui assiègent sa maison. C'est ça, le vrai thème de Straw Dogs, qui est une expression tirée d'un verset du Tao Tö King de Lao Tseu : "Rudes sont le ciel et la terre qui traitent chiens de paille la multitude d'êtres. Rude est le sage qui traite le peuple en chien de paille."

L'homme peut devenir violent sous l'influence de l'alcool, de la drogue, de la colère. Mais la pire des violences s'exprime en réaction à la peur. La violence supplante la peur, libère non pas le courage mais les plus bas instincts, la plus viscérale des brutalité. Et c'est ce dont David fait l'expérience. Il combat des monstres en en devenant un à son tour.

Amy aussi devient monstrueuse, qui préfère livrer Henry à la meute. Mais on lui attribue des circonstances atténuantes car des membres de cette meute l'ont violée, et elle a peur, elle, de revivre ce cauchemar (ce qui manque de peu de se produire d'ailleurs). Et en fin de compte, la lâcheté qu'elle reprochait à David devient la sienne.

Les Chiens de Paille n'est pas facile, simple, manichéen. C'est un film âpre, dur, inconfortable, qui renvoie tous les personnages à leur part la plus sombre. Et in fine à la perte de tous repères - le dernier dialogue du film, entre David et Henry voient d'ailleurs les deux hommes se dire qu'ils ne savent plus où ils habitent. Et plus transgressif encore, David ignore qu'il a fait tout ce qu'il a fait pour quelqu'un qui a commis également un acte ignoble et non pour un innocent comme il le pense.

Dustin Hoffman a donc été difficile à diriger (mais quel metteur en scène n'a pas connu de difficultés avec lui ?). Mais la puissance du cinéma de Peckinpah est aussi de tirer profit de cela pour que le film en profite. Pour Hoffman, le défi était de camper un type ordinaire et pas forcément aimable : c'est réussi. 

Susan George, quoi qu'en ait pensé et dit Hoffman, est extraordinaire dans le film. Elle est à la fois sexy et fragile, agressive et vulnérable, mais par-dessus tout elle joue d'une manière tellement naturelle, tellement peu affectée, que cela tranche avec la composition de Hoffman. Amy n'est pas une jeune femme sans relief, et on est captivé par elle pour cela.

David Warner incarne Henry, et cet habitué de Peckinpah (déjà là dans Un Nommé Cable Hogue et ensuite dans Croix de Fer en 1977) est vraiment un second rôle fabuleux.

Comme je le disais, c'est un sacré morceau. Mais, même si ce n'est pas un film qu'on revoit avec plaisir, il rappelle le génie de Peckinpah. Un génie malade, mais au style traversé de fulgurances, à la production incomparable.

lundi 27 octobre 2025

UN NOMME CABLE HOGUE (Sam Peckinpah, 1970)


1905. Cable Hogue, un prospecteur, est abandonné en plein désert par ses deux partenaires, Taggart et Bowen, qui lui volent son eau et son âne. Voué à une mort certaine, il erre dans la plaine pendant trois jours lorsqu'il est confronté à une tempête de sable. Après avoir demandé à Dieu de le sauver, il se résigne à périr. Jusqu'à ce qu'il voit de la boue sur une de ses bottes et se mette à creuser le sol, découvrant une source d'eau. Le Seigneur l'a entendu !


Cable s'aperçoit que cette source est à mi-chemin entre deux villes et la diligence passe par là. Il décide de s'installer dans ce coin perdu et de faire commerce de cette eau. Son premier client est Joshua Duncan Sloane, un prédicateur fondateur de sa propre église, qui le prévient qu'il doit se précipiter à Dead Dog pour faire enregistrer sa propriété. Sur place, il fait face aux moqueries de ceux à qui il parle de sa découverte mais un banquier accepte néanmoins de lui prêter 35 $ pour acheter les deux arpents de terre environnant la source et se construire un abri.


Pour fêter ça, Cable s'offre un moment avec Hildy, la prostituée du saloon de Dead Dog, avant d'abréger cette partie de plaisir pour aller borner sa propriété. Mais il revient le soir même avec Joshua qui, lui, offre du réconfort à une jeune demoiselle en pleurs parce qu'elle vient d'apprendre la mort de son frère et que son mari est absent. Cable fait baptiser par Joshua sa demeure du nom de Cable Springs avant que le prédicateur ne reprenne la route... Et que Hildy ne le rejoigne provisoirement car elle projette de gagner San Francisco pour y épouser l'homme le plus riche qu'elle y trouvera...


