Après son passage catastrophique à la télé anglaise, Dazzler est vilipendée sur les réseaux sociaux et de nombreuses dates de sa tournée sont annulées. Domino fait la liste des super-vilains qui pourraient vouloir la saboter ainsi. Lila Cheney, pour lui remonter le moral, l'entraîne dans une virée à Tokyo...
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à propos de cette mini-série, le travail qu'accomplit le scénariste Jason Loo est aussi ingrat qu'épatant : il n'a que quatre épisodes pour raconter une histoire sur une héroïne négligée, mais il s'en tire mieux que bien. Et la raison de cette réussite tient peut-être au fait qu'il a choisi un parti-pris ingénieux.
En effet, après la période Krakoa, tous les mutants sont dispersés et cette situation interroge : pourquoi ceux qui avaient fondé une nation souveraine n'ont-ils pas décidé de rester unis, de se serrer les coudes, et préféré s'éparpiller ? En ce qui concerne Dazzler, c'est parce qu'elle a entrepris d'utiliser sa carrière de chanteuse pop pour diffuser un message d'union entre humains et mutants.
Ce faisant, Loo insiste davantage en réalité sur Alsion Blaire, Neena Thurman, Gudo Carossella, Jamie Maddrox, Sofia Mantega, Lara dos Santos et donc Lila Cheney que sur Dazzler, Domino, Big Guy, l'Homme Multiple, Wind Dancer, Shark Girl. Autrement dit, il a souhaité s'adresser à la part la plus humaine, celle à quelle on s'identifie naturellement qu'aux héros mutants.
Et ce parti-pris est gagnant : avant d'être une affaire de mutants, sa mini-série est une affaire d'artistes et de staff aux prises avec des problèmes que pourraient rencontrer une pop star et son équipe. La partie mutante du récit est en quelque sorte surtout là pour épicer la narration et non la cannibaliser.
Ce troisième et pénultième épisode le prouve brillamment car il appuie davantage encore sur les conséquences de précédent chapitre où Alison a été manipulée par un télépathe et a exposé son public au danger de son pouvoir sans contrôle. Le retour de bâton est cinglant : la voilà conspuée sur les réseaux sociaux, lâchée par les promoteurs de sa tournée, et, pour ne rien arranger, avec une liste de suspects longue comme le bras.
Comme il faut quand même inclure une dose d'action dans l'histoire, Jason Loo met en scène la virée de Alison avec Lila Cheney, qui est aussi musicienne et mutante (avec le pouvoir de se téléporter), à Tokyo. Bien entendu, ce qui promettait d'être un congé mérité va tourner à la foire d'empoigne quand le terrible Arcade les localise et tente de les tuer, sans se soucier d'éventuelles victimes innocentes parmi les civils...
L'issue du numéro est savoureuse puisque désormais Dazzler et son band n'ont nulle part pour se produire... Sauf dans le seul endroit où l'audience n'a rien à craindre : à Madripoor ! On a quand même très envie de savoir si cela suffira à relancer le spectacle de la chanteuse et si l'identité de celui ou celle qui lui nuit depuis le début sera à la hauteur des attentes.
Tout comme son scénariste, Rafael Loureiro est plus soucieux de raconter en images une histoire avec humilité mais solidité que d'épater la galerie. Cette façon de faire aboutit au sentiment que la mini-série n'est peut-être pas très flamboyante, mais qu'elle ne connaît pas de baisse de régime au niveau visuel. Les personnages sont bien campées, les décors soignés, les scènes d'action bien menées tout comme les moments de calmes bien sentis.
Et au fond, on apprécie Dazzler pour cela : la qualité est constante et mériterait plus d'épisodes. De la part de Marvel, c'est bien joué puisque c'est quand même le but que de donner envie au lecteur d'en demander davantage, mais aussi parce que, pour une fois, l'éditeur a résisté à sa manie de balancer sans filet un jeune artiste directement sur une grosse série sans qu'il ait les reins assez solides. Loureiro, comme Loo d'ailleurs, peuvent s'exercer avant, peut-être, d'être promus sur quelque chose de plus ambitieux.
Même si, donc, je regrette déjà que ça s'arrête dans quelque semaines : j'aurai vraiment bien aimé suivre les aventures d'Alison Blaire et sa bande un peu plus longtemps, tout bonnement parce que ça fonctionnait bien.
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