dimanche 29 décembre 2024

SUPERMAN #21 (Joshua Williamson / Dan Mora)


Superman et Superwoman s'offrent une pause romantique. Mais les affaires récentes les rattrapent : Clark est hanté par les propos du Time Trapper et l'immortalité qu'ils pourraient partager. Cependant, à Metropolis, Jimmy Olsen et Siobhan McDougal d'un côté, Lex Luthor et Mercy Graves de l'autre partagent aussi un moment de réconfort...


Vous connaissez la formule : "méfiez-vous de l'eau qui dort" ? Hé bien, cet épisode en est la parfaite illustration. Joshua Williamson déjoue les attentes du lecteur après deux épisodes consécutifs bourrés d'action pour laisser souffler ses principaux personnages... Juste avant que le ciel ne leur tombe sur la tête.


Je vais sans doute me répéter mais j'aime beaucoup la manière dont Williamson écrit Superman, la série comme le personnage. Tant et si bien que je pense que le mois prochain, je prendrai le temps de revenir sur son run avant l'arc en cours. Mais avant cela, ce que j'apprécie, c'est qu'il n'est pas intimidé par le personnage, il a su se l'approprier et nous le rendre à nouveau abordable.


La plupart des auteurs considère Superman comme une icone, ce qu'il est, mais il y a souvent, à cause de ça, quelque chose de gauche dans la manière dont il l'écrive, comme s'il ne savait pas par quel bout le prendre. Williamson, lui, semble le considérer comme un héros comme les autres et du coup, son écriture nous permet d'appréhender le kryptonien de la même manière.


Par exemple, j'étais perplexe avec cette idée de donner des pouvoirs à Lois Lane. Chez Marvel, ils ont fait la même chose avec Mary Jane Watson qui a désormais une double identité en ayant endossé le rôle de Jackpot (avec des capacités débiles et affublée d'un costume atroce). Williamson a emprunté sa Superwoman au All-Star Superman de Grant Morrison dans lequel Lois recevait les pouvoirs de Superman pendant 24 h. et estimait ainsi ce que ça faisait.

Ici, l'état semble être là pour durer plus longtemps. Récemment, un one-shot (Superwoman Special, également écrit par Williamson et dessiné en majeure partie par Edwin Galmon, que je n'ai pas critiqué, faute de motivation) revenait sur l'obtention des pouvoirs de Lois : le scénariste va exploiter ça dans un futur arc, quand on apprend à quel personnage elle les doit (et que celui-ci s'est fait déposséder).

Mais en vérité au lieu d'être un gadget ou un artifice, cette idée permet de souligner non pas la surpuissance de Superman mais bien son humanité, et insuffle une dynamique différente au couple Clark-Lois. Désormais, non seulement comme dans All-Star Superman, Lois comprend ce que c'est d'être Superman mais elle partage son quotidien super-héroïque.

Dans les deux précédents épisodes, Superman a été confronté au Time Trapper qui s'est avéré être une version de Doomsday réclamant son aide pour accéder à un statut divin. S'il refuse, ses proches mourront. Tout cela a conduit Superman à réfléchir à sa propre hypothétique immortalité, mais aussi, encore, au risque de voir ses proches mourir. 

Lois voudrait le soutenir sans savoir comment : c'est la limite de sa nouvelle situation - elle est Superwoman, mais ça ne veut pas dire qu'elle est Superman. Qu'elle apprécie pleinement les doutes, les réflexions de ce dernier. Il lui manque l'essentiel : l'expérience de vivre ainsi. Elle peut le soutenir dans ses batailles (ici lors d'un conflit sur le Gemworld d'Amethyst par exemple), mais pas le soulager d'un dilemme comme celui du Time Trapper.

Pour ne pas plomber l'ambiance tout en conservant son intensité, Williamson ponctue le récit par trois interludes : le premier, muet, montre Jimmy Olsen et Siobhan McDougal (alias Silver Banshee) devant la télé, regardant ce qui semble être une film d'horreur qui impressionne plus Jimmy que sa copine ; et le troisième met en scène Lex Luthor qui apporte un café à Mercy Graves sans cacher qu'il souhaite devenir plus que son ancien patron.

Entre les deux, on a droit à une scène dans les locaux de SuperCorp où des scientifiques s'interrogent sur les rêves que peut faire Doomsday, retenu dans un caisson. Dan Mora prouve qu'il est très capable de dessiner tout un épisode sans grande scène d'action (même si la bataille sur le Gemworld reste spectaculaire, mais brève).

L'artiste doit faire fonctionner des muscles qu'on ne lui demande pas souvent de solliciter, comme l'expressivité des personnages et la valeur des plans. Et il y arrive très bien. Bon, ce n'est pas Kevin Maguire ou Stuart Immonen, on sent bien qu'il préfère cadrer des choses avec plus de punch que de découper des "gaufriers" ou des talking heads. Mais n'empêche, c'est un registre qu'il aurait tort de ne pas exercer plus souvent.

Tout cela se conclut par l'arrivée de nouveaux protagonistes qui redistribuent les cartes pour la fin de l'arc en cours. De quoi justement offrir à Mora (dont la prestation sur le titre s'arrête - définitivement ? - au #23) l'occasion d'en mettre plein la vue et d'opposer les Super à une adversité importante mais aussi à un sérieux cas de conscience.

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