Sam Peckinpah débute le tournage de The Ballad of Cable Hogue (en vo) alors que la post-production de son précédent film, le célébrissime La Horde Sauvage, n'est pas encore terminé. Ses relations avec la Warner sont déjà tendues car le studio a peur que son western très violent soit censuré et ne puisse être vu par un public assez conséquent (traduisez : ne rapporte pas assez d'argent).


Par ailleurs Peckinpah a ce problème récurrent avec l'alcool et son comportement sur les plateaux lui vaut la réputation d'être devenu ingérable. Néanmoins il veut profiter du crédit qu'il lui reste pour se lancer dans une nouvelle aventure, complètement à contre-courant de ce qu'on attend de lui, avec cette histoire écrite par John Crawford et Edmund Penney.


Mais les éléments, au sens propre, vont, comme c'est le cas pour son héros au début de son histoire, se liguer contre lui. Le Nevada, d'habitude aride, connaît des précipitations records en ce début d'année 1969 et contrarie les plans de tournage. Peckinpah sait que le budget de 880 000 $ ne sera pas suffisant vu les retards qui s'accumulent déjà. En effet, l'addition s'élèvera à plus de 3 M $ à la fin !


Noyant sa frustration dans la bouteille, Peckinpah met les nerfs de son équipe à rude épreuve. Au total, il aura viré une trentaine de techniciens durant les prises de vue. Ainsi délesté, et lorsque les conditions climatiques reviennent à la normale et que le réalisateur est à peu près sobre, le film se poursuit plus paisiblement.

Cela ne l'empêchera pas d'être un échec commercial cuisant. Et Peckinpah, pressenti pour diriger Jeremiah Johnson puis Délivrance, sera évincé de ces projets. Pour se refaire la cerise, il enchaînera avec Les Chiens de Paille, retour à un cinéma plus violent, et plus conforme à ce qu'on attend de lui. Mais Peckinpah dira que Un Nommé Cable Hogue (en vf) est son film préféré.

D'ailleurs, il deviendra un film culte, sa réputation de pépite oubliée grandissant au cours des années. Qu'en est-il exactement ? D'abord, on peut dire que, contrairement à beaucoup de ses longs métrages, celui-ci n'a pas été mutilé par ses producteurs, qui mis à part l'argent qu'il leur a coutés ne semblaient pas intéressés par ce qu'il racontait.

On parle de Nouveau Western pour désigner ...Cable Hogue et en cela il rejoint Monte Walsh dont je parlais hier. Ce qui signifie qu'ici le récit se détache du folklore du western : pas ou peu de fusillade, d'indien, de bon ou de méchant, mais plutôt une étude de caractères, une réflexion sur la fin de l'Ouest sauvage, de l'époque de la frontière.

L'apparition des premiers véhicules motorisés signe le changement d'ère : bientôt c'en sera fait des diligences, des voyages à cheval, des relais en eau potable comme celui que bâtit Cable Hogue. Les villes deviendront des métropoles et c'est d'ailleurs le projet d'y vivre qui motive le personnage de Hildy (qui espère y trouver un homme riche à épouser).

Cable Hogue, contrairement à Monte Walsh, ne se montre pas très nostalgique : il comprend et admet que son existence va être bouleversée et il souhaite partir rejoindre Hildy dans une des ces villes modernes. Il a fait sa petite fortune dans le désert, mais ne regrettera pas ce décor hostile où il a failli mourir avant d'être miraculeusement sauvé par la découverte de sa source.

Le troisième personnage de ce drôle de conte est le révérend Joshua Sloane. Il est vite entendu qu'il s'agit d'un escroc, revendiquant être le prédicateur de sa propre église ("du voyageur errant"), mais jamais on ne le voit avec un Bible à la main. Il préfère que ses dix doigts se promènent sur le corps de femmes esseulées à qui il fait ainsi croire qu'il partage leur désarroi tout en les pelotant.

