jeudi 12 décembre 2024

ULTIMATE UNIVERSE : ONE YEAR IN #1 (of 1) (Deniz Camp & Chris Condon / Jonas Scharf & Alessandro Capuccio)

Depuis un an, le Créateur est enfermé dans une boucle temporelle dans le dôme qui lui servait de repaire. Le Conseil du Créateur, qui rassemble les maîtres du monde qu'il a remodelé, traite les affaires internationales en son absence et jusqu'à sa libération dans douze mois. Pour cela, il s'appuie sur les compétences du H.A.N.D. et de son chef, Nick Fury...
 

Avant que le Créateur ne soit piégé, il avait confié aux Rasputin, les leaders en Eurasie, la mission de créer un super soldat capable de venir à bout de tout surhumain qu'il n'aurait pu empêcher de naître. Des expériences menées sur un mutant du nom de Logan aboutissent au Soldat de l'Hiver...
 

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le mentionner, dans l'univers Ultimate tel que l'a relancé Jonathan Hickman durant la mini-série inaugurale Ultimate Invasion, le temps s'écoule normalement. Dès lors, quand chaque mois paraît un épisode d'une série, trente jours s'écoulent aussi dans la vie des personnages. Et cela fait maintenant douze mois que cela dure, depuis le n° 1 d'Ultimate Spider-Man.
 

On sait aussi qu'à la fin de Ultimate Invasion le Créateur (alias la version Ultimate de Reed Richards, devenu un super vilain ayant tué dans l'oeuf l'émergence d'une majorité de super-héros sur la Terre 6160) a été piégé dans sa forteresse où le temps s'écoule, là, plus lentement, mais dont il sortira libre au bout de deux ans. Nous sommes donc à mi-chemin.


Contrairement à ce qu'on pouvait attendre ou espérer, ce n'est pourtant pas Jonathan Hickman qui se charge d'écrire ce one-shot Ultimate Universe : One Year In, mais Deniz Camp (le scénariste de la série The Ultimates) et Chris Condon (futur auteur de la série Ultimate Wolverine). Le propos se concentre en revanche sur le Conseil du Créateur, l'assemblée composée par les alliés de ce dernier qui domine la Terre 6160.

Alors, je ne vais pas faire durer le suspense et vous dire tout de suite que c'est une énorme déception. Tout ce qu'on lit dans ce numéro d'une quarantaine de pages ne fait absolument rien avancer - ça ne sert à rien et vous pourrez vous en passer facilement le moment venu. C'est un coup pour rien, une arnaque, qui ne sert en vérité que dans ses dernières pages à présenter, très succinctement, l'origine du Ultimate Wolverine.

Avant cela, on a droit à une réunion dans un héliporteur du H.A.N.D. (pour Heroic Anomaly Neutralization Directorate, soit l'équivalent du SHIELD ici) entre les membres du Conseil du Créateur et Nick Fury (le Nick Fury de ce monde qui, comble de l'ironie, a l'apparence du Nick Fury original de la Terre 616, celui que Marvel a cru bon de remplacer par Nick Fury Jr. pour coller au Nick Fury du MCU incarné par Samuel L. Jackson - vous suivez ?).

Premier gros problème : Deniz Camp choisit très rapidement d'informer, via une voix-off super-lourdingue et quelques indications tout aussi peu subtiles visuellement, que Fury va en fait tendre un piège au Conseil pour tuer tous ses membres. Bonjour le suspense. Evidemment, il y a un loup et vous devinerez tout seul, tout de suite, que ça ne va pas se passer comme prévu.

Deuxième gros problème : Fury détaille toute la propagande qu'il a été chargé de mettre en place pour discréditer, diffamer, les super héros qui sont quand même apparus entre temps (du moins les Ultimates - Black Panther est à peine mentionné, et Spider-Man pas du tout !) ainsi que les actions qu'il a entreprises pour éliminer des soutiens à ces héros. Les membres du Conseil s'ennuient à mourir en l'entendant réciter son laïus. Et, franchement, nous aussi.