Ce trio incarne des symboles du far west : l'aventurier, la prostituée, le prêcheur. Sauf que le scénario déjoue ce qu'on pense savoir d'eux : Cable Hogue rumine longtemps sa vengeance avant de l'abandonner quand il a l'occasion de la prendre ; Hildy tombe amoureuse de Cable parce qu'il la traite simplement avec respect ; et Sloane cherche surtout à convertir sexuellement ses ouailles féminines.

Peckinpah aligne ainsi les saynètes et sa réalisation et le montage n'hésitent pas à dérouter le spectateur. Il utilise par exemple le split-screen pour montrer plus rapidement comment Cable Hogue construit son relais, puis accélère le débit des images à plusieurs reprises pour souligner l'aspect vaudevillesque de certains moments (quand la diligence arrive alors qu'il fait prendre un bain à Hildy en plein air ou que Sloane fuit un mari jaloux et se cache chez Hogue).

Le film baigne dans une sorte d'euphorie savoureuse, d'humour truculent, ponctués de méditations sur la nature de l'amour et la fin d'une époque. Peckinpah dévoile un aspect inattendu, celui d'un hédoniste qui vit à l'écart du monde civilisé non par misanthropie mais parce qu'ainsi il se préserve du vacarme du monde. Cable Hogue est cet homme qui n'est jamais plus heureux qu'avec Hildy, seuls au monde ou recevant la visite d'amis.

Jason Robards a souvent été comparé à Humphrey Bogart pour son physique et sa manière de jouer laid-back, il fait de ce personnage une figure singulière, totalement atypique, un marginal authentique et philosophe. Stella Stevens, Miss Janvier 1960 dans "Playboy", était une actrice très fine, qui n'a pas beaucoup apprécié les manières rudes de son réalisateur, mais qui illumine le film. Quant à David Warner, il campe un irrésistible preacher concupiscent.

Je m'en voudrai de ne pas mentionner la superbe bande originale composée par Jerry Goldsmith, avec notamment une chanson interprétée par Robards et Stevens.

Un Nommé Cable Hogue mérite bien son statut à part dans l'oeuvre de Sam Peckinpah, véritable oasis dans une filmographie malmenée aussi bien par son tempérament incontrôlable que par ses producteurs castrateurs.

dimanche 26 octobre 2025

MONTE WALSH (William A. Fraker, 1970)


Deux cowboys, Monte Walsh et son ami Chet Rollins, ont passé l'hiver dans les montagnes à chasser l'ours et le loup pour en ramener les fourrures et les vendre en ville. Mais ils apprennent que le tanneur qui devait les acheter a fermé boutique. Carl Brennan, propriétaire d'un ranch, leur offre de devenir contremaîtres. Les temps ont changé : désormais des financiers de l'Est rachètent les propriétés pour en les unifier afin d'être plus rentables et régulent le marché de la vente du bétail. Les barbelés et le chemin de fer réduisent drastiquement la main d'oeuvre pour convoyer les bêtes.
 

Le quotidien des cowboys est rythmé par des mois de travail dans les grands espaces et quelques visites en ville pour se détendre. Monte y retrouve Martine Bernard, qu'il surnomme la Comtesse, une prostituée qui ne lui a jamais fait payer ses faveurs mais qui va partir s'installer ailleurs car elle vieillit et que ses clients se font rare. Comme Monte, elle doit penser à se reconvertir et songe à ouvrir un saloon. De son côté, Chet est amoureux de Mary Eagle, la veuve du quincailler, et lui aussi pense à se ranger, constatant que le métier est en voie de disparition.


Brennan doit se séparer de deux de ses employés et il licencie à regret Shorty Austin, son dresseur de broncos. Celui-ci ne va pas tarder à faire parler de lui pour des braquages, ce qui lui vaut d'être traqué par un shérif qu'il tue. Chet épouse Mary et devient quincailler. Monte rejoint Martine dans le saloon qu'elle tient désormais et lui propose de se marier, mais pas avant un an ou deux, le temps qu'il économise en continuant à travailler pour Brennan. Elle accepte, bien qu'elle se sait atteinte de la tuberculose et que son temps semble compté...


En 1968 sort Il était une fois dans l'Ouest, dont Sergio Leone jure que ce sera son dernier western puisqu'il veut s'atteler à son grand projet, Il était une fois en Amérique. On sait qu'il reviendra sur sa promesse pour réaliser Il était une fois la révolution (après les abandons de Peter Bogdanovich et de Sam Peckinpah) et son dernier opus ne sera concrétisé qu'en 1984.
 

Pour beaucoup d'amoureux du western, et du western classique en particulier, Leone a alors enterré le genre. Le western spaghetti règne en maître et va connaître encore un grand succès pendant une partie des 70's, sans égaler les oeuvres des maîtres du genre (Leone et Corbucci). C'est effectivement le crépuscule du western classique, qui ne reviendra ensuite que sporadiquement (Josey Wales hors-la-loiSilverado, Danse avec les loups...).
 

Mais le western classique avait une dernière cartouche dans le barillet de son colt et il s'agit de Monte Walsh, une oeuvre un peu méconnue aujourd'hui mais qu'il faut absolument avoir vu si on aime les histoires de cowboys et aussi si on veut apprécier la manière avec laquelle un cinéaste américain salue le genre, avec lucidité, humour et mélancolie.


William A. Fraker signait là son premier film, une réussite épatante pour un débutant. Sauf que Fraker n'était pas un débutant : il était directeur de la photo, notamment un an auparavant sur La Kermesse de l'Ouest (mais aussi sur d'autres films comme Rosemary's Baby ou Bullitt, excusez du peu). Et il n'était pas très heureux de cette expérience, jugeant le film mauvais, l'occasion gâchée.

Aussi quand on lui offre de passer derrière la caméra pour diriger son propre long métrage, il ne se fait pas prier, d'autant qu'on lui soumet un scénario en or, écrit par David Zelag Goodman et Lukas Heller, d'après le roman de Jack Schaefer. L'histoire lui parle, l'inspire et il va en faire un très grand et très beau film (même si l'American Film Institute ne le classera même pas dans son top 10 des meilleurs westerns).

Monte Walsh est d'abord une réflexion sur la frontière, comme on désignait alors les territoires hostiles dans lesquels cowboys, aventuriers ou outlaws chevauchaient pour la chasse, l'exploration ou la fuite. Toute l'histoire de l'Ouest est celle de la frontière, pour découvrir ces grands espaces, parfois s'y perdre ou s'y réinventer.

Le personnage titulaire est un cowboy qui revient de plusieurs mois de chasse à l'ours et au loup avec son meilleur ami, Chet Rollins. De retour à la civilisation, ils apprennent que le tanneur à qui ils comptaient vendre leurs peaux de bêtes a fermé boutique. Mais le propriétaire d'un ranch leur offre de travailler pour lui.

La situation est en train de changer : désormais les ranchs sont rachetés par des financiers de l'Est pour devenir de grandes structures d'élevage de bétail, limitées par des barbelés dans la prairie, et ensuite convoyé par chemin de fer. Bientôt les éleveurs doivent se séparer de cowboys pour continuer à gagner de l'argent, avant sans doute de vendre leurs terres et d'aller habiter en ville.

Pour un temps, Monte et Chet surveillent donc des chevaux et des boeufs. Mais Chet sait que la roue a tourné, il réfléchit à se caser, en épousant la veuve du quincailler, et conseille à son ami de réfléchir au futur. Pourquoi ne demanderait-il pas la main de la Comtesse, une prostituée française qui ne l'a jamais fait payer, qu'il aime et qui l'aime ?

Le déclic se produira par un élément périphérique : le renvoi d'un dresseur de broncos qui devient un braqueur de banques et tue le shérif à ses trousses. Sans le savoir, cela va impacter les existences de Monte et Chet, mais aussi de Mary (la veuve) et de Martine. L'âpreté du far west va se rappeler au souvenir de Monte dans une traque tragique.

Le film décrit d'abord avec un mélange efficace d'action et d'humour la camaraderie des cowboys, leur nostalgie aussi du temps où ils galopaient dans les grands espaces, trouvaient du boulot partout où ils allaient. Ce sont les derniers feux de cette époque qu'ils essaient de faire durer jusqu'à ce que leur patron les congédie et qu'ils doivent se réinventer.