Parce que voilà le troisième et dernier problème, mais pas des moindres : Camp alterne le discours de Fury avec des monologues introspectifs du personnage sur sa carrière de soldat et d'espion, comment il a fini par épouser la cause du Créateur, commis les pires saloperies pour lui, et quand même en être dégoûté. Au point aujourd'hui de profiter qu'il soit absent pour buter ses copains du Conseil.

Et alors là, tout, mais vraiment tout sonne faux. Si encore Camp avait eu le cran de faire de ce Fury une vraie pourriture tout en conservant son plan de tuer les membres du Conseil pour, mettons, rester le seul interlocuteur du Créateur ou carrément remplacer le Créateur comme maître de la Terre 6160, ça aurait eu un minimum de saveur. Au lieu de ça, on a juste un pauvre type qui a été dégueulasse et qui veut se suicider en liquidant les ordures pour qui il a servis.

C'est vous dire qi on se fiche comme d'une guigne de ce qui va lui arriver. Et d'ailleurs, la fin de ce segment en se voulant ironique ne fait que souligner l'absurdité du procédé. Deniz Camp a abattu toutes ses cartes d'un coup et révélé à quel point tout cela était une mise en scène affligeante : bon courage pour raccrocher les wagons quand le Créateur reviendra et qu'il faudra à nouveau rendre Fury intéressant.

Mais c'est à l'image de la série The Ultimates écrite par Camp et dont j'ai survolé quelques épisodes, prêtés par un ami : au bout de sept épisodes parus, à part introduire les membres de l'équipe menée par Iron Lad (Tony Stark) et Doom (le Reed Richards de la Terre 6160, qui a été asservi par le Créateur avant de le trahir), c'est d'une pauvreté narrative ahurissante. Non seulement, rien d'original n'a été pensé pour ces nouveaux Ultimates (où on trouve Giant-Man, la Guêpe, Hawkeye -mais attention, un Hawkeye améridien - , America Chavez), mais leurs pseudo-aventures sont d'un ennui total (et mal dessinés par Juan Frigeri).

Chris Condon a droit à trois ou quatre pages à la fin donc pour introduire le Soldat de l'Hiver, qui n'est autre que l'Ultimate Wolverine, créé par les russes à la demande du Créateur, pour zigouiller n'importe quel super héros qui aurait quand même vu le jour. Honnêtement, il ne pouvait pas caser ces pages dans le premier épisode de la série ?

Visuellement, c'est un peu mieux, mais bon, ça ne renverse pas la table non plus. Jonas Scharf illustre donc l'histoire principale avec Fury : c'est assez efficace mais tout de même très pataud. Tous les mecs ont la même gueule, avec un nez de boxeur écrasé, des expressions limitées, et un découpage très sommaire. C'est brut, et Scharf a encore besoin de travailler pour arriver à sortir des pages un peu plus ouvragées que ça.

Alessandro Cappuccio fait équipe avec Condon pour les pages sur Wolverine, et c'est logique puisque c'est lui qui dessinera la série à venir, raison pour laquelle Marvel a jugé bon de l'enlever de la série Moon Knight : Fist of Khonshu a bout de deux épisodes. Bon, c'est sûr que, comme n'importe quoi qui porte le nom de Wolverine, ça va jeter un gros de projo sur cet excellent artiste, donc tant mieux pour lui.

On sort de cette lecture avec le sentiment de s'être bien fait enfler quand même. Mais si on est lucide, l'univers Ultimate, après un an d'existence, laisse un sentiment de trop peu. Ultimate Spider-Man avance très lentement : c'est une série sympa par moment, mais très décompressée, loin de ce qu'un scénariste de sa trempe nous a habitués à produire. Black Panther ne m'attire toujours pas. Les X-Men version Peach Momoko semblent totalement déconnectés du reste. Et The Ultimates est vraiment en dessous de tout. Alors, ce premier anniversaire, complètement à la ramasse, n'incite pas à l'indulgence.

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