Chet est le symbole de la sagesse dans cette histoire : il a compris qu'il fallait changer, s'adapter ou mourir à petit feu. Monte hésite encore, non par entêtement mais parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Un forain lui proposera, après l'avoir vu dompter un pur-sang, de se produire dans un numéro dans de grandes villes, mais il décline, ne supportant pas à l'avance de vivre loin des plaines.

Lorsqu'il songe à épouser Martine, il y croit sûrement, mais diffère, le temps de faire quelques économies certes, mais aussi pour goûter jusqu'au bout à cette liberté qu'il a si longtemps appréciée. Il en nourrira des regrets, d'avoir reporté sine die ce projet de former un couple, de fonder un foyer, mais il lui restera la frontière, toujours repoussée elle aussi, irrésistible amante.

Dans sa dernière partie, le film devient à la fois plus classique, sacrifiant aux figures imposées du genre, mais aussi plus sombre, plus fataliste. Monte voir disparaître non seulement sa vie d'avant, mais aussi des êtres chers, et il risque la sienne en poursuivant Shorty, aux abois. Peut-être désire-t-il en finir lors de leur inévitable duel ? Ou tester du moins sa volonté de vivre, de survivre ?

William Fraker conduit son récit de main de maître, on ne croirait jamais qu'il s'agit d'un premier film. D'habitude, l'exercice sert à un néo-cinéaste à parler de choses qui lui tiennent personnellement à coeur, plutôt qu'à servir un genre. Mais en définitive, ici, tout semble se confondre, comme si Fraker, en évoquant la fin des cowboys, du far west, du western, parlait aussi de lui, de sa conception du métier. Il ne réalisera que trois films, mais restera actif comme cinematographer jusqu'en 2002.

Monte Walsh éblouit aussi par le traitement des personnages, qui sont d'une magnifique humanité. Leurs relations sont normales, réalistes, elles ne se vautrent jamais dans les clichés, même quand il s'agit de croquer le portrait de vieux cowboys, d'une prostituée, d'un bandit. Tous ces gens-là paraissent avoir vraiment existé, ou en tout cas sont crédibles, avec leurs qualités, leurs défauts.

La mise en scène est aussi exemplaire : qu'il s'agisse de saisir l'immensité de l'Ouest ou de capter les émotions, Fraker fait preuve d'un brio fabuleux. On sent qu'il a bien retenu la leçon des meilleurs cinéastes avec lesquels il a travaillés et qu'il sait diriger ses acteurs comme composer des images. Le film est simplement beau, mais sobrement beau, sans fioritures.

A cette occasion il a pu filmer Lee Marvin, déjà présent dans La Kermesse de l'Ouest, et il lui donne un de ses meilleurs rôles. Marvin, c'est évidemment une gueule, une dégaine, du charisme, mais beaucoup de réalisateurs s'en sont contenté, alors que c'était un homme très cultivé, au jeu très nuancé. Et là, Fraker met ces qualités en évidence, soulignant les nuances de son interprétation.

Jack Palance est une autre de ces gueules fameuses du cinéma américain, souvent cantonné aux rôles de méchants (il inspirera Phil Defer à Morris dans Lucky Luke à cause de cela). Mais ici, il campe simplement un honnête homme, humble, chaleureux, amical, qui contrebalance parfaitement Marvin avec lequel il affiche une superbe complicité.

Jeanne Moreau dans un western, ça peut paraître incongru (sauf pour ceux qui ont vu Viva Maria ! de Louis Malle, 1965), mais elle compose un second rôle magnifique, celui de Martine Bernard, cette prostituée vieillissante mais encore très belle, qui, quelque part, lui ressemble, car comme elle, c'était une grande amoureuse. Son couple avec Marvin est bouleversant.

On retiendra aussi la présence de Jim Davis dans le rôle de Brennan (Davis deviendra mondialement connu en incarnant Jock Ewing dans la série Dallas) et Mitchell Ryan dans celui de Shorty.

Enfin, Monte Walsh bénéficie d'une musique somptueuse de John Barry. Le thème principal vous reste en tête longtemps après la projection, c'est une merveille.

C'est vraiment un des plus beaux westerns qui soient. Et au-delà, un des plus beaux films tout court.